Ce sont eux qui renommèrent nos jeans stretch en slims et nos caleçons en leggings : les faiseurs de tendances ont toujours eu l'art et la manière de donner une nouvelle aura à un produit, simplement en changeant son appellation. Ainsi, lorsque les stylistes décident de puiser leur inspiration dans le passé proche, les éminences grises de la mode s'empressent de valider leur choix en trouvant un nouveau nom à une pièce n'ayant finalement pas beaucoup évolué...
A coup d'anglicismes trendy, un basic ringard peut ainsi devenir un produit hautement tendance en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Le consensus entre les médias et les marques est alors tel qu'il parviendrait presque à nous faire oublier qu'avant les leggings, les caleçons boudinaient déjà nos mères...
Autrement dit, la formule éculée visant à proclamer que la mode est un éternel recommencement reste plus que jamais d'actualité. Et s'il est important - voir vital - que Ghesquière puise dans les archives de Balenciaga ou que John Galliano s'imprègne des croquis de Mr Dior, le "recommencement" est tout de suite moins glamour lorsqu'il s'agit simplement de rebaptiser un accessoire de la saison précédente afin de le réintroduire en fanfare...
Or, c'est précisément le cas de la fameuse écharpe tube qui, en dépit d'avoir déjà séduit bon nombre de fashionistas l'hiver dernier, joue les nouvelles venues sous la houlette de Christopher Bailey.
En faisant de l'écharpe tube l'un de ses accessoires phare, la maison anglaise s'est en effet sentie obligée de lui trouver une nouvelle appellation, en sous entendant d'être à l'origine du produit. C'est ainsi que le snood est né et que l'écharpe tube est devenue ringarde... Enfin juste sur le papier, car dans les faits nous parlons bel et bien du même produit.
Du coup, que celles ayant fréquenté assidûment les cafés tricots afin de réaliser leur propre écharpe tubulaire ou acheté le modèle édité par Kookaï se rassurent : leurs mailles oversize sont plus que jamais dans le vent, à condition d'employer le bon vocabulaire. Eh oui, la hype attitude ne tient parfois qu'à un fil. Ou plutôt qu'à un mot...
Par Lise Huret, le 20 août 2009
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