Matthew Williamson décrit sa collection comme "très anglaise". Cependant, si le designer dit avoir puisé son inspiration au cœur des campagnes rustiques britanniques, le résultat fleure davantage le métissage cosmopolite que la tourbe fumante... Malgré tout, on imagine sans mal les inspirations du styliste : pull-over jacquard, tapisseries rococo des vieux cottages, troupeaux de moutons, peaux de bêtes réchauffant les nuits froides et humides ou encore la lande, aux couchers de soleil fantasmagoriques... On les associe sans mal à un certain style de fille, fraîche et naturelle, qui amènerait à la ville un peu de son charme candide. Le tout donne naissance à un vestiaire à la fois cosy et girly, entre sophistication et beauté brute.
C'est ainsi que la peau de mouton retournée vire au bleu outremer ou se transforme en micro bombers, que la maille se veut skinny et que la fourrure se pense oversize, au plus proche de sa nature première. Quant aux robes extrêmement fluides, elles s'amusent de quelques imprimés passés, se veulent mini et finement ceinturés. Entre roots et lurex, Williamson crée une nouvelle amazone, qui mixe savamment authenticité et dress code citadin, telle une Manon des sources dopée aux afters branchées.
On notera la justesse et l'audace des harmonies de couleurs qui, en dépit de se servir du bleu (teinte phare de la saison), parviennent à posséder un petit goût d'originalité. Frôlant parfois le psychédélisme rétro d'une pelote de laine désaxée, flirtant avec les pastels vintages, créant des camaïeux dont Yves Klein aurait été fier ou se mixant à quelques graphismes romantiques, la maîtrise picturale reste un point fort de Matthew Williamson.
Quant à celles qui s'interrogeaient sur la façon d'arborer la robe longue en cette fin d'hiver, ce show nous livre la réponse : en parka et fins souliers. En effet, la dernière silhouette, vaporeuse et réchauffée par une veste mi-army mi-slave attitude, risque fort de nous donner des envies de duplication...
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