Miuccia Prada aime lancer des passerelles entre le monde de l'art et celui de la mode. Ses dernières collections prouvent à quel point la styliste désire abolir la frontière entre les deux univers. Entre graphismes mangas, concepts futuristes et dentelles de néoprène, ses collections ressemblent parfois davantage au vernissage d'une expo avant-gardiste qu'à un défilé de mode. Du coup, la nature du petit dernier des sacs Prada ne nous étonne pas plus que ça…
Après la collaboration Marc Jacobs/Richard Prince qui a pourvu la maison Louis Vuitton d'une nouvelle version du Monogramme, c'est désormais au tour de Miuccia Prada de s'unir artistiquement au plasticien Ted Noten. Ce dernier est connu pour ses détournements d'objets et ses surprenantes inclusions en résine. Il aime ainsi emprisonner dans la matière translucide des objets prêtant à controverse.
C'est ainsi que mégots de cigarettes, steaks, pics à glaces et autres revolvers se retrouvent immortalisés et figés dans le temps. Ensuite, selon l'humeur de l'artiste, ils deviennent bijoux, sacs ou sculptures, voire un peu des trois en même temps…
En janvier dernier, le concept store Colette avait accueilli le travail du designer allemand dans sa boutique du 213 rue Saint Honoré, amorçant ainsi l'arrivée de l'artiste au sein de la sphère branchée. Quelques semaines plus tard, c'est donc Miuccia Prada qui offre à Noten une vitrine internationale, en lui permettant de mixer ses obsessions au design maison.
Depuis 2004, l'artiste avait commencé une série de sacs insolites, qu'il nomma "Lady K bags". Ces derniers révélaient leur contenu au grand jour : pistolet, chapelet, nuisette… autant d'objets pouvant refléter la nature cachée des femmes. Celui qu'il a imaginé pour Prada joue ostensiblement avec la polémique autour du port d'arme, mais aussi avec l'élégance hitchcockienne et le glamour version Basic Instinct.
En édition limitée, hors de prix et encore moins pratique que les dernières pochettes à la mode, ce sac mérite cependant notre attention. En effet, si la mode servait un peu plus souvent le propos des artistes - et si les "it" bags se faisaient plus provocants - peut-être alors que les saisons seraient plus enthousiasmantes…
J'adore, non seulement le sac, mais plus largement quand la mode crie haut et fort son inspiration et ses liens avec l'art. Ou comment j'applaudis quand l'art se porte au bras ...