
Amanda Harlech, "Lady" depuis son mariage avec l'aristocrate anglais Francis Ormsby-Gore, fait partie de cette catégorie de femmes dont l'énumération des qualités, aussi bien physiques qu'intellectuelles, pourrait couvrir plusieurs feuillets...
Gracieuse à l'extrême (elle pratiqua assidûment la danse classique durant sa jeunesse), elle est pourvue de cette élégance innée qui lui permet de porter n'importe quel vêtement avec aisance et allure. Mais elle est également une personne érudite, intelligente, charmante et charismatique, se montrant à l'aise aussi bien dans une paire de Louboutins que dans ses bottes d'équitation...

Originaire de Londres, Amanda y passe son enfance dans un foyer chaleureux et au train de vie élevé (son père est un avocat renommé). C'est en admirant les toilettes de bal de sa mère - une femme dotée d'une beauté exceptionnelle - que la petite fille tombe amoureuse de la magie émanant des vêtements. Comme la plupart les fillettes, Amanda se rêve alors danseuse étoile. Redoutant que la pratique de la danse classique ne lui fasse adopter une mauvaise posture (celle des "pieds en dehors"), ses parents préfèrent cependant l'orienter vers l'équitation...
Le conte de fées prend fin pour Amanda à sa onzième année, lorsque ses parents décident de se séparer. Elle quitte alors le milieu huppé de Regent Street et ses voisins illustres (Jonathan Miller, George Melly, Alan Bennett, etc...) ou en phase de le devenir (Jasper Conran, dont elle s'est fait un ami). Cela n'empêche pourtant pas Amanda d'être une enfant qui excelle en tout : elle se montre particulièrement douée pour le piano, la peinture et les arts dramatiques.

Commence alors pour la jeune femme une période passionnante où elle rencontre des jeunes photographes prometteurs (tels que Mario Testino) et collabore avec les designers du moment. Malgré cela, Amanda Harlech a du mal à s'adapter à l'aspect parfois trop commercial du magazine ; elle rêve de pouvoir diffuser plus de poésie, de magie et de folie au travers de ses séries mode.
C'est pourquoi, lorsqu'elle rencontre un certain étudiant de la Saint Martins School partageant sa vision de la mode (John Galliano), elle n'hésite pas à démissionner et à se mettre à son service. Elle l'aide alors à finaliser sa collection de fin d'année... Ainsi débute une étroite collaboration sur fond d'amitié. Si Galliano n'a pas les moyens de rémunérer Amanda, celle-ci ne s'en soucie guère, son mari pourvoyant aux besoins de la famille.

Au même moment, Karl Lagerfeld fait savoir à celle-ci qu'elle est la bienvenue chez lui. Lady Harlech se retrouve alors devant un choix cornélien : suivre son ami - avec qui elle vient de passer 12 années très épanouissantes - gracieusement ou rentrer dans le sérail de Chanel, avec à la clef un cachet conséquent. Nécessité faisant loi, la jeune femme tranche et rejoint l'équipe de Karl Lagerfeld. À la grande déception de John Galliano, qui considère sa décision comme une trahison...
Tout d'abord méfiant à son égard, le staff de la rue Cambon finit par l'adopter lorsqu'il réalise qu'elle ne prendra la place de personne. Elle enchante ainsi rapidement l'entourage de Karl, apportant une touche british à la maison Chanel (elle n'hésite d'ailleurs pas à rappeler que Gabrielle Chanel herself était très liée à l'Angleterre). Entre son quotidien parisien et sa vie plus rustique de l'autre côté de la Manche, la belle trouve également le temps d'écrire un roman, Visions And A Decision, que Lagerfeld se propose de publier...

Niveau dress code, si elle ne juge pas nécessaire de suivre les tendances au pied de la lettre, elle considère important le fait de savoir modifier sa manière de porter telle ou telle pièce en fonction de l'air du temps, afin de conserver son style sans pour autant apparaître déconnecté du présent.
Inspiratrice des débuts de John Galliano, éminence grise du clan Lagerfeld... Quelle sera la prochaine étape du destin romanesque de cette "muse", au sens moderne du terme ?
Par Lise Huret, le 04 janvier 2010
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