Dita Von Teese est un personnage de roman construit de toutes pièces par Heather Sweet, petite américaine née en 1972. Cette dernière est très tôt fascinée par la lingerie rétro, et devient addict aux boutiques vintage de sa ville. Elle y découvre les corsets (auxquels elle vouera plus tard un véritable culte), visionne moult films où les pin up sont à l'honneur et se construit peu à peu un idéal féminin à contre-courant de l'époque.
Afin d'assouvir sa passion, la future Dita entame des études d'histoire du costume, avec pour ambition de devenir costumière. Cependant, le destin va en décider autrement : c'est en visitant un bar à striptease pour la première fois qu'elle découvrit des filles aux seins lourds et en string fluo, à des lieux de ce qui pour elle illustrait la séduction. Elle s'exclame alors qu'en 5 minutes elle pourrait faire beaucoup mieux. Le gérant de l'établissement l'entend, et lui propose alors de monter sur scène.
Le contraste entre la vulgarité ambiante et les jupons, bas couture et corset de Heather est saisissant. La belle effectue alors un numéro férocement érotique tout en restant suggestive, une attitude qui soulève l'enthousiasme, lui ouvrant les portes du métier de stripteaseuse. Elle décide alors de se trouver un nom de scène : ce sera "Dita" (en hommage à une actrice du cinéma muet Dita Parlo) et "Von Treese" (qu'elle trouva dans l'annuaire, et dont la sonorité lui plut). Son nom deviendra cependant "Von Teese" après qu'un magazine l'ait mal orthographié…
Heather Sweet disparaît alors, laissant les ficelles de sa vie à une poupée à la chevelure d'ébène, admiratrice fervente de Betty Page (icône glamour des années 40). Peu à peu, Dita pénètre dans le monde de l'érotisme, devenant l'incarnation du fétichisme sexuel, et tourne dans des films pornographiques. Elle pose pour de nombreux magazines et entame une longue collaboration avec Playboy, dans lequel elle apparaîtra à plus de 30 reprises.
Son allure toujours tirée à quatre épingles, ses jupes entravées, ses robes épaulées et son teint de porcelaine en font un être à part, incarnant une féminité poussée à son paroxysme qui ne va pas tarder à intéresser la sphère mode.
Mais en attendant, la belle, loin de n'être qu'une image et étant une véritable artiste dans l'âme (elle excelle en danse classique), se produit sur de nombreuses scènes où elle capte l'attention par ses danses lascives, ses costumes rétro chics, ses allures de pin-up d'un autre âge et ses mises en scène osées. On lui doit d'ailleurs l'épisode de Charlie's Angels ou l'on voit Cameron Diaz se trémousser dans un verre de martini géant…
En 2005, la sculpturale Dita devient subitement le centre de l'attention en épousant le roi du goth trash, Marilyn Manson. Les projecteurs braqués sur elle en permanence, la belle peut alors développer à loisir son image de fétichiste pointue et de femme fatale. En 2002, sa cote explose alors qu'elle apparaît à l'un des concerts des Pussycat Dolls à Las Vegas, anime une soirée Vuitton au Bellagio et se produit sur MTV.
Alors que Jean Paul Gaultier et Vivienne Westwood avaient depuis déjà quelque temps repéré le personnage, c'est désormais tout le gotha de la mode qui se met en quatre pour cette nouvelle déesse atypique et ensorcelante. Nombreux d'ailleurs sont ceux (tels que John Galliano ou Marc Jacobs) qui la considèrent comme la célébrité la mieux habillée au monde.
Il faut dire que Miss Von Teese, en parvenant à imposer une image rétro, diablement sexy, ultra pulpeuse, finement maîtrisée et jamais vulgaire, ne pouvait que forcer le respect des couturiers. Depuis, la belle est de tous les défilés, en cape, bibi et fourreau. On s'arrache sa présence, et on redoute son absence...
En 2006, Dita Von Teese publie son autobiographie "L'art du glamour, L'art du fétichisme" qui revient sur son parcours et ses inspirations. La même année, elle signe un contrat avec le Crazy Horse pour cinq représentions, où elle donnera son show à guichets fermés. En 2007, elle met fin à son mariage. Les mauvaises langues murmureront qu'elle n'avait plus besoin de son mari pour briller, tandis qu'elle déclarera que toutes les belles histoires ont une fin…
À ce jour, Dita Von Teese est devenue un fantasme vivant animant les shows les plus prestigieux, de Paris à New York en passant par Hong Kong. Certaines maisons de luxe envisagent même d'en faire leur égérie… À suivre.
Par Lise Huret, le 02 juin 2008
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