Petites, volontaires, mystérieuses... quelques adjectifs qui pourraient correspondre aux deux femmes. Mais la ressemblance s'arrête là. Audrey Tautou fuit la lumière alors que Gabrielle Chanel l'a recherché ardemment, l'une a vécu et vit encore un succès foudroyant, tandis que l'autre a mis plus de temps pour asseoir son talent et sa vision nouvelle du vêtement.
Coco Chanel était une passionnée de mode, ce qui ne semble pas être le cas de Mlle Tautou, qu'on ne voit que très rarement aux premiers rangs des défilés Haute Couture. Peu de ressemblance donc à part le physique, et pourtant c'est bien Audrey Tautou qu'a choisie Anne Fontaine pour incarner la jeunesse de Coco Chanel.
La réalisatrice a été séduite par la candeur inaltérée que dégage Audrey Tautou, par son apparente fragilité qui dissimule une grande force. Eh oui, peu de jeunes actrices auraient survécu au raz de marée « Amélie Poulain », à l'adulation quasi instantanée d'une population entière… Mais Audrey Tautou a réussi à garder la tête froide, et qu'on aime ou non son jeu, des cinéastes de renoms lui ont fait confiance.
Jean Pierre Jeunet, Claude Berri, Cédric Klapisch entre autres ont décelé chez elle ce « petit truc en plus » qu'ont certaines comédiennes. Après un passage éclair sur les bancs de la fac de lettres et au cours Florent, Audrey Tautou, originaire du fin fond de l'Auvergne, a su séduire le monde du cinéma par sa fraîcheur et son naturel.
C'est Tony Marshall qui lui ouvre les portes du succès avec « Venus Beauté ». Ce film remporte l'approbation du public et de la critique et offre à la jeune Audrey le césar du meilleur espoir féminin. La voie est ouverte, la petite brune s'engouffre dans le coeur et l'esprit des scénaristes. Elle tourne sans s'arrêter ("Voyous Voyelles", "Battements d'ailes du papillon" et "Libertin"), jusqu'en 2001 où la rencontre avec Jean Pierre Jeunet va changer le cours de sa vie professionnelle.
« Amélie Poulain » est le succès de l'année voir de la décennie, le destin de cette jeune serveuse un peu naïve bouleverse le public français et bien au delà. Le film est projeté aux Usa, Audrey Tautou devient une actrice internationale et bankable… Sa renommée grandissante à l'étranger s'intéresse à elle. Elle joue dans "Dirty Pretty Things" de Stephen Frears et dans "Happy end" d'Amos Kollek.
Sa carrière internationale arrive à son zénith quand Ron Howard la sélectionne parmi la crème des actrices françaises pour incarner Sophie Neveu aux côtés de Tom Hanks dans le très attendu Da Vinci Code. Le film ne sera pas à la hauteur du succès retentissant du livre, mais Audrey Tautou gagne des galons. Et assoit son statut de star internationale.
Cependant à ce sujet, la jeune femme reste curieusement pessimiste. Elle dit ne pas vouloir rêver de peur que les désillusions soient trop grandes. Elle assure n'être pas la seule actrice bankable de sa génération, et affirme n'avoir aucun plan de carrière. Elle prend les choses comme elles viennent, elle n'a pas d'envies particulières et se plonge dans les rôles qu'on lui propose comme si c'était la première fois.
Et n'a aucun état d'âme à jouer la roue de secours lorsque Claude Berri lui demande de remplacer au pied levé Charlotte Gainsbourg qui ne peut plus assurer le rôle de Camille dans « Ensemble c'est tout ». Audrey n'est absolument pas offusquée de n'être qu'un second choix. Elle n'a pas de caprices de star et apprécie vraiment de jouer alors qu'importe la manière dont un rôle lui arrive.
Alors quand Anne Fontaine lui propose d'être la Coco de son film (encore en écriture), la jeune actrice n'hésite pas une seule seconde. Elle sera Gabrielle Chanel, celle des débuts, la petite orpheline originaire du Massif central, celle qui monte à Paris et qui chante dans les cabarets, celle qui découvre le monde de la mode et les hommes. Le scénario sera librement inspiré de la biographie de Chanel écrite par Edmonde Charles-Roux : « L'irrégulière ».
En ce qui concerne la mode, Audrey Tautou est loin d'être une fashion victim, sa manière de se vêtir respire la discrétion. Elle aime flâner dans les grands magasins, car elle y trouve tout ce qu'elle désire. Point de vue créateur, c'est Isabel Marrant et Marc Jacobs qui remportent tous ses suffrages. Marc Jacobs a une place toute particulière dans son vestiaire, car les créations du styliste semblent avoir été dessinées pour des filles comme Audrey : menues, sages et mutines.
Parisienne d'adoption, la jeune femme aime Paris à sa manière. La manière d'une petite provinciale émerveillée par ce qui l'entoure. Elle aime déambuler rive Droite, le long du Canal St Martin ou sur les pavés du Marais. Elle se pose au grès de ses envies à la terrasse d'un café et observe le monde. Elle dit détester les itinéraires préétablis, les choses prévues, elle préfère aller de surprise en surprise.
Le plus dur pour la jeune actrice, qu'on croirait rodée de ce côté-là, c'est la célébrité. Elle n'est pas de celles qui rayonnent naturellement sur les tapis rouges ou qui puisent leur force dans les flashs des appareils qui crépitent. Elle fait partie de ces actrices qui en dehors de leur métier et des plateaux de tournage, n'ont aucune envie d'être dans la lumière.
Une fois le générique de fin, la jeune femme aspire à retrouver l'anonymat… Pour ce qui est du tournage du film d'Anne Fontaine, il commencera en 2008 et avec un peu de chance, sera sur les écrans début 2009. Patience ! D'ici là, peut-être que les deux autres longs métrages consacrés à Mlle Chanel auront vu le jour.
Par Lise Huret, le 02 juin 2007
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