Sauge + orange brûlé
S'il arrive lorsque l'on évoque telle ou telle couleur que clichés et idées reçues saturent immédiatement nos pensées, il suffit parfois que ladite teinte perdre quelques degrés d'intensité pour devenir un élément chromatique désirable, à mille lieues de l'image que l'on se faisait d'elle.
C'est précisément le cas de l'orange qui, une fois patiné, fait oublier son ADN de couleur utilitaire aux accents fluokids. Il se mue alors en subtil coloris automnal ne demandant qu'à exister en dehors du champ lexical de la signalétique routière. Un voeu que Koloman Moser anticipa en sublimant cette teinte au contact d'un vert sauge mélancolique. Travaillés en duo, ces deux coloris composent ainsi un mix chaleureux, délaissant le premier degré au profit d'une douceur pleine de caractère.
Appliqué au prêt-à-porter, cette association préférant le vert sauge au kaki et l'orange brûlé à l'orange Stabilo pourra se matérialiser sous la forme du mix jupe sauge midi satinée + sweat en maille ou encore du duo robe midi orange brûlé + pardessus vert sauge (des ensembles que l'on accompagnera d'une paire de bottes chocolat au lait).
Bleu céruléen + feuilles mortes + blanc
Si le mix marron clair/bleu céruléen rappelle simultanément la teinte des feuilles mortes et celle d'un ciel glacé, il n'en diffuse pas pour autant une énergie champêtre. Là où les mariages cigare/kaki et caramel/vert forêt nous projettent instantanément sur les sentiers forestiers, le duo contourne les connotations organiques en ne participant pas au lexique chromatique du camouflage. Ses teintes ont en effet beau être "naturelles", elles distillent néanmoins une aura sophistiquée laissant de côté le style "Balmoral" : le bleu céruléen réhausse le marron clair et l'incite à sortir de sa torpeur en lui offrant un horizon citadin à l'abri des sorties de chasse.
Là où un bleu marine aurait conforté la nature nostalgique d'un marron feuilles mortes, le bleu céruléen injecte à ce dernier une fraîcheur vivifiante digne de celle ressentie aux cimes des glaciers.
On imagine dès lors très bien un pantalon en velours marron roulotté sur la cheville associé à un porté à même la peau, une combinaison pantalon marron clair où l'on glissera une blouse à col volanté bleu céruléen ou encore une veste en velours marron marié à un bonnet bleu (des ensembles que l'on accompagnera de préférence d'une paire de baskets blanches).
Bleu indigo + citrouille
Si le bleu indigo et l'orange citrouille ont tendance à s'avérer indigestes lorsqu'ils se voient travaillés en aplat sur deux pièces différentes (on pense notamment au duo pantalon + blouse), il en va tout autrement lorsque l'on réduit leur surface afin de les associer au sein d'un même imprimé. Curieusement, ces coloris ne révèlent en effet leur plein potentiel qu'une fois parcellés et assemblés élégamment.
Koloman en offre ici une délicate démonstration, tout en ajoutant une donnée essentielle à cette réflexion : plus les motifs sont sophistiqués et alambiqués, plus le duo chromatique gagne en attrait. Ses lignes Art déco se révèlent ainsi bien plus propices à sublimer la cohabitation indigo/citrouille qu'un sage vichy, une envolée de pois ou de simples rayures diagonales.
Quant à savoir avec quoi marier ce type d'imprimé, la réponse nous est donnée par l'artiste lui-même : du blanc et/ou du marron.
Il ne nous restera dès lors qu'à partir en quête d'une pièce reprenant la charte graphique de la couverture ci-dessus. Et si d'aventure celle-ci n'existait pas, il sera toujours possible de tricher en optant pour un vêtement indigo que l'on accompagnera d'un détail citrouille (broche, foulard, socquettes, barrettes...).
Mais aussi…
Vert lichen + touche d'orange (voir ici et là).
Vert bouteille + bleu ciel + gris clair (voir ici).
Vert lichen + rayures rose (voir ici).
Violet + saumon (voir ici).
Terre de Sienne + rouge framboise atténué (voir ici).
Par Lise Huret, le 27 novembre 2020
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