Originaire des Pouilles en Italie, Riccardo Tisci grandit au milieu de ses huit soeurs. Il confiera plus tard que cet entourage féminin a sûrement généré en lui une forte inclinaison pour le romantisme et la sensualité. Lorsqu'il atteint l'âge de voler de ses propres ailes, le jeune homme décide d'aller poursuivre ses études en Angleterre et d'y intégrer la fameuse Saint Martins School, où il passe des années studieuses.
Sa collection de fin d'études sera d'ailleurs fortement remarquée, notamment par une boutique londonienne - Kokon To Zaï - qui lui propose de l'acheter directement. En dépit de l'opportunité commerciale que cela représente, Riccardo refuse, car il désire conserver sa collection en souvenir. Cependant, Kokon To Zaï ne renonce pas et lui propose de réaliser quelques pièces spécialement pour elle, une proposition qu'il accepte. Ses créations sont alors très vite repérées, au point de se retrouver dans les pages du Vogue anglais et de séduire la chanteuse Björk.
Durant plusieurs années, on a ainsi pu trouver chez Kokon une collection signée Riccardo Tisci. Cependant, ce dernier n'a alors guère les moyens de faire produire ses vêtements. Il réquisitionne donc sa mère et ses soeurs, qui jouèrent durant cette période le rôle de petites mains...
Petit à petit, il commence à se faire un nom dans le milieu et différentes propositions de travail s'offrent à lui. Il devient alors directeur artistique chez Puma, puis oeuvre chez Coccapani. En parallèle, Riccardo tient à un jour un carnet où il note toutes ses inspirations, en pensant au moment où il sera amené à créer pour lui-même, une éventualité qui lui semble assez lointaine. Le destin le rattrapera plus vite que prévu...
En 2004, Riccardo Tisci signe un contrat de trois ans avec Ruffo Research, une griffe qui propose à des jeunes créateurs de travailler pour elle, leur offrant une vrai exposition et gagnant ainsi elle-même en dynamisme. Cependant, alors que Riccardo Tisci est en plein travail, Ruffo Research lui fait savoir que tout est annulé et que par manque de moyens ladite collection doit passer aux oubliettes.
Au lieu de s'apitoyer sur son sort, Riccardo voit dans ce revirement de situation un signe du destin, d'autant plus que ses amis (mais également les acheteurs et les rédactrices de mode) le poussent à créer sa propre griffe. Revigoré par leur soutien, il s'envole vers l'Inde (où il a quelques contacts) et met sur pied une collection capsule. Le résultat est si probant que ses amis le convainquent de défiler lors de la fashion week de Milan. Or Riccardo n'a pas les moyens…
Qu'à cela ne tienne, chacun propose de travailler gratuitement et Mariacarla Boscono, la muse et presque soeur du styliste, se débrouille pour convaincre les tops les plus en vogue de défiler gracieusement. De plus, elle ne se contente pas de lui composer un casting de rêve et réussi à convoquer toute la presse mode qui compte : Vogue US, Another Magazine, Dazed and Confused... Même Carine Roitfeld a fait le déplacement...
La collection fait des étincelles, et l'attention se focalise sur ce créateur au style à la fois romantique, sensuel et graphique. Quelques semaines après Milan, Riccardo est approché pour reprendre la direction artistique de la maison Givenchy. Seule condition : il doit abandonner sa propre griffe et se donner à 200% dans son nouveau job. Il faut dire que le challenge est de taille : pas moins de cinq créateurs - et non des moindres - l'ont précédé et se sont cassés les dents sur le mythe Givenchy.
Il accepte, et s'immerge alors au sein des archives de la maison afin de pouvoir saisir les codes chers à Hubert de Givenchy, d'en extraire l'essence et de les inscrire dans la modernité. Pour sa première collection, Riccardo mise sur les non-couleurs, ses courbes sobres tentant de définir les lignes de la "couture Moderne". Dans un premier temps, la presse a du mal à savoir que penser de Tisci, celle-ci s'interrogeant sur ce que devrait être une collection Givenchy. Le passé chaotique de la griffe ayant brouillé les cartes, il est ainsi difficile de savoir si le travail de ce créateur quasi inconnu est à la hauteur...
Cependant, Riccardo Tisci ne s'en offusque pas et continue à imaginer Givenchy en noir et blanc, baigné d'une élégance novatrice, ciselée et pointue qui fait mouche auprès des femmes. En effet, si la critique ne sait sur quel pied danser, la gent féminine a vite pris la mesure du talent du DA de Givenchy. On voit ainsi la reine Rania De Jordanie s'afficher en Givenchy Haute Couture, quand ce n'est pas Cate Blanchett qui étrenne l'une des créations de Tisci sur tapis rouge...
Si Riccardo parvient à les séduire, c'est qu'il porte une attention toute particulière à ce que ses robes soient portables en dehors des podiums. Il ne crée pas pour le show, mais bien plus pour voir ses modèles portés dans la vraie vie...
C'est ainsi qu'épaulé par Carine Roitfeld (sa marraine de coeur depuis qu'elle a assisté à son premier show milanais) et conforté par l'accueil du public, Riccardo Tisci a pu se développer sereinement au sein de la maison Givenchy. En quelques saisons, son travail a fait l'unanimité et le défilé Givenchy est redevenu un moment fort de la fashion week parisienne.
Son style souvent monochrome - avec une nette préférence pour les teintes charbon - lui a valu d'être perçu comme gothique, ce que Tisci réfute. En effet, s'il aime le romantisme, la sensualité, la mélancolie et ne supporte pas les couleurs fades, il juge que cela ne doit pas l'enfermer dans un carcan dit gothique. Par ailleurs, il a su au fil des saisons dépasser largement la notion de goth' pour concevoir des silhouettes architecturales, graphiques, parfois fétichistes, novatrices et terriblement désirables. Ses défilés deviennent alors des creusets à must have…
Fière du succès de son poulain, LVMH lui confie en 2007 la section Accessoires et Homme de Givenchy. Riccardo dessine donc toutes les lignes de la maison. Sa renommée grandissante lui permet par ailleurs de vivre des expériences gratifiantes : il habille ainsi Madonna pour sa tournée internationale, préside l'édition 2008 du festival de Hyères et officie en temps que guest rédacteur en chef du A Magazine.
En dépit de ces plébiscites tous azimuts, Riccardo Tisci reste pourtant un jeune homme humble, réservé et concentré, préférant l'ombre à la lumière. Grâce à lui, Givenchy est revenu dans les petits papiers de Suzy Menkes, dans les bonnes grâces de Cathy Horyn et s'est ancré durablement dans nos fantasmes de fashionistas... Merci Riccardo.
Par Lise Huret, le 06 novembre 2008
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Je pense qu'il a une certaine sensibilité et même lorsqu'il crée des des slim en cuir, des looks monochromes
et etc..., c'est très léger, c'est porté de manière assez désinvolte!!!
Cependant, je note quelques bémols:
-La sensation, comme chez BALMAIN d'une présence presque étouffante du duo de Vogue.
-La répétition et le manque de créativité(même si c'est beau)de sa dernière collection
-Le fait(personnel)que l'on s'éloigne de plus en plus de l'univers GIVENCHY, ce qui me fait me poser certaines questions:
Fait t-il du Tisci chez givenchy où est-ce la visions qu'il a de la femme givenchy au 21ème siècle??
Sinon, je salut cet artiste qui a fait revivre cet illustre maison et espère qu'il nous surprendralors des prochains défilés