Le pull XXL

Cet hiver on va pouvoir se calfeutrer et se lover dans des tonnes de mailles confortables, de laines point mousse et d'angora volumineux. Entre robe pull et pull robe, on s'y perdrait même un peu…

La maille sur les podiums des collections automne-hiver 2007-2008 s'est voulue oversize, c'est pourquoi elle se suffit à elle-même. Pour bien comprendre comment la porter, on lui applique un concept certes éculé, mais toujours aussi séduisant : celui du pull trop large piqué en douce à son homme. Une fois les choses posées et l'idée visualisée, on a plus qu'à décrypter les différentes variations de style observées lors des défilés de cette saison et s'en inspirer… On commence avec les classiques de la maille qui se doivent d'être portés un poil trop grand.

Stella McCartney propose l'indémodable col V en jersey souple, qui est l'un des musts du négligé chic et sexy. Porté à même la peau, les mains dans les poches (notez au passage que les poches semblent être Le détail de cet hiver, détournant subtilement les classiques, à suivre…), flou et long sur les poignets, il sublime les tenues les plus casual.
Le gilet de chez Prada présente lui aussi peu d'innovations, mais sa présence récurrente dans les collections de cet hiver nous met la puce à l'oreille. Le gilet bien long qui il n'y pas si longtemps était synonyme de cache-misère est de retour… Pour casser la sévérité de ce genre de pièces, on les associe à des choses un peu plus funky qui jouent sur le contraste des matières.
En découvrant les pulls Paul Smith, on sourit et on remercie intérieurement notre chère maman qui n'a pas jeté nos vieux pull-overs des années 90. Mmmh cette carrure tombante, ces manches larges à force d'avoir été roulottées et cette encolure distendue… un vrai bonheur ! Pour une fois qu'on va pouvoir être tendance sans affoler notre banquier, il faut en profiter. Néanmoins si on a le droit de ressortir quelques vieilles fripes de nos malles, il faut impérativement les faire cohabiter avec des pièces outrageusement classiques. Eh oui, le plaisir de replonger dans ses vieux apparats d'adolescentes n'est pas sans contraintes collatérales. Si certains ont misé sur le détournement de quelques classiques, d'autres ont décidé de faire de la maille leur terrain d'expérimentation.

Pour Sonia Rykiel, la laine angora est prétexte à toutes les mutations : ni robe, ni gilet, ni pull ou tout à la fois, ses créations nous enveloppent chaleureusement. Il en émane, en dépit de leur volume, une douce fragilité qui donne envie de s'y lover. L'abondance de matière qui suscite godets, plissages et revers spontanés nous suggère que ces pièces peuvent être portées de mille façons différentes…
Chez Yves Saint-Laurent, élégance parisienne et esthétique hindoue se rencontrent sur des volumes novateurs où la maille monochrome enveloppe gracieusement une silhouette à la fois urbaine et cosmopolite. Splendide.
Nouvelle version du pull chauve-souris pour Gianfranco Ferre, qui confronte les subtiles manches kimonos au moelleux de la maille. Le résultat est surprenant, mais est immédiatement adopté par notre esprit. Ce pull semble être le juste milieu entre oversize et suitable. Enfin, il y a ces pulls trop longs pour en être réellement et pas assez pour être de véritables robes… Ce sont les baby dolls d'hiver. Même principe que celui appliqué aux tee-shirts hybrides de cet été, l'accessoire rend l'impensable fashion et les micros longueurs acceptables. Seuls les néophytes en matière de tendances croiront que nous avons oublié le bas…(Néophytes : 60 % des copines, 80% des collègues, 100% des chéris, 99% de la famille, bref on sera incomprise, mais tant pis !).

Chez Burberry Prorsum, protection hivernale et connotation SM flirtent à coup de larges tricots fantaisies et de cuissardes vernies, tout en nous laissant songeuse sur les nouvelles possibilités sexy de la grosse maille torsadée de notre enfance…
À Milan, la version du pull XXL de Donatella Versace remporte tous les suffrages : ample et féminin, minimaliste et glamour, luxueux et sobre… Exactement ce qu'on recherche, non ?

©photo : Vogue