Lorsqu'à la fin de son défilé, les journalistes - autant sous le choc que sous le charme - se pressèrent pour l'interroger, Marc Jacobs parla aussi bien de "manifestation anti-moderne" que de "conservatisme". Il faut dire que celui-ci a une fois de plus frappé là où l'on ne l'attendait pas. Alors que l'on connaît son inclination pour la superposition des vêtements, des codes et des influences ainsi que sa tendance à transformer chacun de ses défilés en haut lieu de la hypitude, le créateur a cette fois-ci choisi de miser sur un retour au calme dénué de superlatifs.
Cela dit, Marc Jacobs a beau avoir envie de simplicité, il n'en fait pas pour autant les choses à moitié. Ainsi, lorsqu'il décide d'en finir - tout du moins pour l'instant - avec l'esbroufe entourant les fashion weeks, il ne se contente pas d'alléger le make up de ses modèles ou de radier les épaulettes de son podium : il décide ni plus ni moins de partir en croisade contre toutes les formes de distractions...
Il supprime ainsi la plupart des têtes d'affiche de son casting, met en avant des mannequins peu connues et n'hésite pas à faire appel à des jeunes femmes castées quelques jours plus tôt dans les rues de New York. Il réduit également le décor de son show au strict minimum et troque son kilt pour un costume des plus classiques, de manière à focaliser l'attention non pas sur une quelconque fantaisie artificielle, mais bien sur les vêtements eux-mêmes. Ces derniers n'eurent d'ailleurs besoin d'aucune mise en bouche grandiose pour apparaître en parfaite adéquation avec l'inconscient fashion...
Dévoilant des tenues classiques, racées et composées de pièces parfaitement taillées, les mannequins défilèrent sagement sur une reprise d'"Over the Rainbow". Cachemire et flanelle, pea coats, jupes midi, complets-vestons et pull-overs de bibliothécaire furent ainsi mis à l'honneur, formant tour à tour des silhouettes 30's, 40's ou 70's. L'essentiel est alors de jouer avec la notion de conservatisme, sans pour autant se focaliser sur une décennie en particulier.
Néanmoins, à y regarder de plus près, on retrouve bien dans cette collection aux allures de plaidoyer anti-bling-bling l'humour et l'irrévérence intrinsèque au style Marc Jacobs. Par le biais d'un trench transparent irisé, d'une toilette recouverte de paillettes, d'une robe du soir réchauffée d'un maxi pull-over, d'un gilet oversize bordé de fourrure opulente ou de l'exagération subtile de tel ou tel volume, Marc Jacobs insuffle ainsi à sa collection force et fraîcheur.
En proposant un vestiaire luxueusement simple, hautement portable et totalement aux prises avec la réalité, Marc Jacobs se place certainement une nouvelle fois à l'avant-garde des tendances...
Par Lise Huret, le 16 février 2010
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