Inspirée depuis toujours par son amie Patti Smith, poète païenne et princesse punk s'il en est, Ann Demeulemeester est une créatrice qui n'a pas peur d'exprimer ses sentiments. En fait, c'est la raison même de son travail et la raison pour laquelle elle compte aujourd'hui de nombreux fans très fidèles.
Née en 1959 en Belgique, Ann Demeulemeester étudie la mode à la Royale Académie d'Anvers dont elle sort diplômée en 1981, membre d'une promotion qui sera bientôt connue sous le nom des « Antwerp six ». Elle lance sa propre griffe en 1985 avec son mari Patrick Robyn.
En 1992, elle présente pour la première fois sa collection pour femme à Paris, puis une collection pour homme en 1996. L'austérité subversive et le romantisme inquiet de ses premières créations, combiné à une finition délibérément brute, la hissent rapidement parmi les stars de la nouvelle vague européenne : les déconstructionnistes.
Ann Demeulemeester a cependant toujours évité le grand cirque des médias, privilégiant une mode personnelle et émotionnelle. Elle coupe souvent ses vêtements sur elle, car elle s'intéresse autant à la sensation du vêtement sur le corps qu'à son look. Elle ajoute rarement de la couleur à ses créations.
Le noir et blanc est quasi omniprésent dans ses collections. Elle les traite plus comme des ombres et des volumes et non comme des teintes propres. Le but étant de mettre en avant la personnalité de celle qui portera les vêtements et non de « décorer un mannequin ».
Elle aime travailler les matières naturelles telles que le cuir, la laine, la flanelle et la fourrure, autant d'étoffes qui mettent en avant le sens du toucher. Au fil des années, ses collections ont subi une évolution constante.
Elle explore le conflit masculin/féminin en mélangeant perfection de la coupe et superpositions de tissus plus doux, toujours avec une sensualité facile et un esprit très rock and roll. Ann Demeulemeester a ouvert sa propre boutique à Anvers en 1999.
Elle l'a installé dans un édifice impressionnant datant du 19e siècle, une ancienne école de la marine… Elle avait besoin d'un lieu où elle pourrait créer son propre univers et par la même occasion y faire pénétrer ceux que son travail touche.
Dans sa dernière collection, la créatrice inclut quelques touches ethniques dans ses looks, tout en subtilité. Les capuches rappellent les saris indiens, les pantalons s'inspirent discrètement des jodhpurs. Un succès. Ses collections se vendent dans plus de 30 pays à travers le monde.
Par Lise Huret, le 21 mars 2007
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