Né en 1949, André Leon Talley fut élevé par sa grand-mère. Bien que travaillant toute la semaine en tant que femme de ménage, celle-ci est parvenue tout au long de l'enfance du petit André Léon à lui offrir un foyer chaleureux, dont il garde un souvenir heureux. Il grandit dans une Amérique où la ségrégation faisait encore rage. Il dut endurer en silence beaucoup de vexations, mais cela toujours en ayant conscience de sa valeur et de sa dignité.
C'est son professeur de français qui lui donna le goût de la littérature, de l'esthétique et de l'art, qui l'influenceront tout au long de sa vie... Dès son adolescence, il fut rapidement attiré par la mode. Ainsi, un après-midi de juin, il découvrit un numéro de Vogue dans la petite presse locale, et il en devint un lecteur assidu.
Lorsqu'on lui demandera plus tard où avait-il acquis son infaillible sens du style, il citera Vogue, mais aussi sa grand-mère qui l'emmenait à la messe le dimanche. Durant le service, il observait ces femmes qui s'étaient mises sur leur trente-et-un, et il y comprit ce qu'était l'élégance. « Vous y voyiez de belles femmes, de splendides chapeaux et les gants assortis. C'était des gens sans grands moyens, mais ils avaient une allure extraordinaire, surtout le dimanche ! »
En dépit de son goût prononcé pour la mode, il entreprit des études de français. Une fois son diplôme obtenu, il partit s'installer à New-York où il intégra le gotha des artistes avant-gardistes qui comptait Andy Warhol et Bianca Jagger. À cette époque, très peu d'Afro-Américains étaient admis dans ce genre de milieu, encore moins dans le journalisme de mode.
Son premier job en tant que pigiste mode, il l'obtint à 28 ans au "Women's Wear Daily", non sans susciter l'inquiétude de ses collègues qui n'étaient pas habitués à côtoyer sur un pied d'égalité une personne de couleur. En dépit des regards courroucés, André Leon Talley continua dans cette voie. Diana Vreeland, la rédactrice en chef de Vogue de 1962 à 1971, se prit d'amitié pour Talley et en fit son protégé. En plus de la direction de Vogue, elle avait à charge les collections du Metropolitan Museum of Art, et elle prit Andre Léon Talley comme assistant.
De fil en aiguille, Talley devint quelqu'un de prisé par le milieu. Il travailla par la suite à l'"Interview" puis au "New York Times", pour finalement entrer chez Vogue en 1983, en tant rédacteur en chef des news mode. À peine cinq années plus tard, il fut promu directeur artistique et acquit, de par ce titre, un formidable pouvoir au sein du monde de la mode.
Il profita de ce poste pour mettre en valeur le travail des stylistes afro-américains, et demanda aux designers de s'ouvrir au melting-pot en choisissant plus de mannequins de couleurs pour leurs défilés et leurs campagnes de publicité. Il trouvait complètement incohérent qu'une griffe se vendant à l'international n'inclue pas dans son show tous les types de nationalité.
Il quitte Vogue en 1995, débauché par W, et s'envole pour la France où il sera le directeur des bureaux parisiens du magazine. En 1998, il revient chez Vogue en tant que chroniqueur. Ses papiers, intitulés "Stylefax", sont attendus et lus avec avidité. Depuis, la chronique a évolué : elle ne parait qu'une fois par mois et se nomme « Life with André ». En 2003, il sortit ses mémoires, "A.L.T.", retraçant son parcours.
Tous s'accorderont pour dire qu'André Leon Talley est La référence afro-américaine en matière de mode, et que personne ne l'a encore égalé. André Leon Talley est à la mode ce que Tiger Woods est au golf : l'excellence inattendue. En 2003, le "Council of Fashion Designers of America" lui décerna le prix Eugenia Sheppard, pour récompenser son travail de journaliste de mode. Talley déclara, pince-sans-rire, que ce prix aurait dû lui être décerné depuis bien longtemps.
Depuis plus de 30 ans, Talley a sa place réservée aux premiers rangs de tous les défilés aux côtés d'Anna Wintour, de Paris à Milan en passant par New York et Londres. Il a travaillé et travaille encore avec les acteurs les plus prestigieux de la mode et d'Hollywood. Son ami Karl Lagerfeld (qu'il connaît depuis 1975, année où Andy Warhol les présenta) lui a dessiné de longs manteaux, afin que sa corpulence toujours plus opulente conserve une allure noble. Talley décrit ses manteaux avec la dérision qui lui est chère : "Comme un tipi où on pourrait loger une famille de lilliputiens".
André Leon Talley, c'est à la fois un monstre sacré, une icône de mode, mais aussi un petit garçon qui ne cesse d'être émerveillé par la créativité des stylistes. Il a su, en dépit de sa notoriété, conserver un regard dénué de préjugés qui fait de lui une valeur sûre et respectée en matière de style et de tendances à suivre.
En tout cas , grand merci , pour toutes ces infos qui me permettent d'en savoir , enfin , un peu plus ! Et merci aussi pour les photos .... cet homme est classe , cet homme est dingue ... je l'adore ! lol