Alors que de Missoni à La Perla en passant par Calvin Klein, nombreuses sont les griffes à s'être lancées sur le marché du maillot de bain, Eres reste envers et contre tous La référence en matière de costumes de plage. Il faut dire que la maison a su conserver au fil des années le dynamisme et la créativité qui ont fait son succès depuis 1968.
L'aventure Eres commence il y a plus de quarante ans, lorsqu'une jeune diplômée de la Sorbonne, Irène Leroux, décide de reprendre la boutique familiale, qui vend alors des maillots de bain de manière saisonnière. En totale osmose avec les aspirations de liberté marquant la fin des années 60, Irène sent qu'il est temps de bouleverser l'ordre établi régentant l'industrie du maillot de bain...
Après avoir observé sur une plage une jeune femme joliment moulée dans un maillot apparemment tricoté main, puis remarqué que la jet-set brésilienne venait acheter ses bikinis à Paris au mois de septembre (au Brésil, la saison chaude commence en octobre), Irène est convaincue de deux choses : désormais, il lui faut concevoir des maillots de bain épousant les courbes de manière naturelle (en jetant aux orties baleines, guêtres et autres matières inconfortables), mais aussi se mettre à vendre des maillots toute l'année.
Ce qui semble évident de nos jours passe à l'époque pour une hérésie : les grandes maisons ont beau proposer des collections croisière depuis 1920, voir dans les vitrines d'Irène Leroux des maillots de bain en plein mois de décembre en choque plus d'un.
Cependant, c'est bel et bien une visionnaire qui s'est installée sur la place de la Madeleine. Basées sur le confort, le maintien et la douceur (le tout en utilisant l'Hélanca, ancêtre du Lycra), ses créations séduisent quasi instantanément des Parisiennes qui passent de plus en plus fréquemment l'hiver au soleil.
Par ailleurs, fan d'architecture et fervente admiratrice de Ieoh Ming Pei (concepteur de la pyramide du Louvre), Irène parvient à appliquer les préceptes de cette discipline à ses maillots, en manipulant la matière de manière à en tirer les plus grandes performances. Disposant le tissu dans un sens puis dans l'autre, bloquant ici l'élasticité par un biais bien placé, les maillots de bain d'Irène Leroux flattent la morphologie de chacune.
En 1971, après avoir retiré armatures et gaines, l'offre de chez Eres se fait encore plus avant-garde en offrant aux clientes la possibilité de dépareiller leur bikini. On peut alors faire un 42 et un petit 85A, et trouver malgré tout un maillot de bain nous seyant parfaitement...
Une telle qualité - on dit que les maillots Eres sont les seuls à ne pas s'user à plat ventre sur un bodyboard - alliée à des imprimés novateurs et à des coupes à la fois casual et subtilement élégantes ne pouvait laisser indifférents ni les grands magasins, ni la presse.
C'est ainsi que dès 1969, Eres - dont le nom ne vient pas de la mythologie grecque, mais des initiales du propriétaire de la boutique : RS - se voit distribué à l'international chez Barneys et Bergdorf Goodman. De leur côté, les magazines ELLE et Marie Claire la plébiscitent ouvertement, et ce sans que celle-ci n'ait eu à investir le moindre centime dans la publicité ; le bouche à oreille avait suffi à construire sa réputation.
Toujours guidée par l'envie d'être à la pointe et d'offrir ce qui se fait de mieux à sa clientèle, Irène Leroux met au point avec ses ingénieurs des matières toujours plus performantes. Eres propose alors en exclusivité la maille "peau douce", sorte de lycra haut de gamme ultra résistant ressemblant à s'y méprendre au crêpe de soie, puis la "toile de parachute", qui sèche en un temps record. Sans parler des nombreuses innovations sur un plan purement stylistique, qui font chavirer le coeur des clientes...
En 1980, un maillot de bain une-pièce boutonné dans le dos défraye ainsi la chronique. En 1986, c'est au tour de l'imprimé iris jaune sur fond gris - créé pour l'occasion par un peintre - de déchainer les passions, tandis qu'en 2001, les femmes tombent amoureuses des finitions crantées au laser.
Possédant toutes les caractéristiques de la griffe de luxe pérenne, Eres attire l'oeil de Chanel qui décide de la racheter en 1996. Irène Leroux reste néanmoins aux commandes et en profite pour développer l'offre de la maison en lançant une ligne de lingerie. Respectant les notions chères à la créatrice (à savoir confort, épure et subtilité), celle-ci rencontre rapidement un joli succès.
Par ailleurs, l'entrée dans le giron Chanel permet à l'ex-petite PME de prendre son envol et d'ouvrir de nouvelles boutiques en France, mais aussi aux États-Unis et au Japon.
Après plusieurs décennies passées à concevoir des maillots à l'ADN presque parfait, Irène Leroux cède la place en 2007 à une jeune styliste : Valérie Delafosse. Depuis, cette ancienne de chez Thierry Mugler, Dior, Cacharel et Princesse Tam-Tam ce cesse d'emmener Eres vers toujours plus de modernité. Ainsi, si les lignes des maillots de bain de la marque restent à l'abri des tendances périssables, Valerie Delafosse inscrit Eres dans l'air du temps en élaborant une collection homewear ultra cosy et en choisissant Lara Stone comme égérie...
Site officiel : https://www.eresparis.com/
Par Lise Huret, le 19 avril 2010
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