I. Silhouettes
Confusion des genres
De Léa T à Andrej Pejic, la mode ne semble jamais avoir eu autant envie de célébrer l'ambiguïté sexuelle. Nombreux sont en effet les créateurs a avoir pimenté leur collection de looks androgynes à la saveur tour à tour décalée, chic ou preppy.
Chez Céline, Phoebe Philo revisite le smoking d'homme dans une teinte ultra girly, composant ainsi un ADN mixte où les chromosomes X et Y se retrouvent à égalité parfaite. Ceux-ci confèrent alors à la silhouette une délicieuse aura, célébrant avec finesse et fantaisie l'éternel thème du masculin/féminin.
Chez Dolce & Gabbana, le mélange des genres va également bon train. En associant slims disco et vestes 3/4 à la Al Capone, Domenico et Stefano nous livrent en effet une interprétation très personnelle et assez osée d'une androgynie qui n'a ici plus rien de discret. Sur le catwalk italien, on revendique le droit de composer sa tenue du jour en piochant aussi bien dans les vestiaires chargés en testostérone que dans les garde-robes funky à tendance starlette.
De son côté, Paul Smith décline un style conjuguant élégance, pragmatisme et coolness tout en prônant l'égalité des sexes. À coups de pièces masculines légèrement floues et d'effluves preppy, le créateur parvient à rendre sa muse tomboy indubitablement féminine. En résumé, si on laisse aux séries mode de nos magazines préférés les puzzles stylistiques Dolce Gabbaniens, on retient l'idée du traditionnel smoking réglisse décliné en mode Barbie et on n'hésite pas à adopter la dégaine Paul Smith, parfait mix entre nonchalance british, sobriété unisexe et désirabilité extrême.
Ex-fan des sixties
Le fameux vent de fraîcheur qui révolutionna la garde-robe de la jeunesse des années 60 semble avoir enivré cette saison certains designers, qui n'ont pas hésité à insuffler à leurs collections un peu de cette insolente énergie joyful caractéristique de la période Twiggy.
Chez Prada, ce sont des demoiselles aux allures de collégiennes qui célèbrent les grands maîtres sixties en convoquant l'esthétique Courrèges sur l'iconique robe Mondrian d'Yves Saint Laurent. Chaussées de python, ces lolitas faussement innocentes parviennent à conférer un brin de décadence à la silhouette années 60, en totale adéquation avec les aspirations révolutionnaires de l'époque.
Apparemment obnubilé par le top modèle Jean Shrimpton, Christopher Bailey semble lui dédier ses créations. Couleurs acides, pantalons tantôt mod, tantôt pattes d'eph' et volumes rectangulaires composent ainsi un vestiaire Burberry Prorsum relativement dense, et ce sans caricaturer les gimmicks sixties.
De son côté, la muse de Tsumori Chisato n'hésite pas à flirter avec une vision psychédélique des sixties où bonne humeur et détails gourmands ont la part belle, entre tuniques graphiques, color block pastel et lunettes roses rondissimes. Au final, si les petits manteaux Burberry Prorsum parviendront sans nul doute à dynamiser les hivers les plus moribonds, les juvéniles robes d'écolière imaginées par Miuccia Prada devraient quant à elles se voir fortement plébiscitées dès leur arrivée en boutique par les rédactrices de mode, avant de venir affoler les modeuses en quête de twist sixties par le biais de leur version "réinterprétée" par Zara.
Ski couture
Le sportswear a beau être actuellement en odeur de sainteté chez les créateurs, il n'en est pas pour autant synonyme de relâchement stylistique. C'est en effet une mode sophistiquée s'appuyant sur une vision rétro-chic des sports d'hiver que les stakhanovistes du minimalisme ont choisi de développer cette saison, se donnant pour objectif de réchauffer toutes les belles en quête d'ascétisme.
Chez Jil Sander, Raf Simons convoque une pièce iconique du vestiaire du skieur des années 60-70 - le fuseau - afin de lui conférer une dégaine bien plus smart que d'ordinaire. Accompagné d'un pull-over conjuguant avec esprit couleur pop et ergonomie sporty, ce néo-pantalon dessine une silhouette à la fois affûtée et ultra moderne, qui ne manquera pas de séduire les citadines nostalgiques des exploits sportifs de Guy Périllat.
Avec Phoebe Philo, la citation se fait plus discrète : le fuseau Fusalp se transforme en slim bi-matière, tandis que le tissu "sweat" se voit travaillé au laser afin d'obtenir des chevrons seventies, mais très contemporains. À la fois chic et finement sportswear, la silhouette Céline apparaît en totale osmose avec les envies d'épure racée flottant dans l'air du temps.
Prenant le total contrepied de la sobriété ambiante, Marc Jacobs décline dans une tonalité disco l'univers sporty de la haute montagne. Chez lui, les vestes à capuche zippées et doublées de néoprène arborent une texture scintillante accompagnant audacieusement jupes à pastilles, collants à pois et après-skis nouvelle génération (ces derniers se voulant plus sexy que pragmatiques). Autrement dit, si cette année la "it" girl Marc Jacobs s'envole pour Courchevel, c'est davantage pour profiter des palaces que pour frayer avec la poudreuse. Aux digressions marc jacobiennes, on préférera sans hésiter les looks ciselés et novateurs des deux virtuoses du minimalisme que sont Raf Simons et Phoebe Philo ; il faut dire que ceux-ci parviennent à rendre le sporty terriblement couture en lui insufflant une élégance inédite. Attention cependant à l'usage du fuseau, qui pourrait vite s'avérer périlleux chez celles qui n'en maîtrisent pas les codes à la perfection : mieux vaudra dans ce cas se la jouer "risque zéro" en lui substituant un slim faussement sage à la Céline.
40's ou 70's : faut-il choisir ?
Entre les seventies de ces dernières saisons et la décennie - moins exploitée, mais toute aussi inspirante - des forties, le coeur de la fashion sphère balance. C'est ainsi que se sont côtoyées sur les podiums de l'automne/hiver 2011-2012 carrures 1940 et nonchalance 70's...
Toujours en avance d'une tendance, Miuccia Prada préfigure l'orientation stylistique des prochains mois en remettant au goût du jour le style vestimentaire des femmes sous l'occupation. Pour autant, hors de question pour la Miu Miu girl de tomber dans un quelconque passéisme : si elle flirte avec les volumes forties - entre carrure surdimensionnée et longueur de jupe raccourcie - ce n'est que pour mieux patiner l'ensemble d'une indéniable intemporalité où fantaisie à la Schiaparelli, sophistication rétro et clins d'oeil au sportswear Chanel se fondent en un vestiaire particulièrement charmant.
S'inscrivant studieusement dans le paysage fashion actuel, Frida Giannini convoque les influences seventies du moment au sein de sa collection hivernale. Cela dit, ce n'est que pour mieux leur conférer une dimension fascinante, magistralement servie par d'audacieux mix and match de coloris. À la fois opulent, élégant, insolent et dramatiquement féminin, le vestiaire de la femme Gucci confine alors au sublime, insufflant aux fameuses seventies un certain glamour universel. Frida et Miuccia ayant toutes deux excellé dans leur domaine (que ce soit en suscitant ou en renouvelant notre intérêt pour les pièces faussement rétro), on n'hésitera pas à s'inspirer de leurs silhouettes au chic aussi affolant que désirable.
II. Matières
Fourrure d'intérieur vs mouton d'extérieur
Reine des podiums depuis quelques saisons déjà, la fourrure continue cet hiver d'étendre son influence sur nos dressings. Pour ce faire, elle n'hésite pas à s'inviter sur de nombreux accessoires, à se conjuguer dans des teintes osées, mais également à s'essayer à de nouveaux dress code.
À l'occasion de la collection Céline automne/hiver 2011-2012, c'est ainsi une divine petite robe noire dont la particularité ne réside non pas dans la coupe, mais plutôt dans la matière utilisée - une fourrure ardoise aux reflets lustrés - que nous propose Phoebe Philo. Une jolie manière d'offrir à la LBD cette légère touche de minimalisme lui faisant parfois défaut, mais également de renouveler avec esprit son ADN chic en jouant sur l'opposition sobriété des lignes/insolence de la matière.
Si les doublures en shearling firent incontestablement partie des points forts de l'hiver dernier, en 2012, c'est côté face que se porte la peau de mouton. Qu'elle soit travaillée en manteau smart - afin de lui apporter un zeste d'allure bohème - ou associée à des tenues hippisantes, la laine bouclée nous permettra d'arborer une dégaine à la fois warmy et effortless dès les premiers frimas venus.
À la fois casual et moderne, la veste oversize en peau de mouton d'Isabel Marant confère à cette matière une désirabilité inédite, très loin du folklore habituel. Reste à savoir si l'on choisira de la porter en total look néo-Pocahontas - comme semble nous le conseiller la styliste parisienne - ou si l'on préfèrera adoucir son côté "sauvageon" au contact de pièces un brin plus classiques.
Cuir métamorphosé vs python star
Si l'on ne peut réinventer à l'infini les basiques d'une garde-robe, les matières composant ceux-ci semblent pour leur part n'avoir aucun mal à évoluer, aidées en cela par l'utilisation de plus en plus massive des technologies de pointe. Tel semble d'ailleurs être l'axe de développement de certains défilés de cet hiver, qui virent le cuir s'essayer à diverses mutations esthétiques, toutes plus bluffantes les unes que les autres.
Les blousons de Christopher Kane se voient ainsi transformés en trompe-l'oeil, les motifs - peints à même le cuir - reproduisant à la perfection les carreaux que l'on retrouve dans les créations en crochet. De son côté, Marc Jacobs évoque - pour sa griffe éponyme - la délicatesse des écailles des sirènes par le biais d'un cuir ultra fin découpé au laser, avant de conférer à ce dernier - chez Louis Vuitton - un glacis miroitant.
Cela dit, si le cuir excelle cette saison dans l'art de la transformation, il aura néanmoins du mal à rivaliser avec l'arrivée fracassante du python au sein des collections prêt-à-porter. Autrefois peau d'exception réservée à une poignée de sacs griffés, le python entame en effet aujourd'hui sa démocratisation, s'invitant aussi bien sur des étoffes que sur des pièces d'extérieur aux volumes modernes.
Entre manteaux sixties vert anis pour demoiselles désireuses d'offrir une nouvelle identité au python de leur grand-mère chez Prada, graphismes reptiliens glamourisant une ample jupe chez Chloé et long cache-poussière arborant la dépouille de Kaa chez Missoni, le python est à n'en pas douter la sensation du moment. Cela ne devra cependant pas nous empêcher de rester sur nos gardes, un imprimé de mauvaise facture ou une pièce trop sexy en python pouvant rapidement transformer nos bonnes intentions fashion en véritable catastrophe stylistique.
La réhabilitation du crochet
D'ordinaire réservés aux coussins séjournant sur le canapé de nos aïeux ou encore aux tenues de quelques poupées kitschissimes, les ouvrages au crochet tentent cette saison une sortie en terre hype. L'occasion de faire renouer la fashionista avec la douceur rassurante - et un brin capiteuse - de ces mercredis d'enfance passés chez ses grands-parents.
Pour Christopher Kane, hors de question de laisser la nature vieillotte de ce tricot entamer son enthousiasme créatif. Toujours enclin à "up-to-datiser" les matières désuètes, le jeune homme choisit ici de mêler ce curieux lainage familier des maisons de retraite à des coussinets en plastique emprisonnant un liquide bleuté. Le résultat, plus expérimental que prêt-à-porter, se révèle alors audacieux, mais pas pour autant convaincant.
Chez House of Holland, on fait fi des travaux d'aiguille en se contentant de reproduire les motifs du crochet sur un imper funky. Plus portable que les créations de Kane, celui-ci reste néanmoins assez premier degré, ne parvenant pas à rendre désirable cette variation colorée autour des carrés au crochet.
Et si chez Proenza Schouler, la technique passe du crochet au macramé, cette jupe mixant ouvrage artisanal et teintes modernes démontre à quel point le fait main peut, au contact de certains créateurs, gagner en aura trendy. Le crochet n'ayant pas rencontré cette saison d'expression prêt-à-porter digne de ce nom, on se contentera de le consommer sur de discrets accessoires. À l'inverse, le macramé pourra quant à lui tenter une percée dans nos dressings, à condition de quitter ses oripeaux hippie au profit d'une allure plus contemporaine.
III. Couleurs et imprimés
Teintes automnales dynamisées
Utilisée par bon nombre de créateurs, la palette de couleurs 100% seventies confère aux collections de saison une aura des plus chaleureuses (entre cosyness et néo-sophistication), se prêtant aussi bien aux compositions picturales casual qu'à celles plus audacieuses.
Si les influences Annie Hall sont palpables chez Hannah MacGibbon, la fille Chloé n'en apparaît pas moins en phase avec son temps. En imprégnant ses pièces fortes - à l'instar de ce pantalon large en cuir souple - de coloris chers à l'époque, la styliste parvient en effet à offrir aux seventies une modernité des plus désirables.
En composant d'insolents puzzles chromatiques, entre teintes rétro et éclats de couleurs vives (de l'orange pimpant au jaune canari), la DA de chez Gucci se pose en coloriste de génie. Au contact de ses mix and match inédits de couleurs so 1970, les Anjelica Huston & co ne sont jamais apparues aussi inspirantes.
À la fois sophistiqué, sporty et authentique, le vestiaire proposé par Christophe Lemaire chez Hermès respecte avec esprit les codes de la maison, tout en leur apportant une épure bienvenue après l'ère Jean Paul Gaultier. On apprécie notamment les camaïeux automnaux, jouant aussi bien sur les textures que sur la subtilité des teintes. Stars de la saison, les lie de vin, lavande, rouille et autre brique s'avèrent particulièrement faciles à porter et à associer. On pensera à les sublimer en les injectant à quelques pièces en cuir ultra souple.
Couleurs élémentaires
Volontaires, incisifs et sans compromissions, les jaune vif, rouge vermillon et autre bleu cobalt se sont emparés de nombreuses silhouettes de saison, conférant alors à ces dernières une inspirante aura arty-chic.
Lumineux et acide, le jaune bouton d'or de Riccardo Tisci insuffle à la Givenchy girl une vivifiante élégance mâtinée d'audace et d'espièglerie, que le choix d'un coloris osé ne fait qu'exacerber.
Loin d'être convaincante, la tentative d'alchimie entre monochrome, détails minimalistes et féminité vue chez Just Cavalli nous rappelle que pour espérer se voir magnifiée, une teinte élémentaire doit obligatoirement être soutenue par un concept fort.
Chez Diane Von Furstenberg, bleu marine et cobalt - l'un colorant une robe faussement sage, l'autre pigmentant un sublime manteau oversize à la taille descendue - confèrent un twist coloré à certaines silhouettes, leur permettant de s'inscrire sans rougir au sein de la garde-robe d'une business woman accro aux tendances. En résumé, c'est sans demi-mesure que les teintes primaires de la saison devront être exploitées. On s'autorisera ainsi soit à décomplexer une pièce classique d'un coup de peinture bleu Klein, soit à faire rimer sexyness et jaune fluo en mode Givenchy.
Blanc et faux blanc
Avant de recevoir l'agrément des hautes instances de la mode, il n'est pas rare que tel ou tel duo de couleurs soit considéré comme une hérésie par les modeuses. C'est ainsi que le tandem blanc/écru fut longtemps étiqueté "fashion faux-pas", notamment à cause de la fâcheuse tendance du blanc neige à faire apparaître comme "salie" la teinte craie l'accompagnant. Cela dit, cet hiver, les choses pourraient bien évoluer rapidement...
Issue d'on ne sait quelle tribu futuriste, la fille Rag&Bone se voit ici sublimée par des atours ethno-sporty dont l'alliage neige/grège accentue la modernité, tout en apportant à l'ensemble une grande douceur.
Chez Stella McCartney, le mix blanc/écru se matérialisant sous la forme d'un pull-over délicieusement cosy et d'un pantalon oversize fluidissime obtient sans mal ses galons de duo effortless, tant son chic nonchalant se révèle addictif.
En dépit d'assagir leurs volumes folk' par le biais du désormais fameux couple lait/ivoire, les romantiques silhouettes scandinaves de Vanessa Bruno ne parviennent quant à elles pas à masquer leur manque de subtilité. Au final, celles qui voudront s'affranchir du mix bleu marine/noir s'inspireront en priorité du look signé Stella McCartney. Avec son élégante simplicité et son allure divinement loose, celui-ci parvient en effet à offrir au duo blanc/écru ses lettres de noblesse.
IV. Must have
Doudoune vs Teddy couture
Toujours plus chic, la doudoune arbore cette saison une dégaine néo sophistiquée. Son duvet aérien semble en effet avoir inspiré à la crème des créateurs des volumes inédits, bien plus smart que sporty.
C'est tout d'abord en version cape pour citadine en quête de pièces à la fois conceptuelles et warmy qu'elle se dessine chez les jeunes designers américains tels qu'Alexander Wang, avant d'apparaître au sein du défilé Sonia Rykiel sous la forme d'une simple doublure violette placée en dessous d'un opulent gilet coloré (afin d'apporter à celui-ci un zeste de modernité). De son côté, Christophe Lemaire en proposa une version hybride, entre doudoune et parka, qui se vit sublimée par un astucieux jeu de patchwork, conférant une nouvelle dimension au traditionnel matelassage.
Remis au goût du jour lors des collections printemps/été 2011, le blouson teddy continue également de susciter l'intérêt des griffes, qui ont décidé d'offrir à l'iconique veste de baseball un petit voyage en terre chic, pour ne pas dire couture.
Que ce soit Nicolas Ghesquière (qui décupla son bombé naturel en misant sur un expérimental tricot de faux cuir), Riccardo Tisci (qui le plongea au coeur du bling-bling bourgeois des années 90, afin de lui insuffler une décadence sexy et inattendue) ou encore Stefano Pilati (qui le fit flirter avec le classicisme du pied de poule), nombreux furent les créateurs à en livrer une interprétation au parti pris stylistique fort, obligeant les fans dudit blouson à envisager l'hiver sur un mode plus pointu que casual.
Pull sweety smart
En phase aussi bien avec l'avènement du tricot en tant que hobby trendy qu'avec les envies de cosyness flottant dans l'air du temps, le pull-over à tendance un brin oversize revient pour la rentrée réchauffer les épaules des jeunes femmes en quête de douceur stylée.
Surplombant une jupe ouvragée, l'opulent pull à col cheminée et grosse maille torsadée vu chez Dries Van Noten donne naissance à un ensemble à la nonchalance étudiée et poétique.
Sur le catwalk Proenza Schouler, on assiste au grand retour du pull jacquard unisexe. Afin de gagner en trenditude, celui-ci s'associe à un pantalon bariolé, composant ainsi un mix and match de graphismes géométriques fleurant bon le melting pot fashion.
C'est dans un premier temps légèrement dubitatif que l'on assista chez Alexander Wang à l'adoubement du pull-camionneur de nos années lycée. C'était cependant sans compter sur la capacité du jeune homme à transformer n'importe quelle pièce casual en modèle edgy. En se muant en robe au dégradé de laine angora sur fond satiné, son pull-camionneur fit en effet tomber toute l'assistance en pâmoison. Incontestablement en vogue cet hiver, le pull-over cosy devra se voir mixé à des atours ultra féminins, néo-classiques ou encore boho pointus, afin de conjuguer sa casualness en mode 2012.
Textures et matières : le néo puzzle
Si l'on ne peut continuellement réinventer le dressing de la fashionista, il n'en reste pas moins possible de renouveler ce dernier en misant sur des combinaisons insolites, mêlant matières et textures de manière inattendue.
En choisissant de tailler son pantalon dans un dérivé du néoprène (qu'il associe à une micro robe mettant à l'honneur le duo lamelles de vinyle/cuir lisse), Nicolas Ghesquière parvient à booster un ensemble d'allure classique, apportant une énergie quasi futuriste à des volumes pour le moins communs.
Chez Marni, c'est sur la superposition manteau court en cuir/pelisse en fourrure/robes à sequins que l'on mise pour apporter un brin de nouveauté aux looks de la griffe. Malheureusement, celle-ci ne fonctionne pas, l'ensemble ayant apparemment oublié d'être seyant...
Enfin, chez Rag&Bone, les mix and match de matières permettent de télescoper différents genres, conférant aux silhouettes un ADN complexe. En mêlant tweed boyish, lainage sporty, cotonnade girly et fourrure warmy, David Neville et Marcus Wainwright parviennent ainsi à rehausser en un instant la dégaine preppy de cet ensemble veste/pantalon. On retient que plus les pièces d'une tenue seront classiques, plus on pourra se permettre de les choisir coupées dans des matières diverses et variées, afin d'en faire twister les textures.
Jupe longue vs jupe midi
Dans la droite ligne des collections estivales, la jupe longue continue cette saison à truster les podiums, exacerbant ainsi la nature bohème de certaines silhouettes.
Lorsque l'on se frotte à la jupe longue, le fashion faux-pas n'est jamais loin : avec ses looks dégoulinants aux proportions déconcertantes, la collection Missoni en est d'ailleurs la parfaite illustration. On préfèrera donc s'inspirer du stylisme d'Emma Hill qui, au sein du défilé Mulberry, parvient à conférer une dégaine à la fois urbaine et romantique à un long jupon réglisse, par le biais d'un blouson boyish ceinturé taille haute. Autrement dit, si le long est toujours d'actualité, on évite de surjouer son côté hippie en patinant son aura girly par l'intermédiaire de pièces unisexes.
Si elle s'avère plus pratique que les modèles cités précédemment, la jupe midi n'en demeure pas moins aussi difficile à porter que son opulent homologue.
Celle-ci a beau en effet se révéler flatteuse sur la fine et délicate Codie Young (défilé Dries Van Noten), on doute malgré tout de sa capacité à sublimer les femmes un peu moins jeunes, un peu moins élancées ou un peu moins graciles que les mannequins du show. Reste l'option Marc By Marc Jacobs qui, en reprenant le duo seventies bottes/ample jupe midi, évite à celles-ci quelques catastrophes stylistiques. On n'hésitera donc pas à s'inspirer de ses looks preppy rétro pour dédramatiser les longueurs midi.
Veste oversize
Pièce phare de nos dressings, l'intemporel blazer voit son ADN sans cesse revisité par les créateurs. C'est ainsi qu'à la rentrée prochaine, on rangera nos sages vestes bleu marine au profit des néo-blazers XL du moment...
Arborant une carrure de quarterback, le blazer signé Stella McCartney - dont on apprécie d'ordinaire le tailoring cool-chic - se veut plus conceptuel que seyant. Insolite mais peu flatteur, ce dernier a de quoi laisser pensif quant à son potentiel de désirabilité.
Gagnant en volume et en cosyness grâce à sa fourrure teddy bear pastel, le blazer imaginé par Alexander Wang a beau se faire plus opulent que d'ordinaire, son charme n'en reste pas moins intact. Troquer son traditionnel drap de laine pour une matière plus warmy est en effet une manière astucieuse de renouveler ce style de vestes sans pour autant les dénaturer.
Avec sa coupe subtilement élargie, son col smoking et ses poches non cousues, le blazer d'Isabel Marant se révèle à la fois facile d'accès et susceptible de s'intégrer aisément à la garde-robe des citadines, tout en lui injectant juste ce qu'il faut de parfum créateur. Aux expérimentations conceptuelles de Stella McCartney, on préfèrera sans hésiter la cooliness irrésistible des pièces Marant. Niveau dress code, on prendra soin d'éviter le total look large en privilégiant les bas skinny.
L'avènement des pièces sporty
Cela n'aura échappé à personne : il flotte sur les podiums de saison comme des envies de sportswear-chic. Entre références à l'univers du ski alpin et clins d'oeil aux pantalons à bandes, les créateurs se sont en effet appropriés quelques basics sporty, afin de les réinterpréter en mode smart.
Alors qu'on le croyait à jamais réservé aux sports d'hiver, le sous-pull se vit habilement réhabilité chez Céline. Incorporé à des silhouettes taillées au cordeau, celui-ci gagna alors en élégance. De son côté, Raf Simons en livra une version néoprène color block, lui insufflant ainsi force et modernité.
Dans le même temps, certains créateurs n'hésitèrent pas à s'emparer - avec succès - du pantalon à bandes dans le but avoué de l'extraire définitivement du cliché Adidas. Du large et fluide modèle Chloé au carrot pant de Phillip Lim en passant par le flare de Derek Lam, tous parvinrent à conférer une bonne dose de raffinement à leur nature sporty. On retiendra au final que pour accéder à un véritable renouveau fashion, ces deux pièces - néo pantalon bicolore et sous-pull - ne devront côtoyer aucun de leurs anciens collègues de travail, à savoir jogging, sweat, tennis, etc...
En guise de conclusion, on note quelques autres points essentiels de la saison automne/hiver 2011-2012 : Que ce soit chez Moschino ou Louis Vuitton, les clins d'oeil à l'uniforme sont légion. Reste à savoir comment les intégrer à sa garde-robe...
Après le léopard, c'est apparemment - si l'on en croit Christopher Bailey - au tour de l'imprimé vache de tenter une percée en terre fashion.
Pour l'hiver 2012, la fourrure se décomplexe et envahit le rayon accessoires. À l'ordre du jour : mule velue, lunettes yéti et besace Teddy bear...
Le vinyle adopte un dress code des plus chics.
Le bling bling a beau appartenir au passé, on ne se prive pas pour autant d'illuminer son dressing d'une pièce aux reflets dorés.
En matière d'imprimés, le mot d'ordre de la saison semble être de les mixer tous azimuts afin de se composer une allure éthno-urbaine à la fois sophistiquée et chaleureuse (voir ici et là).
Présente aussi bien chez Chanel que chez Dolce&Gabbana ou encore Balmain, la veste à paillettes revient en force. Le total look disco sera cependant à proscrire ; on lui préfèrera des pièces plus sages, susceptibles de venir patiner l'éclat de ladite veste.
L'association robe sur pantalon tente de gagner en aura chic
Kitsch à souhait, les graphismes figuratifs animaliers ornent sweats et petits pulls cropped.
Loin de perdre la cote, la cape reste ultra présente, et ce sous toutes les formes (voir ici, ici et là).
Les plus intrépides adopteront sans hésiter quelques pièces aux pastilles conceptuelles (voir ici et là) .
Les caches-poussières - autrement dit les manteaux ultra longs - se la jouent élégance rétro.
Les sacs se portent en pochette comme chez Prada.
©photo : Style.com
Par Lise Huret, le 15 avril 2011
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