Kate Lanphear aurait pu rester un nom parmi d'autres dans l'organigramme des bureaux du Elle US et continuer à arpenter anonymement la rue de Rivoli pendant la fashion week parisienne. Cependant, l'avènement de la photographie "street style" a quelque peu changé la donne...
Avec sa coupe blonde tomboy et sa silhouette androgyne, Kate Lanphear n'a en effet pas laissé indifférent les photographes - amateurs ou non - fréquentant assidûment les abords des événements mode, à la recherche de looks forts. Il faut dire que son style finement grunge l'auréole d'une élégance rare, tandis que l'androgynie de ses tenues souligne sa fragile féminité.
Lanphear compose d'ailleurs ses looks avec une telle précision - frôlant la perfection minimaliste dark chic - que l'on a du mal à imaginer qu'il ait pu un jour en être autrement. Pourtant, avant d'être cette femme dont les photos suscitent pléthore de commentaires élogieux, Kate dut trouver la force d'imposer son style, aussi bien au sein de son milieu familial que professionnel...
Issue d'une famille catholique d'origine irlandaise, Kate grandit aux côtés d'une soeur qu'elle définit comme une pure "American Girl", ne jurant que par les jeans Abercrombie et les sweats Old Navy, et d'une mère férue de twin-sets et de tenues coordonnées. Le must familial était alors d'assortir son sac avec ses chaussures...
De son côté, Kate tapisse les murs de sa chambre de posters d'Axl Rose et supplie sa mère de lui acheter des jeans ultra skinny décolorés à l'acide. Une fois obtenus, elle s'empresse de les accompagner de boots avachies et d'une maxi veste en cuir. Ne ressemblant en rien à celle des ados Bon Chic Bon Genre de Virginie, sa dégaine de jeune hard rockeuse ne passe pas inaperçue...
Une fois à New York, Kate décroche un job d'assistante dans un magazine de mode. Très vite, la "pression vestimentaire" devient colossale. Elle tente alors de rentrer dans le moule en essayant d'adopter le style de la fille du moment, Carolyn Bessette Kennedy. L'opération est un total fiasco : Kate se sent affreusement déguisée...
Un jour cependant, au détour d'une boutique vintage, elle tombe sur un de ces fameux jeans skinny "Acid Wash". Elle vit ces "retrouvailles" comme une révélation et décide de renouer avec les slims de son adolescence. Kate trouve ainsi son style et commence peu à peu à l'assumer pleinement...
Si bien que lorsqu'elle décroche un entretien pour un poste de "fashion editor", elle y va en jean ultra bleached, transgressant ainsi le dress code tacite du milieu. Cela ne l'empêche pourtant pas de décrocher le job, sa confiance en elle ayant fait mouche auprès de la rédactrice en chef...
Kate Lanphear comprend alors que l'important en matière de style n'est pas de correspondre à la norme, mais plutôt d'être en accord avec soi-même (même si lors des réunions familiales chez tante Bunny, elle préfère opter pour un look plus sage en laissant ses studs à New York...).
Au quotidien, Kate est devenue une inconditionnelle des vestes Yves Saint Laurent et des chaussures Balenciaga, et voue un véritable culte à Givenchy et Alaïa. Ce qui ne l'empêche pas d'agrémenter ses pièces créateurs de tee-shirts loose, de skinny et de bijoux où les clous, le cuir et les pointes ont la part belle.
Il ne nous reste plus qu'à attendre février et le début des fashion weeks pour à nouveau - par le biais des clichés de Jak&Jil ou du Sartorialist - prendre quelques leçons de style auprès de la frêle Kate. A moins que l'on préfère se contenter de suivre à la lettre son conseil : "That's the thing about fashion : You can use it to hide, but it's only magic when you use it to express who you really are"...
Par Lise Huret, le 07 janvier 2010
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"Voilà ma vision de la mode : vous pouvez très bien vous réfugier derrière elle, mais la magie n'opère vraiment que lorsqu'on l'utilise pour exprimer sa propre personnalité."