
L'aventure Eres commence il y a plus de quarante ans, lorsqu'une jeune diplômée de la Sorbonne, Irène Leroux, décide de reprendre la boutique familiale, qui vend alors des maillots de bain de manière saisonnière. En totale osmose avec les aspirations de liberté marquant la fin des années 60, Irène sent qu'il est temps de bouleverser l'ordre établi régentant l'industrie du maillot de bain...
Après avoir observé sur une plage une jeune femme joliment moulée dans un maillot apparemment tricoté main, puis remarqué que la jet-set brésilienne venait acheter ses bikinis à Paris au mois de septembre (au Brésil, la saison chaude commence en octobre), Irène est convaincue de deux choses : désormais, il lui faut concevoir des maillots de bain épousant les courbes de manière naturelle (en jetant aux orties baleines, guêtres et autres matières inconfortables), mais aussi se mettre à vendre des maillots toute l'année.

Cependant, c'est bel et bien une visionnaire qui s'est installée sur la place de la Madeleine. Basées sur le confort, le maintien et la douceur (le tout en utilisant l'Hélanca, ancêtre du Lycra), ses créations séduisent quasi instantanément des Parisiennes qui passent de plus en plus fréquemment l'hiver au soleil.
Par ailleurs, fan d'architecture et fervente admiratrice de Ieoh Ming Pei (concepteur de la pyramide du Louvre), Irène parvient à appliquer les préceptes de cette discipline à ses maillots, en manipulant la matière de manière à en tirer les plus grandes performances. Disposant le tissu dans un sens puis dans l'autre, bloquant ici l'élasticité par un biais bien placé, les maillots de bain d'Irène Leroux flattent la morphologie de chacune.
En 1971, après avoir retiré armatures et gaines, l'offre de chez Eres se fait encore plus avant-garde en offrant aux clientes la possibilité de dépareiller leur bikini. On peut alors faire un 42 et un petit 85A, et trouver malgré tout un maillot de bain nous seyant parfaitement...

C'est ainsi que dès 1969, Eres - dont le nom ne vient pas de la mythologie grecque, mais des initiales du propriétaire de la boutique : RS - se voit distribué à l'international chez Barneys et Bergdorf Goodman. De leur côté, les magazines ELLE et Marie Claire la plébiscitent ouvertement, et ce sans que celle-ci n'ait eu à investir le moindre centime dans la publicité ; le bouche à oreille avait suffi à construire sa réputation.
Toujours guidée par l'envie d'être à la pointe et d'offrir ce qui se fait de mieux à sa clientèle, Irène Leroux met au point avec ses ingénieurs des matières toujours plus performantes. Eres propose alors en exclusivité la maille "peau douce", sorte de lycra haut de gamme ultra résistant ressemblant à s'y méprendre au crêpe de soie, puis la "toile de parachute", qui sèche en un temps record. Sans parler des nombreuses innovations sur un plan purement stylistique, qui font chavirer le coeur des clientes...
En 1980, un maillot de bain une-pièce boutonné dans le dos défraye ainsi la chronique. En 1986, c'est au tour de l'imprimé iris jaune sur fond gris - créé pour l'occasion par un peintre - de déchainer les passions, tandis qu'en 2001, les femmes tombent amoureuses des finitions crantées au laser.

Par ailleurs, l'entrée dans le giron Chanel permet à l'ex-petite PME de prendre son envol et d'ouvrir de nouvelles boutiques en France, mais aussi aux États-Unis et au Japon.
Après plusieurs décennies passées à concevoir des maillots à l'ADN presque parfait, Irène Leroux cède la place en 2007 à une jeune styliste : Valérie Delafosse. Depuis, cette ancienne de chez Thierry Mugler, Dior, Cacharel et Princesse Tam-Tam ce cesse d'emmener Eres vers toujours plus de modernité. Ainsi, si les lignes des maillots de bain de la marque restent à l'abri des tendances périssables, Valerie Delafosse inscrit Eres dans l'air du temps en élaborant une collection homewear ultra cosy et en choisissant Lara Stone comme égérie...
Site officiel : https://www.eresparis.com/
Par Lise Huret, le 19 avril 2010
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