Quatre jours, où vont se succéder féerie, magie, dextérité et génie. Quatre jours entre parenthèses, où le temps s'arrête et où les fashionatas courent d'un point à l'autre de la capitale pour apercevoir les élégantes qui ont accès au saint des saints. Et pour les plus chanceuses, quatre jours de bonheur et d'éblouissement, 4 jours intenses faits de podiums, de bandes sons, de make up et de folles toilettes.
Mais chanceuses nous le sommes toutes, car le fait que la haute couture continue d'exister tient du miracle : lourdes charges financières, coût de la main-d'oeuvre, savoir-faire qui se perd, pression des grands groupes… Bref si nous pouvons encore admirer la couture à la française c'est grâce à la volonté et à la passion des amoureux de la coupe et de la femme. Et parmi ceux-là, on compte les stylistes des traditionnelles maisons de haute couture : John Galliano, Karl Lagerfeld, Christian Lacroix, Jean Paul Gaultier… Mais la semaine de la haute couture accueille également des « jeunes talents » qui en dépit de moyens plus restreints que leurs modèles parviennent à proposer des collections qui n'ont rien à envier aux plus grands du milieu. La haute couture grâce à eux ne cesse de renaître et d'être plus actuelle que jamais. Le petit nouveau du show haute couture de juillet 2007 est le styliste Udo Edling. Pour la première fois invité à défiler lors de cette semaine de prestige, le couturier a néanmoins déjà fait ses preuves dans le monde de la mode. Petit fils et fils de tailleur, c'est un passionné du détail, de la coupe et de la matière. Il a travaillé avec Claude Montana avant de lancer sa marque éponyme en 1996. C'est le public japonais qui va adopter en premier son vestiaire urbain minimaliste.
Les points forts d'Udo Edling ? Les détails : il est le dépositaire de cette fameuse pince omoplate qui a valu un procès à Prada pour plagiat… Et le traitement de la matière : il utilise les tissus japonais les plus pointus et les taille à la française. Esthétique et modernité sont ainsi parfaitement liées. C'est lui qui clôturera la semaine des défilés, le jeudi 5 juillet. C'est Anne Valérie Hash qui ouvrira le bal, en présentant sa collection la première le 2 juillet 2007 au 36 boulevard Bonne Nouvelle. Cette créatrice atypique a su en quelques années devenir indispensable à l'univers de la couture. Son travail qui au début intriguait plus que séduisait remporte aujourd'hui tous les suffrages. Anne Valérie Hash qui a su s'entourer des meilleurs modélistes japonais, ne jure que par la technique. Elle saute allégrement la case « croquis » et modèle ses vêtements à même sa muse qui à l'époque n'avait que 12 ans. Ce qui permettait à la créatrice de détourner des pièces du vestiaire masculin et de les réinterpréter sur une enfant. Ce qui conférait aux créations de la styliste une impression de « trop grand » et en même temps une grâce incroyable. Les modélistes transposaient ensuite le résultat obtenu en taille adulte. Le style Anne Valerie Hash est désormais moins androgyne que par le passé, son travail s'est parsemé de plumetis, de dentelles, le tout toujours détourné avec talent.
Au cours des 23 défilés ou performances, la haute couture revêtira différents costumes. Chez Martin Margiela on s'attend à du conceptuel intello, et même si on est prévenues on sait d'ores et déjà qu'on sera surprises, déroutées et admiratives…
Pour le show de la griffe déjantée et imprévisible « On aura tout vu », on ne peut qu'imaginer les choses les plus folles, les plus baroques et on sera encore bien loin de la réalité. Avec F.Oliveira Baptista, on a hâte de découvrir ses constructions textiles, un brin sportswear matinées de Courrèges et d'onirisme. Eymeric François est capable du meilleur comme du pire, alors suspens…
On espère enfin que Claude Millet pour la maison Carven saura comme à son habitude insuffler à ses tailleurs l'élégance et le chic unique de la parisienne, qu'Adeline André nous surprendra, que Christophe Josse sublimera ses toilettes très couture, et que tous les autres nous feront rêver ! Attendons-nous également à un feu d'artifice Dioresque… Car si la collection précédente était somptueuse, celle-ci risque d'être une apothéose. Anniversaire oblige. Il y aura bien sur les incontournables, les piliers qui font de cette semaine, un temps de luxe et de beauté jamais égalé jusqu'à présent : Armani, Elie Saab, Givenchy, Frank Sorbier… Il faut désormais patienter jusqu'au 2 juillet pour voir nos rêves se réaliser et Paris se transformer, le temps d'un battement de cil, en une ruche hautement stylée…
Par Lise Huret, le 15 juin 2007
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