L'Amérique est-elle à ce point schizophrénique pour accréditer la violence en prime time de Jack Bauer (héros de la série "24"), tout en clouant au pilori dans le même temps un spot publicitaire où l'on aperçoit le sein d'Eva Mendès ? Il faut dire que les USA semblent chatouilleux sur le sujet : on se souvient ainsi du "Nipplegate" provoqué par l'apparition malencontreuse d'un sein de Janet Jackson lors du Superbowl 2004…
Alors lorsque la séduisante Eva Mendès apparaît très sensuelle dans un mini clip d'à peine 30 secondes, où sa nudité - artistiquement mise en valeur - est loin de la vulgarité ambiante, les prudes censeurs de l'audiovisuelle Yankee s'érigent en défenseurs de la morale. Il est vrai que ce n'est pas sur les chaînes US (comme par exemple MTV) que l'on voit se déverser moult émissions racoleuses potentiellement choquantes pour la jeune génération…
Cependant, l'Amérique n'est plus à un contresens près : quand elle ne déclenche pas la guerre une main posée sur la Bible, la patrie du hamburger tombe en adoration devant des actrices hollywoodiennes toujours plus minces... Calvin Klein vient donc d'en faire les frais, ce qui met en rage le directeur artistique de la campagne, Fabien Baron, qui a tout d'abord cru à une mauvaise farce…
Pourtant, cette polémique n'effraie pas outre mesure Tom Murray, président de Calvin Klein, qui a commandé une version plus light du spot pour la télé US, mais qui se frotte les mains du buzz généré par la plastique impudique d'Eva Mendès. Par ailleurs, on peut se demander si le spot n'est pas volontairement propice à controverse, connaissant le penchant de Calvin Klein pour les campagnes de publicité suggestives…
On se rappelle de la fameuse campagne Calvin Klein jeans "Il n'y a rien entre mon Calvin et moi" avec Brooke Shields dans les années 80, qui avait fait couler beaucoup d'encre. Plus récemment, ce sont les photos de la campagne 2006 pour les sous-vêtements CK (où l'on voyait Natalia Vodianova dans des poses suggestives) qui avaient soulevé l'indignation des chrétiens conservateurs…
Loin de faire fléchir les ventes, ce genre de publicité gratuite booste les résultats du groupe Calvin Klein. Ainsi, même si Tom Murray n'avait pas prévu la censure, il espérait néanmoins que son clip n'échapperait pas aux défenseurs de la morale bien pensante made in US. Pari réussi : le lancement du parfum n'aurait pu bénéficier d'une meilleure visibilité. À l'ère de Youtube et autres Dailymotion, la censure génère bien plus le désir que la réprobation...
À vous de juger du caractère choquant de cette vidéo :
Par Lise Huret, le 05 août 2008
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'sont fous ces ricains.