Le quartier rouge d'Amsterdam tente en effet de s'offrir une nouvelle respectabilité. La ville souhaite ainsi en finir avec sa réputation de maison close de l'Europe, ce qui est devenu possible avec la promulgation de toutes nouvelles lois, qui lui offrent l'opportunité de se racheter une conscience. Elle a pu faire fermer de nombreux établissements où se pratiquait le plus vieux métier du monde, et racheter les bâtiments. La mairie d'Amsterdam est alors devenue propriétaire de plus de 55 immeubles, dont la configuration ne laissait aucun doute sur leur ancienne utilisation. Il fallut donc trouver ce qui redonnerait vie au quartier rouge, tout en offrant aux vitrines une réhabilitation…
Mariëtte Hoitink, professionnelle de la mode, proposa alors à la mairie de transformer le quartier en remplaçant les créatures par des créateurs. Son projet est retenu : 20 designers posent leurs machines à coudre dans ces anciens bordels transformés en atelier. Niveau casting, on ne retrouve pas de jeunes stylistes, mais uniquement des talents confirmés qui - en dépit de leur début de notoriété - ne roulent pas sur l'or et qui ont bien besoin d'un petit coup de pouce. Ainsi, les prix attractifs des locaux, l'exposition du quartier et le buzz qu'allait créer l'opération ne pouvaient que les séduire.
Les vitrines se sont donc parées de leurs plus beaux atours, chacune présentant les créations pointues et tendances de celui qui travaille en arrière-boutique. Dans très peu de temps, une boutique qui mettra en vente les productions des ateliers verra le jour, un coup de boost supplémentaire qui dopera assurément la fréquentation du quartier. La mode a un an pour lifter les abords du canal ; si cela échoue, les talons aiguilles reprendront leur droit…
Mais à en croire la réussite de projets similaires, visant à redynamiser des quartiers populaires par l'implantation de jeunes créateurs (comme ce fut le cas à Roubaix et à Lyon), le concept "Red Light Fashion Amsterdam" a de beaux jours devant lui. Le tout eut été parfait si, dans le cahier des charges du projet, un petit paragraphe avait été consacré à la reconversion des dames officiant précédemment dans le quartier, en leur proposant de jouer les petites mains ou de tenir les points de vente…
Par Lise Huret, le 21 janvier 2008
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