Avant d'intégrer l'univers de JK Rowling, Clémence Poésy n'était guère connue du grand public, et pourtant cela faisait déjà quelque temps qu'elle avait décidé que sa vie se déroulerait devant les caméras. Sa mère, professeur de français, lui a inculqué l'amour de la littérature, tandis que son père, directeur d'une compagnie de théâtre, lui a fait entrevoir ce que pouvait être la vie sur les planches. Ses parents avaient une vision assez humaniste de l'enseignement que devaient recevoir leurs enfants.
C'est ainsi que Clémence a fréquenté de nombreux établissements avant-gardistes, où l'on dispensait les cours en anglais - d'où le fait qu'elle soit devenue bilingue très jeune -, où les règles étaient parfois assez strictes tout en étant tournées vers l'épanouissement de l'enfant, et incorporant très vite philosophie et prise en charge de soi-même.
Cet enseignement atypique a permis à Miss Poésy de développer une relation saine à l'autre, car les contacts entre adultes et enfants n'étaient pas basés sur une hiérarchie rigide, mais sur un respect mutuel. Clémence, petite fille sage et presque parfaite, en est sortie confortée dans l'idée qu'elle avait bel et bien une place dans le monde qui s'offrait à elle.
Dans un premier temps, c'est le dessin qui l'attire, la comédie restant un passe-temps entre elle et sa sœur, qu'elles exercent entre les 4 murs de leur chambre. C'est pourquoi ses parents furent plus que surpris lorsqu'à l'adolescence elle se sentit irrémédiablement attirée par l'art dramatique, et que sans rien dire elle envoya une lettre à un agent et reçu une réponse positive. Ce geste annonce sa motivation et marque son indépendance ; d'ailleurs même si elle aime tendrement ses parents, elle ne leur fera jamais lire un de ses scénarios...
A 16 ans, elle décroche un rôle dans un téléfilm français - "Tania Boréalis" - et en enchaîne d'autres rapidement, avec notamment "L'étoile d'un été" puis "Carnets d'ados". Celle qui n'a jamais eu la télé (et ne l'a toujours pas), attaque avec le même enthousiasme un téléfilm que son premier rôle au cinéma (en 2002, dans "L'été d'Olga"). Un an plus tard, elle incarne une jeune fille délurée dans "Bienvenue chez les Rozes".
Puis elle déménage en Angleterre, où elle rencontre le rôle qui la fera se sentir réellement comédienne. Elle porte à l'écran pour la BBC le personnage de Marie Stuart, et c'est un véritable succès. Le téléfilm, diffusé en trois épisodes, séduit le public anglais. Pouvoir jouer en anglais est un vrai plaisir pour Clémence, qui trouve dans la langue de Shakespeare plus de spontanéité que dans sa langue maternelle.
Dès lors, les propositions qu'elle reçoit prennent un parfum d'international. C'est ainsi qu'elle jouera dans la série américaine "Révélation", avant de côtoyer Colin Farrell sur un film à petit budget... Jusqu'au jour où l'on pense à elle pour incarner Fleur Delacour, une magicienne typiquement française aux côtés de Daniel Radcliffe, dans le très couru Harry Potter.
À l'époque, Clémence Poésy vient d'être acceptée au Conservatoire de Paris ; le directeur lui permet alors de prendre une année sabbatique et de revenir une fois les huit mois de tournage terminés. Cependant, le tournage terminé, Clémence doit choisir entre poursuivre sa carrière ou s'arrêter pour étudier au Conservatoire. Elle décide alors de saisir les rôles qui s'offrent à elle.
Elle passe sans difficulté des limousines anglaises aux bus qui l'amènent sur les plateaux des "Amants du Flore", elle aime cette disparité entre les tournages, entre les grosses et petites productions, ces appels constants au voyage, ces différentes ambiances, ces familles de cinéma. Elle tourne "le Grand Meaulnes", puis "Guerre et Paix", téléfilm qui pour elle fait honneur au support télévisuel, car une telle épopée n'aurait pu être mise en scène pour le cinéma.
La jeune actrice ne se laisse pas guider par les à priori ou les idées reçues, elle s'intéresse bien plus aux projets qu'aux types de média qui les diffuseront. Cet automne, elle joue dans deux productions françaises, "Sans moi" et "Le dernier gang". Si les films ne sont pas de franches réussites, on prend néanmoins plaisir à voir évoluer la très esthétique Mlle Poésy à l'écran.
D'ailleurs, point de vue style, la jeune fille fait partie des rares actrices françaises qui peuvent se targuer d'avoir une véritable allure. Car si comme toutes les jeunes pousses du cinéma français, elle se voit courtisée par les grandes maisons de couture, Clémence à la chance d'être naturellement dans le ton. Un rien sublime sa silhouette de brindille.
Candide et subtilement sage, la pureté qui émane d'elle met en perspective ses choix vestimentaires, à la fois pointus et siglés... Amie de Nicolas Ghesquière, dans les petits papiers de Karl Lagerfeld, en couv' de Jalouse et d'ID, et même toute jeune égérie du parfum Chloé, la fraîche Clémence n'est pas loin d'accéder au statut d'icône de mode.
En dépit de cette ascension vers les étoiles, Clémence Poésy reste à l'abri des affres de la branchitude. Ainsi, dans son Ipod, Mozart est en tête de liste. La culture a une place prédominante dans ses hobbies : hors tournage, elle partage son temps entre cinéma, expo, lecture et peinture. Elle écoute France Inter, admire Emma Thompson, visionne en boucle "Le dictateur" de Chaplin et se délecte de Baudelaire, Prévert, et Aragon.
Clémence Poésy, petite fille modèle ? Enfant, elle ne faisait pas de bêtises, la crise d'ado n'est pas passée par elle, elle est loin d'être une tête brûlée, déteste les extrêmes et pourrait se nourrir uniquement de salade verte... Discrète, talentueuse et magnétique, Clémence Poésy est un oiseau rare que les étiquettes auront bien du mal à définir. À suivre...