Inaugurées en 1990, les fameuses campagnes "United Colors of Benetton" ne tardent pas à faire de la marque le poil à gratter des bien-pensants. Sous l'impulsion du photographe Oliviero Toscani et de Luciano Benetton, photos audacieuses et dérangeantes deviennent alors le fer de lance d'une politique de communication visant à promouvoir le multiculturalisme, la défense des droits de l'homme et la lutte contre le sida, ainsi qu'à combattre toute forme de discrimination.
Fort du succès de leur collaboration, le duo décide en 1994 de créer Fabrica, sorte de laboratoire à idées accueillant en son sein des jeunes artistes en quête d'innovations.
En 2000, Toscani décide cependant de quitter le navire Benetton. S'en suivent 10 années de torpeur, qui voient l'empire italien perdre peu à peu sa verve urticante au profit d'une communication sage et édulcorée. Un positionnement moins risqué, mais également moins lucratif... D'où la nécessité de repenser totalement la stratégie marketing de l'entreprise en renouant avec ce qui fit autrefois le miel de Benetton : la provocation.
En provenance directe des ateliers de Fabrica, les différents photomontages que l'on put découvrir depuis mercredi n'ont - comme prévu - pas tardé à déclencher la polémique. Il faut dire qu'entre la photo du pape embrassant l'imam sunnite Ahmed el Tayyeb (récemment retirée de la campagne suite au tollé de l'Église catholique), celle du duo Sarkozy/Merkel et celle de Barack Obama et de son homologue chinois Hu Jintao, Benetton n'hésite pas à désacraliser les très codifiées relations des hauts dignitaires de ce monde.
Et s'ils reprennent le gimmick du "scandaleux" baiser de 1991, les clichés de la campagne Unhate n'en perdent pas pour autant en impact : à l'heure où la crise financière fait rage, où les conflits religieux se multiplient et où les dirigeants du monde peinent à afficher leur unité, ces images parviennent à injecter une jouissive dose d'humour teintée d'ironie à un paysage politico-religieux quelque peu crispé.
Espérons simplement que ce come-back au sein de l'univers du visuel-choc ne sera pas qu'un simple one-shot...
Par Lise Huret, le 17 novembre 2011
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