Romance en blanc
Le nouveau blanc rime avec candeur, perce-neige et sweetness. Cette brise romantique qui semble souffler sur les podiums se sert du blanc pour revêtir différents visages :
Bohème urbain pour Isabel Marant, qui joue la sobriété d'une simple tunique bravant les premiers frimas. Finement accessoirisée, la neutralité du blanc s'étoffe grâce au cachet de bijoux anciens mixés à la désinvolture aérienne de ce fameux foulard négligé de l'hiver. Un brin Woodstock et quelque peu rock and roll, on aime la simplicité et l'incroyable actualité de ce look, qui est également on ne peut plus aisé à réinterpréter avec des éléments déjà existants de notre garde-robe.
Chalayan fait descendre la mariée dans la rue, télescope touches futuristes et détails quasi monacaux, détournés en capeline énigmatique. Il réunit angélisme et catwoman en une tenue surprenante, voire séduisante, nous faisant imaginer ce que pourrait être l'avenir du chic citadin… On retient l'association vinyle/blanc mat à étrenner le jour où nos envies nous mèneront vers l'expérimental.
Se lover dans un nuage de maille cosy, volumineuse, blanche ouateuse, et devenir une petite chose fragile protégée par un cocon de laine xxl, c'est ce que Giles Deacon nous propose pour l'hiver à venir. Le blanc plein de charme devient cosy. On s'imagine très bien étrenner les tenues plus ou moins légères (micro jupes ou robes housses) qu'on nous propose pour l'automne en les réchauffant de grosse, très grosse laine blanche. Effet "belle des steppes sibériennes" garanti…
Total look blanc
L'ère qui s'annonce en matière de mode fait la part belle au total look. Les couleurs flashy se portent en all over (en tout cas sur les podiums, pour le commun des mortels on commence par les accessoires). Le gris est aussi à revêtir sans concession, en jouant sur les nuances de tons, du gris perle au gris bitume… Le blanc n'échappe pas à cette tendance.
Si la couleur monogame pouvait paraître ennuyeuse au premier abord, les designers se sont débrouillés pour la rendre intéressante et propice à quelques mutations hautement fashion :
Lorsque Ann Demeulemeester s'essaie au blanc, le style de la créatrice belge prend une nouvelle dimension, légèrement accessible. En dépit de la clarté lumineuse du blanc, la composition demeulemeesterienne diffuse une sorte de romantisme sombre véhiculé par l'aspect tourmenté de la veste et l'opulence froide de la fourrure. Blanc tragique, blanc deuil des Asiatiques, blanc gothique… À manier avec précaution.
Après le camaïeu de gris, c'est au blanc de s'y essayer. Nicolas Ghesquière juxtapose blanc sali et blanc pur, l'un atténue l'autre et rend viable le total look. Surtout quand celui-ci prend quelques libertés et s'octroie le droit aux liserés de couleurs et à l'accessoirisation ethnico-urbaine. Le blanc en devient évident, on en oublierait qu'il couvre 90 % de la silhouette. C'est ainsi qu'on le portera à la ville: structuré, subtil, néo chic et mâtiné de teintes franches.
Chez Givenchy, le blanc semble être propice à la démesure conceptuelle. Le génie de cette couleur ? Rendre classique le plus fou des volumes. Mention spéciale à la coupe parfaite du pantalon en drap de laine, qui fera oublier ses cousins en lin transparent, traîtres de l'été. La classe se résume peut-être à cela : simplicité et extravagance maîtrisée, le tout dans un format faussement classique.
Blanc et déclinaisons
En cette saison composée de contradictions et de paradoxes qui ne font que se sublimer les uns les autres, le blanc ne pouvait se résumer à cette tonalité parfaite issue de la synthèse des autres couleurs. Le blanc se devait de s'encanailler, de se muer en un blanc plus très blanc, qui permettrait la réhabilitation des teintes crème, tourterelle ou nacrée.
Plus vieilli et moins virginal, le blanc de Barbara Bui et celui de Chanel dessinent une élégance faisant peau neuve et proposant des pièces aux tonalités plus sourdes à une jeune femme habituée à des partis pris plus fermes. Le crème et le blanc jauni dépassent les clivages des générations qui les réservaient aux femmes mûres et deviennent sobrement hype.
Le nacré Louis Vuitton joue les illusions d'optique et se confond entre blanc et gris. Les deux sont permis, alors pas besoin de trancher… L'avantage du total look et des camaïeux de cette saison est que l'on peut se permettre des effets de matières jusque-là réservés aux soirs de gala : le moiré, les paillettes, les franges, les écailles et le laqué égaient et donnent du relief aux monochromes vedettes de l'automne.
En résumé, le blanc en hiver ne se porte pas à la légère, il se doit d'être étudié et précis, car il met en valeur le vêtement qu'il recouvre et en fait ressortir le moindre détail. On se doit de lui rendre hommage en choisissant de belles pièces, car il est capable du pire comme du meilleur. Il sublimera ainsi une coupe subtile et achèvera un look incertain. On retiendra ces mots de Vincent Grégoire du bureau de Nelly Rody : "Le blanc est le sommet du luxe, car il ne souffre pas la médiocrité."
©photo : Vogue
Par Lise Huret, le 10 septembre 2007
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Bon et le gris qui est le nouveau noir, tu en penses quoi?