Sommes-nous face à une crise de conscience de l'industrie de la mode qui, à force de se faire taper sur les doigts et d'être accusée de promouvoir un physique unique, une beauté maigrissime et une jeunesse irréelle, aurait décidé de rentrer dans le rang ? Si l'on en croit les annonces successives révélant le nom des égéries de la saison prochaine, on pourrait effectivement se prendre à espérer que le métissage des genres, des âges et des morphologies soit la nouvelle donne en matière de communication.
D'autant plus que cela semble se passer pour une fois sans excès. En effet, Roberto Cavalli n'a pas choisi Beth Ditto pour porter les couleurs de Just Cavalli, mais il n'a pas non plus opté pour un format Kate Mossien. Il a jeté son dévolu sur une jeune fille de bonne famille (et de sang royal !) qui n'est autre que l'aînée du prince Andrew (duc de York) et de Sarah Ferguson. Et pourtant, celle-ci n'a vraiment rien d'un top…
Sa mâchoire un rien proéminente n'est ainsi pas des plus flatteuses, et sa taille 40 est à des années lumières des micro sizes actuelles. Et si elle s'est affinée et a adopté un style vestimentaire un peu moins ringard que par le passé, cela n'en fait pas une Charlotte Casiraghi. Cela semble cependant avoir attiré le couturier italien, qui depuis quelque temps s'entiche de canons de beauté pour le moins atypiques… En fait, il déclare apprécier la personnalité et la vitalité de la princesse Béatrice, qui vont selon lui donner naissance à une campagne de pub remarquable.
Sommes-nous en train de rêver, où un styliste est-il réellement en train d'affirmer que le physique n'est pas tout, que l'on peut se retrouver plébiscitée par le maître du glamour italien en dépit d'afficher quelques rondeurs, et que l'esprit et le charme peuvent sublimer une plastique un brin commune ?
Assistons-nous à une passade humaniste (pour mieux revenir dans quelques semaines à des règles draconiennes en matière d'IMC), à un coup marketing visionnaire (sentant poindre le cygne royal derrière le vilain petit canard Béatrice) ou à une véritable ouverture d'esprit visant à sublimer les femmes dans leur ensemble ?
Croisons les doigts et attendons… Mais n'espérons pas trop…
Par Lise Huret, le 10 juin 2008
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