Si la palette de couleurs utilisée est toujours dominée par le noir et le gris, elle s'éclaire néanmoins de teintes satinées, girly et finement racées. C'est ainsi que le violet investit les podiums. Challenger du bleu Klein, il se doit de faire ses preuves.
Alberta Ferretti le pense en all over (comme il est désormais de coutume de traiter les teintes fortes). Sur la pièce fétiche de la working girl incognito, le violet sert parfaitement le trench, allié inconditionnel de celles qui rêvent de marier praticité, chic et tendances. La couleur se suffisant à elle-même, le violet se mixe sobrement au noir, de manière à se faire plus chic que chic.
Burberry Prorsum opte pour l'aubergine satinée, et choisit également de laisser vivre les pigments en utilisant un volume oversize pour accueillir cette couleur hypnotisante. Faussement écolière, la preppy girl de Christopher Bailey offre au satin une certaine décontraction, ou tout du moins lui permet de sortir de jour en le matchant à la douce matité de la laine.
Esprit rock chez Moschino Cheap & Chic, qui traite le violet de manière moins novatrice, en surfant sur sa connotation punko-rebelle. Sobre dans la coupe, la petite robe noire s'encanaille sous les ondes électrisantes d'un imprimé placé un rien fluorescent. Mixant extravagance londonienne et allure italienne, la griffe donne naissance un look hybride, peu facile à adopter. On préfèrera donc le violet haut de gamme, qui s'acclimate au purple revendicatif sous des tropiques huppés. S'il arbore parfois une certaine décontraction, il se veut néanmoins toujours impeccablement racé, déclinant un minimalisme parfait.
La vie en rose
Est-ce le film de Dahan ("La môme") qui infusa les esprits créatifs, leur évoquant l'un des plus grands succès d'Édith Piaf : "La vie en rose" ? Ce qui est certain, c'est que désormais le rose se porte en hiver, se décline en camaïeu et n'a plus rien de racoleur.
Versace ne fait pas de compromis, et comme à son habitude opte pour les looks forts. C'est ainsi que le rose sous les doigts de Donatella se pense entier, d'inspiration Barbie, à la fois luxueux et espiègle. Entre fraîcheur et vamp en fourrure, la demoiselle Versace joue les Paris Hilton des bons jours…
Tel un macaron savamment coloré, le duo rose layette/framboise - apposé à des volumes classiques et fashionnement cintrés - fait de ce passage Marni un pur instant de gourmandise 100% light. La rigueur du dress code, adoucit par ces teintes issues de l'enfance, parvient ainsi à investir - sans aucune régression - le vestiaire de la trentenaire.
Casualwear des grands jours, Missoni abandonne un temps les imprimés pour mettre son sens de la couleur au service d'une sobriété efficace. Silhouette à la fois citadine et d'intérieur, la belle de Missoni distille une grâce matinée de désinvolture maîtrisée. Elle apprivoise le rose grenat, et en fait le point d'orgue d'un look masculin féminin très chic à la Max Mara. Le rose sera assurément de la partie pour attaquer septembre prochain. Afin de le traiter avec la modernité qui lui est due, on le déclinera du perlé au sorbet framboise sur la même tenue.
Tartan à temps et contre temps
S'il fut traité autrefois avec circonspection, le tartan semble désormais libéré de son passé écossais et punk, qui en avait limité l'expression. Désormais, il investit tous les styles et n'est plus à proprement parler une tendance, tant son utilisation semble s'être démocratisée. Le tartan, un basic ?
Tellement dans le vent, le tartan assume le melting pot graphique chez D&G, sans peur du fashion faux pas. D'ordinaire, les carreaux ne se mixent pas ensemble ? Qu'à cela ne tienne, la saison est à la transgression, aux mix and match tous azimuts ; il est de bon ton de faire voler en éclats les bonnes manières. Au final, le résultat tartan sur tartan, de la veste aux collants, n'est pas si rédhibitoire que l'on aurait pu penser.
Pour DSquared², le kilt sert de point de départ à une jupe taille haute aux accents dominateurs. Classiquement associée à un sage chemisier blanc, cette tenue revisite les codes de l'uniforme british et le dope au glamour.
Faye Dunaway (dans le film Puzzle of a Downfall Child) n'a pas fini d'inspirer le petit monde de la mode. En capeline de feutre et blouse baba, Roberto Cavalli pour Just Cavalli décline le style de l'actrice sur un air de baba cool made in US. Les carreaux y perdent définitivement leurs racines anglo-saxonnes et se fondent dans d'un look bobo chic. Au final, c'est D&G qui remporte la palme du tartan, en le dévergondant tout en restant furieusement esthétique. Risqué - mais non pas voué à l'échec fashion - le look 100% tartan est à étrenner dès l'automne venu.
Fourrure sauvage
Cosy, warmy et voluptueuse, la fourrure semble s'être définitivement ancrée au sein de nos dressings. Psychédélique l'hiver dernier, elle s'offre une cure de désintox en 2009. Entre retour aux sources et peaux de bêtes quasiment en l'état, la fourrure se veut sixties, woodstockienne et se souvient de l'ère de Néandertal.
Chez Just Cavalli, elle ose encore la couleur, mais sobre, presque trompeuse. On en vient à se demander si les moutons aubergine ne peupleraient pas certaines contrées du globe… Découpe sobrissime, absence de manches, son charme découle du cocon douillet qu'elle forme autour d'une toilette vaporeuse. Elle y perd tous ses liens avec les botoxées de Megève, et se veut plus jeune que jamais.
Entre années 70, dégaine déterminée et stricte attitude assumée, la peau de bête lustrée de chez Dolce & Gabbana sert une jeune femme aux allures rétros qui, tout en expérimentant la pudeur des jupes mi-mollet, ne peut s'empêcher d'actualiser l'ensemble par l'opulence de l'oversize.
Etro, dont le défilé est une succession de looks passés au kaléidoscope, opte pour une fourrure Highlander disciplinée. C'est en lui apposant une accessoirisation fine et féminine qu'il lui offre une existence citadine. Plus gilet surdimensionné que manteau de vison, la fourrure de cet hiver se veut cocooning, sans additif ni conservateur. Elle a pour but ultime de réchauffer les mousselines vaporeuses, chantres de la féminité hivernale.
Volume so chic
Les volumes s'intensifient, les corps se dissimulent et une élégance un rien austère imprègne les catwalks…
Marni crée des silhouettes à étages, véritables mille-feuilles de coupes larges, géométriques et rectangulaires. Consuela Castiglioni casse le côté sérieux - voir anti-féminin - du XXL en total look par un gainage astucieux des extrémités. Ce dernier permet de miser sur les contrastes, qui révèlent ainsi la justesse des volumes.
Pour Missoni, c'est l'imprimé qui habille le volume, jouant au trompe l'oeil et exagérant les dimensions de la robe, qui se confond avec la doublure du manteau.
Si comme chez Gianfranco Ferré, on choisit d'arborer ces pardessus gigantissimes qui mèneront la danse une fois l'hiver venu, on copie rigoureusement le dress code proposé par la maison italienne. C'est donc de mini - voir de micro - que l'on accompagnera les draps de laine oversizes… Si l'on délaisse le skinny au profit de la pureté des volumes, il faudra maîtriser l'art de la construction et toujours équilibrer les cm3 avec des espaces dédiés à la finesse.
Pour ce qui est des autres tendances, on notera également que :
Les longueurs de jupes oscillent entre genou et mi-mollet.
Le tailoring fait rage, entre néo-costume stylé patte d'eph' et complet veston, il s'impose dans presque toutes les collections.
Les matières et coupes se veulent parfois créatives, donnant naissance à des sculptures en 3 dimensions totalement chic.
Les bonnets se posent sur le haut du crâne, à la Burberry.
Les foulards perdent leur désinvolture et - comme nous le montrent Dolce Gabbana - se nouent à la british. ©photo : Vogue
Par Lise Huret, le 27 février 2008
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je trouve ce point tres important.