L'ex-témoin de mariage
Depuis l'annulation à la dernière minute du mariage de sa meilleure amie, la robe rose qu'elle comptait porter à cette occasion la nargue. Suspendue dans sa penderie, celle-ci lui rappelle que l'amour est faillible, mais aussi et surtout que la possibilité de danser quelques slows (et plus si affinités) avec l'oncle de l'ex-future mariée s'est définitivement évaporée. Assise à la fenêtre de son studio parisien, elle rumine ses pensées, se laisse bercer par quelques fantasmes inavouables et envisage sérieusement d'aller déposer sa robe au dépôt-vente du coin, lorsque soudain le bip jouissif d'un nouveau message WhatsApp la sort de sa torpeur : "Soirée le 31 ? Petit comité : covid safe :) Dress code : chic !". Le destin a parlé ! Elle recyclera donc sa dentelle de barbe à papa en tenue de réveillon. Et qui sait, peut-être que l'organisatrice de la fête aura invité un oncle qui sait danser les slows…
La matriarche septuagénaire
À l'approche du 24 décembre, la joie de recevoir ses deux enfants et leur progéniture lui ferait presque oublier la solitude forcée de ces derniers mois. Elle ne pense en effet qu'à cette soirée festive où, après avoir assisté à la messe de minuit, ils se retrouveront tous autour des traditionnels 13 desserts... Chaque détail de ce chaleureux eldorado a été pensé minutieusement, jusqu'à sa tenue qui se doit d'être à la hauteur de l'événement. Élaborée avec soin sur les e-shops où elle a appris - contrainte et forcée - à surfer, cette dernière a pour objectif de flatter sa féminité grâce à un long jupon en soie imaginé par une pétillante Américaine, de sécuriser ses pas via une paire de boots tout-terrain, de lui permettre d'être suffisamment à l'aise pour pouponner son arrière-petit-fils et de prouver à ses petites filles (19 et 26 ans) qu'en dépit de ses 73 ans, elle n'a rien perdu de son acuité fashion (sa ceinture scarabée pourrait en effet faire quelques envieuses…).
La working-girl reconvertie
Il fut en un temps où réveillon rimait chez elle avec désir intense de perfection. Entre régime pré-fêtes draconien, Louboutin acérées, robe moulante en velours moiré, brushing, perles et pochette en accord avec la teinte de ses escarpins, tout était millimétré pour revendiquer haut et fort sa réussite, tant sur le plan professionnel (responsable de l'audit interne de son entreprise) que familial (deux enfants primés au conservatoire, mari aux allures de mannequin Célio, maison secondaire en Normandie). Et puis ce savant mécanisme d'horloger s'est enrayé. Elle a frôlé le burn-out, a assisté en direct au grignotage de sa maison de Normandie par une colonie de termites et a fini par admettre que la beauté de son mari n'avait d'égal que sa goujaterie. Bref, son désir de plaire à tous sauf à elle-même s'est envolé. Désormais à la tête d'une micro start-up spécialisée dans la location de vêtements, elle s'amuse comme jamais. Mêlant confort, audace et fantaisie, son look de réveillon (ruban noué en headband + chignon haut + combi roulottée sur la cheville + accessoires funky) illustre d'ailleurs parfaitement son nouvel état d'esprit.
La discrète écrivain
On lui reproche souvent d'être infiniment classique, de respecter obséquieusement la moindre règle, de ne jamais prendre d'initiative... Son compagnon - elle en est certaine - la trouve soporifique, ses collègues ont du mal à se souvenir de son prénom, tandis que son chat l'ignore. Et pourtant… si d'extérieur elle ne fait pas d'étincelles, les carnets qu'elle remplit chaque nuit sont gorgés d'intrigues amoureuses complexes, de folles épopées et de personnages n'ayant rien à envier à ceux de Donna Tartt. Alors certes, elle n'est pas de celles que l'on remarque, mais son monde intérieur est d'une telle intensité que c'est sciemment qu'elle a choisi de ne pas le parasiter par une vie trop tonitruante. Un jansénisme existentiel qu'elle a néanmoins accepté d'assouplir en laissant sa petite nièce - étudiante à Esmod - lui concocter sa tenue de réveillon. Et si pour une fois elle devenait l'une de ses héroïnes ?
La néo-convertie
Si le confinement lui a appris une chose (outre le fait qu'elle déteste le télétravail, qu'elle est capable de finir un pot de pâte de spéculoos en moins de deux épisodes de The Crown et que son plafond ne résistera plus très longtemps à la frénésie amoureuse de ses voisins du dessus), c'est que le confort vestimentaire est une chose dont elle ne souhaite plus faire l'économie. Face au bonheur quasi extatique de ne plus se sentir engoncée dans ses jeans taille haute, de ne plus torturer ses orteils en les glissant dans des escarpins aux bouts pointus et de ne plus se sentir bloquée par quelques emmanchures trop étroites, elle a en effet décidé de revoir totalement sa manière de se vêtir. À elle désormais la maille douillette, les pantalons larges et les baskets chaussons ! Des bonnes résolutions qu'elle a choisi d'appliquer au look qu'elle arborera le 31 décembre…
Par Lise Huret, le 08 décembre 2020
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La septuagenaire (en bien plus jeune oui, oui) et la néo convertie....
Petite préférence pour la néo avec ou sans fête par ailleurs...😉