C'est seulement à 17 ans qu'elle revient à Rome. C'est une période où elle a du mal à s'accepter. Elle se réfugie derrière le look gothique et essaie de passer au-dessus des quolibets de ses camarades qui se moquent de cette grande fille dégingandée au visage pâle. C'est pourquoi lorsque lors d'un dîner, un ami de ses parents - photographe de son état - lui propose de faire des photos, la jeune fille croit qu'il se moque d'elle. Elle commence par décliner son offre. Cependant sa mère qui croit très fort en sa fille, la pousse à le contacter.
Maria Carla fait les photos et sa mère les envoie dans différentes agences. Entre temps, Maria Carla fait un gros travail sur elle-même afin de sortir de ses angoisses d'adolescente et de gagner un peu confiance en elle, et cela grâce à sa mère qui lui montre comment cultiver son propre look, comment s'enrichir intellectuellement, comment se faire confiance…
Dès lors, Maria Carla écoutera vraiment ses envies et se créera un style bien à elle, fait de robes vintages et de toilettes féeriques chinées dans les friperies romaines ou londoniennes. Elle a besoin que les vêtements qu'elle porte aient un passé, une histoire, ensuite elle les interprètes à sa manière, un brin rock and roll électro, mais toujours élégante. Elle affectionne tout particulièrement le fait de choisir une robe du soir ou de cocktail des années 50, ou même une dénichée dans les malles de sa mère, et de la porter de jour avec de gros collants et un large chandail… Les clichés envoyés retiennent l'attention des agences et Maria Carla commence sa carrière sur les catwalks milanais. Sa façon de marcher, très hachée, devient sa marque de fabrique et permet de la reconnaître facilement. Cependant, la jeune fille est arrivée dans le monde du mannequinat sans en avoir rêvé, et surtout sans s'y être préparée. C'est pourquoi elle n'a ni book, ni clichés à présenter aux agences qui après l'épisode de Milan cherchent à la rencontrer… C'est alors que Piero Piazzi, un photographe-booker qui a travaillé avec Naomi Campbell, décide de prendre Maria Carla sous son aile et de lui ouvrir les portes du Graal. Nous sommes en 2000 et le visage de la jeune romaine ne passe pas inaperçu. Son aura cérébrale et sa silhouette diaphane laissent présager un avenir radieux. Elle finit ses études et décide d'aller passer un mois à New York afin de décrocher des contrats. Elle n'en repartira pas. Elle trouve dans l'effervescence new-yorkaise quelque chose de particulier, une énergie qui lui correspond parfaitement et qui lui donne la possibilité de s'épanouir. Elle trouve une agence, DNA, au sein de laquelle elle se sent bien.
Dès lors, elle vit le quotidien comme une perpétuelle découverte. Elle ne s'angoisse pas des castings, elle y voit l'opportunité d'y rencontrer des personnes toujours différentes et d'élargir son horizon. Elle dira qu'elle essaie d'imprimer, de saisir tout ce qui se passe autour d'elle, d'apprendre et de comprendre le maximum de choses, car la vie passe trop vite.
Elle a conscience de sa chance et tente de communiquer cette sorte de reconnaissance qu'elle éprouve envers sa bonne étoile, en diffusant bonne humeur et gentillesse autour d'elle. Elle ne sort ainsi jamais d'un shooting sans avoir salué les techniciens et ceux qui oeuvrent dans l'ombre. C'est sa personnalité hors du commun - faite d'humanisme et de mystère - qui ont fait d'elle un mannequin à part, plébiscité et aimé du milieu.
De plus, sa capacité à incarner de multiples émotions, à paraître différente selon les envies des créateurs, à dégager tel ou tel sentiments, lui fait décrocher en 2001 quatre campagnes de publicités et pas des moindres : Chanel, Armani, Calvin Klein et Roberto Cavalli. En 2002, elle défile de plus en plus et pose également pour Dior, DKNY, Jean Paul Gaultier, Lagerfeld, Marc by Marc Jacobs, Michael Kors, Moschino et Versace. Depuis 1997, elle est la muse et amie du créateur Riccardo Tisci, styliste de Givenchy, qui est rapidement tombé sous son charme. Depuis plus de dix ans, leur alchimie n'a jamais cessé de fonctionner… Elle sera d'ailleurs en 2005 le visage de la campagne de Givenchy. La même année, elle remplace au pied levé Kate Moss pour la campagne H&M. La belle et gracile Italienne est présente à chaque saison sur une pléthore de shows, ce qui ne l'empêche pas de cultiver son art de vivre. Elle adore cuisiner pour ses amis, aime prendre le temps de lire et d'aller au théâtre. Elle décide également d'assouvir sa passion et de suivre des cours d'art dramatique. Elle y révèlera un véritable talent de comédienne. En 2006, elle incarne Solange dans "Les bonnes" de Jean Genet. La petite fille timide d'Afrique a laissé la place à une jeune femme qui fait de chacune de ses apparitions une surprise : elle se teint en blonde platine ou arbore des looks totalement différents selon son humeur, extravagants mais jamais trashs, en tout cas toujours élégants. Le "ouistiti" - comme on la surnomme - affectionne les looks bohêmes, les costumes vintages et les associations anachroniques. D'ailleurs, les friperies de Rome la connaissent bien et lui réservent systématiquement toutes les jolies pièces qui leur parviennent. La seule chose qu'elle ne chine pas, ce sont les chaussures. Pour cela, elle fait confiance à Manolo Blahnik, Lanvin et YSL…
Hormis sa passion pour le théâtre, la cuisine et le vintage, Maria Carla est un véritable globe-trotter. Son enfance la prédisposait à avoir le goût du voyage et cela ne s'est pas démenti. Elle a ainsi traversé le Vietnam et parcouru la Mongolie, tout en assouvissant en même temps son désir de trouver des vêtements ayant un passé. Car dans ces pays, comme elle le déclare, on n'achète pas une jupe dans une boutique, mais à quelqu'un qui l'a porté ou confectionné…
Maria Carla vit toujours à New York, d'où elle gère sa carrière d'une main de maître. Cela fait plus de sept ans qu'elle est au top, tout en savourant la vie au jour le jour…
Par Lise Huret, le 18 octobre 2007
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