Lors de son passage dans deux des plus prestigieuses écoles de mode d'Angleterre (Saint Martins School et Cordwainers), Nicholas Kirkwood occupe son temps libre d'étudiant en concevant des souliers pour le renommé Philip Treacy. Il en sera ainsi durant cinq ans, jusqu'au jour où il décide de concevoir sa propre collection (en 2005).
Ses modèles (réalisés à la main) ont beau être plus propices à entrer au musée qu'à être portées, cela n'empêche pas le jury du prix Condé Nast - aidant les jeunes chausseurs talentueux - de lui décerner la première place en 2005, ce qui propulse instantanément Kirkwood sous les feux des projecteurs. Tous se demandent alors si ce Martin Margiela du stiletto parviendra à allier talent avant-gardiste et contraintes commerciales...
Finalement, Condé Nast avait vu juste : la deuxième collection de Kirkwood est une petite merveille. Celui qui rejette en bloc la notion de fioriture, qui abhorre le baroque, qui réinvente le volume des patins, compensées et talons en s'improvisant architecte et qui focalise l'esthétique de ses escarpins sur une ligne épurée et presque agressive (mais toujours féminine), devient le talent à suivre.
Dès lors, les femmes de caractère aux envies de mode forte et expérimentale s'offrent ses souliers. On découvre ainsi Grace Jones chaussée de Kirkwood, tandis que Jean-Paul Goude les réquisitionne pour un shooting.
Depuis, sa renommée monte crescendo. Les rédactrices de mode ont d'ailleurs remarqué que de saison en saison, toujours plus de créateurs font appel à lui pour imaginer les souliers de leurs défilés. Parmi eux, on note la présence de griffes qui comptent, telles que Chloé, Zac Posen, Tommy Hilfiger, 3.1 Phillip Lim et tout dernièrement les Rodarte...
Il faut dire que les créations de Nicholas Kirkwood possèdent cette folie propre au génie qui ne peut laisser indifférent. Forts, entiers et massifs (mais néanmoins gracieux), ses modèles n'ont que faire de la sexyness facile et d'un glamour à l'emporte-pièce. Ils sont sans concessions, et destinés à des femmes charismatiques et sensuelles, prêtent à promouvoir une nouvelle génération de stilettos.
Fraîchement en charge du secteur accessoire chez Pollini, le designer a légèrement déçu ses fans en tempérant sa créativité d'une dose de bienséance. Ce dernier se justifie en déclarant que chez Pollini, il ne peut faire abstraction des codes de la maison...
Alliant design rock, lignes futuristes et mix de matières expérimental, sa propre collection devrait cependant combler celles qui le suivent à la trace depuis 2005, ainsi que les petites nouvelles qui ont découvert leur nouveau fashion gourou grâce au défilé Rodarte été 2009…
Site officiel : https://www.nicholaskirkwood.com/
Par Lise Huret, le 29 octobre 2008
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