Celle qui nous habille pour l'hiver n'a pourtant pas le background d'une Anna Wintour… Pourtant, cela ne semble pas avoir empêché cette ancienne provinciale (originaire de Pau) d'être de tous les défilés, de copiner avec les stars, d'embrasser les créateurs comme du bon pain et de se permettre les commentaires les plus acerbes sur le look de Miuccia Prada et autres Donatella Versace…
À force d'audace, de charme et d'effronterie, Agnès Boulard (qui gommera très vite "Boulard" au profit de "Mademoiselle") est parvenue à intégrer le gotha de la mode, le saint des saints de la hype, au point d'en devenir une figure incontournable. Ni mondaine, ni people, plutôt pythie que prêtresse fashion, Mademoiselle Agnès est tout simplement inclassable, ce qui lui évite les carcans et lui offre une grande liberté d'expression.
Ce n'est sûrement pas un hasard si Agnès voit le jour en 1968, année si particulière où il est interdit d'interdire… Très tôt, la jeune fille qui grandit de déménagement en déménagement sent naître en elle un désir irrépressible d'indépendance. Son seul objectif est alors de gagner de l'argent afin de s'offrir les clefs de la liberté, et plus concrètement celles d'une voiture. Pour cela, la belle est prête à forcer la chance…
C'est ainsi qu'un jour, à la terrasse d'un café parisien, après avoir surpris une conversation où il était question de rechercher une assistante, elle propose ses services à l'intéressé. Elle décroche alors le poste et se retrouve à la rédaction du journal "7 à Paris". Le destin vient de lui sourire, et la jeune femme (qui a alors 22 ans) ne boudera pas sa chance et s'acclimatera très vite. Couvrant le Festival de Cannes, Agnès sympathise avec les futures stars de Canal+ et prépare son avenir.
Ainsi, lorsque 7 à Paris cesse son activité, Agnès n'hésite pas à prendre son téléphone et à demander à Alain Kruger (alors producteur de la chaîne) de lui trouver une petite place dans son équipe. Elle inaugure en 1991 - dans l'émission Nulle Part Ailleurs - le concept de la présentatrice météo déjantée, qui fait un véritable carton à l'époque des speakerines sans saveur.
Petit à petit, ses chroniques au ton déluré prennent une saveur plus mode, et celle qui au début n'avait pour cet univers qu'une fascination typiquement féminine parvient à devenir la madame fashion du PAF. Canal lui confie alors l'analyse des défilés diffusés sur la chaîne, et Mademoiselle Agnès devient une référence en matière de must have, d'it looks, de fashion faux pas et de tendances à ne pas louper…
Le petit monde de la mode accueille ainsi en son sein cette pétillante brindille, sans rien trouver à redire. Elle pénètre chez les initiés, enrichit son carnet d'adresses, fraie avec la crème des VIP et devient l'une des silhouettes familières du Tout-Paris. Elle n'y perdra cependant jamais son naturel, ni sa gouaille fanfaronne, et encore moins son aura ultra sympathique qui ont fait d'elle un personnage à part entière, entre fashionista, socialite haut de gamme et journaliste sans tabous.
Lorsque l'heure du turn-over arrive sur Canal, Mademoiselle Agnès accuse le coup mais rebondit assez vite. Vogue lui propose de tenir un rendez-vous mensuel au sein du magazine, où elle interviewera de façon informelle une célébrité. Elle saute sur l'occasion et sera fidèle à ses "Petits-déjeuners avec" jusqu'en 2005.
Cependant, Agnès brûle de se plonger à nouveau à corps perdu dans l'euphorie du monde de la mode. Après avoir rencontré Loïc Prigent, elle décide ainsi de monter sa propre société de production, "LaLaLa", qui proposera des reportages tels que "Signé Chanel" pour Arte, l'émission "La mode La mode la mode" mais aussi et surtout les rendez-vous bi-annuels "Habillées pour…".
Mademoiselle Agnès et Loïc Prigent semblent avoir trouvé en l'autre leur âme soeur sur le plan professionnel. Ensemble (l'une devant la caméra, l'autre derrière), ils décortiquent un monde qui les fascine et les amuse. "Habillé pour…" devient leur terrain de jeu.
Et ils ne se refusent rien : que ce soit singer la glaciale Anna Wintour lors d'un défilé Lanvin, tourner en dérision les activistes de PETA ou commenter la dernière liposuccion de Donatella Versace… Le ton décalé à souhait - très discussion sans filtre entre filles - de Mademoiselle Agnès lui permet de lancer les pires choses sans pour autant se griller dans le milieu.
En parallèle, elle diversifie ses activités. Elle apparaît ainsi en 2007 dans le téléfilm "Mariage Surprise" d'Axelle Laffont, devient l'égérie de Weill (et apporte à la griffe vieillissante une nouvelle visibilité) et fait quelques apparitions dans le Grand Journal de Canal (qui l'accueille de temps à autre pour un point mode). À la rentrée prochaine, elle diffusera d'ailleurs sur la chaîne cryptée un documentaire déco "Les travaux d'Agnès", qui suivra les transformations de son appartement…
Pour assumer un tel rythme, on soupçonne la belle de posséder une ou deux recettes magiques. Et pourtant non… Elle dort 6 heures par nuit (car elle n'a pas besoin de plus), avale au petit-déj ' une brioche, une tasse de thé vert et un millier de petites pilules (vitamines, plantes, etc) et s'habille comme bon lui semble. Seule condition : avoir envie de danser et minauder devant sa glace quelque soit sa tenue (test ultime selon elle pour savoir si le look fonctionne sur vous).
En hiver, elle devient moelleuse, tandis que 3 mois avant l'été elle se met au sport intensif. Son plus grand plaisir est le farniente le week-end dans son lit king size. Elle est pleine de bonnes résolutions (elle tente d'ailleurs parfois d'arrêter de fumer), regrette de ne pas être née suédoise avec des cheveux blonds et adore les treillis (mais se damnerait pour du cachemire)…
Insaisissable, éclectique et complètement libérée, cette demoiselle à la voix rauque n'a pas fini de nous séduire, distillant à merveille cette dérision pince-sans-rire, sorte de poil à gratter indispensable au bien allé psychique de l'univers mode…
Par Lise Huret, le 11 juillet 2008
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