C'est en 1946 au coeur du Minnesota (terre berceau de la nation sioux), qu'un dénommé Miller décide de se lancer dans la conception de chaussures en cuir. Misant sur le savoir faire local et sur une matière première de qualité (des cuirs rares), il met en place une petite manufacture à Minnetonka, vendant sa production aux boutiques de la région situées à la lisière des grands parcs.
Quelques années plus tard, en plein coeur des sixties, le petit fils du fondateur de la société sent que ces chaussures ont tout pour séduire la jeune génération Peace and Love. Il délocalise donc la société à Minneapolis, afin d'accentuer son rayonnement et de sortir les "minnetonkas" du folklore régional. Le pari est vite réussi, et les ventes s'envolent.
Dans les années 70, il crée un modèle à vocation emblématique, en faisant broder sur les cuirs un oiseau de feu (qui devient la marque de fabrique de Minnetonka) : ce sont les "Thunderbird shoes". Déferlante hippie aidant, il faudra à peine quelques saisons pour que les minnetonkas franchissent l'Atlantique et envahissent l'Europe. Rapidement, les collections s'élargissent, et aux traditionnels mocassins viennent s'ajouter bottes et bottines munies de jolies franges qui, sans le savoir, seront la base d'un futur buzz…
Cependant, si la société Minnetonka garde la santé depuis sa création, cela ne signifie pas que sa courbe de popularité fut toujours au beau fixe : une fois l'euphorie Woodstock retombée, Minnetonka perd de son aura médiatique. Malgré tout - et en dépit de la fluctuation des tendances - Minnetonka a su conserver des comptes positifs, en produisant toujours en fonction de la demande. Par ailleurs, leurs mocassins - reconnus dans le monde entier comme étant des chaussures confortables, éthiques et de qualité - ont assuré à Minnetonka un fond de commerce solide.
Il faudra attendre 2005 pour que l'on recommence à parler de Minnetonka dans la presse féminine, les fameuses bottines frangées ayant été aperçues aux pieds d'actrices comme Kate Hudson et Drew Barrymore, ainsi que de nombreuses mannequins. Les photos circulent, la rumeur enfle lentement, jusqu'à ce que Kate Moss dévalise une boutique Minnetonka, shoppant le modèle "botte frangée" dans tous les coloris existants ; on ne voit alors plus qu'elle en slim et minnetonkas. De leur côté, les prêtresses de la mode célèbrent le grand retour des shoes hippisante, achevant de boucler la boucle, et déclenchant l'explosion des ventes de la marque…
Néanmoins, aussi fulgurant que fut le succès de ces bottes auprès des fashionistas, David Miller évita la rupture de stock (qui aurait pu lui être fatale) grâce à sa stratégie gagnante basée sur la production à la demande. Son usine (située en République dominicaine) a en effet été conçue afin de pouvoir s'adapter aux aléas du marché, tant dans un sens que dans l'autre. De plus, le rapport qualité/prix de ses produits fortement avantageux pour le consommateur plaça la société à l'abri des contrefaçons, qui étaient souvent plus chères que l'original.
Depuis, les bottes Minnetonkas - en parfaite adéquation avec la tendance bobo de ces dernières années - sont devenues des basics. La modeuse les ressort en effet régulièrement, les acclimatant selon les saisons à ses différents looks. Minnetonka a vu ainsi son volume de vente augmenter au long court, les mocassins n'étant plus les seuls à bénéficier du statut de valeur sûre. Par ailleurs, l'attrait actuel suscité par les franges a poussé Miller à imaginer d'autres produits agrémentés de ces petites lanières de cuir fleurant bon le buzz, afin de pouvoir être présents sur les deux tableaux : le pérenne et l'éphémère…
Site internet de la marque : http://www.minnetonka.fr
Par Lise Huret, le 26 mai 2008
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