Jun Takahashi n'est pas un simple styliste qui dessine des vêtements pour "faire de la mode", c'est un artiste à part entière qui se sert de ce média pour diffuser ses idées. Il s'exprime également par le biais la musique, de la photo et du graphisme. Jeune, il occupe la scène underground japonaise. Il est DJ et leader d'un groupe baptisé "Tokyo Sex Pistols" et il sera surnommé Jonio en référence au chanteur des Sex Pistols Johnny Rotten.
Il évolue donc dans le milieu punk japonais, fréquente assidûment le quartier Harajuku, se gorge comme une éponge de tout ce qui l'entoure et développe un style urbain inédit (rock-poètique), qu'il pourra développer dans la meilleure école de mode d'Asie : la Bunka Academy. À la fin de ses études, il crée son propre label, "Undercover", qui devient très vite une référence auprès des jeunes tokyoïtes et qui se voit récompensé par de multiples prix, dont le prix Mainichi qui avait déjà récompensé des figures telles que Issey Miyake et Junya Watanabe.
La marque, qui avait vu le jour dans une petite boutique d'Harajuku, grandit alors de façon exponentielle : plus de 31 points de vente voient rapidement le jour sur le sol japonais. Que ce soit la robe à 2500$ ou les chaussettes à 30$, les fashionistas se ruent littéralement sur les produits de la griffe.
Jun Takahashi distille dans ses collections références punk et odes à la déconstruction. Il dit vouloir explorer le côté obscur des choses, parvenir à mettre sur un plan d'égalité beauté et laideur, annihiler la barrière entre les deux et les mixer afin de créer une nouvelle harmonie. Son travail se positionne à cheval entre le streetwear et la mode pure, celle des créateurs qui défilent lors des fashion week.
Ses créations suintent la rébellion, l'unestablishment, et se veulent "mignonnes mais effrayantes, belles mais laides". Jun Takahashi aime réunir les paradoxes, faire se percuter les contraires, et c'est sur cette idée qu'il construit son travail. Pour lui, la mode et la conscience sociale - voire politique - ne sont absolument pas opposées, bien au contraire. C'est ainsi l'un des rares designers à affirmer ses idées ou à prendre position à travers ses défilés, le tout avec talent et intelligence.
Même s'il sait que c'est impossible, il déclare qu'il aimerait changer le monde grâce à ses vêtements. Il pense également qu'un vêtement peut générer autre chose comme réaction : qu'un "Oh, super ce look", et qu'à travers lui on peut faire passer des idées constructives.
Son génie azimuté, son néo-utopisme ainsi que sa candeur trash et punk éveillent l'intérêt de la grande dame de la mode avant-gardiste japonaise, Rei Kawakubo. Entre eux, un respect mutuel s'installe rapidement. C'est ainsi elle qui le poussera à aller présenter ses collections en France lors de la semaine parisienne du prêt-à-porter.
Mais pour cela, Jun Takahashi doit effectuer un repositionnement au niveau de sa cible. En effet, la façon de consommer la mode au Japon n'ayant rien à voir avec celle des Européens, il fallait viser une clientèle plus mature, plus adulte, ayant les moyens et à l'esprit rebelle.
Il débarque donc en 2002 sur les catwalks parisiens, traitant ses défilés comme des happenings, qui deviennent très vite le rendez-vous branché-arty de la semaine de la mode. Il travaille les déconstructions, les métaphores, le grunge et la délicatesse, les étoffes fragiles et le sportswear, et confère à ce style une nouvelle énergie.
Ses premières présentations, bien que favorablement accueillies par la critique, n'en étaient pas moins peu accessibles. Il a su depuis quelques saisons rendre son propos plus lisible, ce qui ne le rend que plus désirable. En effet, s'il épure son style, il n'a rien perdu de son imagination destroy, de sa fascination pour la confusion des genres et de son talent transartistique, voire expérimental.
Il dit tirer son inspiration de la rue, d'une rue nippone idéale qui ne siège que dans son esprit... Si son travail est intense, décomplexé et plébiscité, il est curieux de constater que le styliste n'en est pas moins peu sûr de lui. Il n'aime guère être sous les spotlights et préfère œuvrer dans l'ombre. Il n'est jamais satisfait de ce qu'il produit et désire sans cesse aller plus loin, trouver quelque chose de nouveau, de plus fort, à la fois portable et transcendant.
Tout cela lui permet de perdurer et de surprendre sans cesse : sa collection automne-hiver 2007/2008 offrait ainsi une vision inédite et éclairée du vestiaire du futur, où le climat jouerait à pile ou face. Quant à l'opus été 2008, il délaissait quelques instants le "dark side" si cher au créateur, pour se focaliser sur une modernisation du style années 30 pour le moins étonnante, pointue et captivante...
il y a aussi pringle of scotland qui a le meme style