Chronique #82 : Toronto-Paris
Jeudi prochain, nous nous envolerons pour Paris. Nous y resterons quelques jours, avant d'aller fêter Noël en famille dans le Massif central. Or, cette perspective de retour temporaire suscite en moi des sentiments paradoxaux. Petit florilège de mes pensées "pre-come-back" parisien...
Comment vais-je m'habiller ? Je n'ai aucune envie que mes amies - enfin surtout celles qui travaillent dans la mode - se disent en me voyant que le Canada a eu raison du semblant de style que je pouvais avoir jusque-là. C'est pourquoi, depuis deux semaines, je furete sur le net à la recherche de deux tenues qui me correspondraient à 100% et qui témoigneraient d'une compréhension pointue de l'air du temps. Cette angoisse du "paraître" me brouille tellement le cerveau que j'en perds toute rationalité... D'eshop en eshop, je m'imagine ainsi tour à tour en cape léopard/pull col roulé bleu marine/pantalon masculin/sneakers immaculées, en pull Sacai/jupe plissée midi bleu marine/bottes hautes à talons carrés marron ciré ou encore en chemise Charvet glissée sous un sweat à capuche bordeaux, lui-même porté en dessous d'un pardessus camel. Comment souvent, ces projections m'excitent, me donnent le tournis et finissent par me plonger dans une inaction stérile... Après réflexion, j'ai décidé de déposer au pressing mon caban et mon pull bleu marine en cachemire, de redonner un coup de lustre à mes baskets et de faire confiance aux basiques qui m'accompagnent au long cours. Advienne que pourra !Peu satisfaite des résultats obtenus en salon et sentant que mes cheveux avaient besoin d'une bonne cure de repos, j'ai récemment décidé d'arrêter les teintures capillaires. Depuis plusieurs semaines, des fils argentés strient ainsi ostensiblement mon châtain. Et si le résultat ne me déplaît pas foncièrement, je ne peux m'empêcher de penser que certaines y verront le signe d'un laisser-aller, d'un début de renoncement. Il suffit de lire le très bon article de Lily sur les coloristes parisiens pour entrevoir à quel point la teinture est devenue un geste quasi hygiénique, qui tombe sous le sens et dont il serait douteux de remettre en question la nécessité. Du coup, j'oscille entre booker en urgence un rendez-vous avec le coloriste d'Aveda - et retomber ainsi dans le cycle cheveux trop foncés -> couleur acceptable -> retour des cheveux blancs - dans le seul but d'avoir une teinte de cheveux socialement correcte et assumer mon choix en me rappelant les raisons de ce dernier. Verdict dans les prochains jours !
Je maudis les hasards du calendrier qui font coïncider ma semaine parisienne avec "cette période du mois" où je gonfle inexorablement. Or, rien de tel pour me faire perdre confiance en moi que de voir l'ovale de mon visage s'alourdir et de me sentir serrée dans mes jeans. Je sens qu'il va me falloir forcer sur les gélules d'oméga 3 si je veux pouvoir "stay strong", comme on dit par ici...
Nous ne resterons que quelques jours à Paris, or j'ai envie de voir un millier de gens (amies, ex-voisins, copains adorables, etc...). Ce qui ne sera possible que si j'arrive à diminuer ma charge de travail quotidienne durant cette période. Concrètement, cela signifie écrire des articles en avance, prévoir des brèves supplémentaires et gérer le plus d'emails possibles. Malheureusement, je sais d'expérience que cela a toutes les chances de rester un voeu pieux... Un état de fait qui revigore le mauvais génie qui sommeille en moi. Depuis quelques jours, ce dernier n'a ainsi de cesse de me susurrer à l'oreille : "A quoi bon partir si c'est pour peiner les copines que tu ne pourras pas voir et stresser pour chaque article non rédigé ?". Heureusement que la petite voix de Charles est là pour rééquilibrer un peu les choses : "Maman, moi très envie d'aller en France !".
Lorsqu'une amie revient de l'étranger, on n'a généralement qu'une envie : prendre un long café avec elle et lui dire : "allez raconte, c'est comment la vie là-bas" ? Et si je sais que je n'y couperai pas, je sais aussi que mes réponses ne parviendront pas exprimer ce que je ressens pour cette ville pas forcément sublime qu'est Toronto, mais au sein de laquelle je me sens réellement bien. Je n'aurais par ailleurs rien de vraiment extraordinaire à raconter, car une fois passé le folklore des premières semaines de découverte, le quotidien se révèle finalement assez similaire que l'on soit à Florence, Paris ou Toronto. Du coup, j'ai un peu peur de lire dans les yeux des mes interlocuteurs un dubitatif "tout ca pour ca ?". Qu'importe, au fond de moi je sais pertinemment que j'ai fait le bon choix, et qu'entre les pigeons parisiens et les écureuils canadiens, j'ai gagné au change…
PS : La perspective de ce retour a beau m'angoisser un peu, je me fais néanmoins une vraie joie de revoir mes amies, de les serrer dans mes bras et de les écouter me raconter leurs dernières péripéties. J'ai également hâte de m'attarder sur les ponts parisiens, de prendre une glace chez Grom, de croquer dans une tarte à la poire de la pâtisserie Mulot, de pique-niquer by night bien emmitouflée sur les bords de la Seine, d'aller jouer au parc du Luxembourg avec Charles, de me lever très tôt pour saisir l'aube dans les petites rues bordant l'école des beaux-arts, d'aller rêver chez Dries Van Noten et de me perdre dans mes librairies préférées…
Par Lise Huret, le 09 décembre 2016
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Finalement ce retour à Paris est fun. Tu retrouveras une ville et des gens que tu aimes. Ne stresse pas!
Je pense pas que tu devrais prendre ton appareil photo (on découvre toujours quelque chose de différent avec un appareil photo), profiter de la ville et des plaisirs qui te manqueront une fois à Toronto.
Ce n'est pas grave pour les articles finalement. Tu les fera quand tu sentiras que c'est le moment. Et puis, je sais ton week-diary ou ta chronique Parisienne sera à la hauteur!
De plus, tu iras rever chez Dries... Quoi de mieux??