Tommy Ton

Tommy Ton fait partie de ces rares élus du street style qui ont vu leur quotidien se transformer en conte de fées. En une saison, le Canadien est en effet passé du statut d'anonyme à celui de photographe chouchou, lui donnant accès aux front rows, aux backstages et même à l'appartement d'Anna Dello Russo...

Tommy a 13 ans lorsqu'en visionnant une chaîne de mode aux côtés de sa soeur, il tombe sur le défilé Gucci. Devant le spectacle offert par Tom Ford, le jeune homme a une révélation : il deviendra designer. Passionné, il passera désormais le plus clair de son temps libre à compulser des magazines de mode et à rêver devant Fashion TV...

À 15 ans, Tommy Ton réalise que c'est finalement l'aspect "business" de la mode qui le fascine le plus ; il décide dont de postuler chez Holt Renfrew, l'équivalent de Barneys au Canada. Cependant, l'expérience s'avère très vite décevante : côtoyer le milieu des acheteurs ne l'épanouit pas. Le jeune homme se sent alors quelque peu perdu, ne sachant pas à quelle branche de la mode se vouer... Heureusement, le destin va finir par lui sourire : nous sommes en 2007, Tommy Ton assiste au lancement des premiers magazines online et comprend immédiatement que c'est vers ce genre de formats qu'il doit se diriger. Il achète alors un appareil photo et commence à shooter les personnes lookées qu'il croise (que ce soit dans la rue ou lors de soirées), puis les publie sur son site.

Oui mais voilà, le photographe en herbe épuise vite les ressources "fashion" de Toronto et commence à s'ennuyer. Il finit par s'acheter un billet d'avion pour Londres et Paris, afin d'assister aux fashion weeks. C'est pour lui une seconde révélation : tel un adolescent surexcité face à l'idée de pouvoir enfin vivre ses rêves, Tommy Ton déborde d'enthousiasme devant la faune hautement stylée gravitant autour de lui. Il ne ratera désormais plus aucune saison... Sur les graviers blancs des Tuileries, la concurrence est rude : les street stylers sont nombreux, le succès de Scott Schumann ayant suscité de nombreuses vocations. Tommy comprend alors que pour s'épanouir, il lui faudra trouver sa propre façon d'opérer. En septembre 2008, renonçant à demander aux gens de poser, il se met à shooter dans l'action, à la manière d'un grand reporter.

Sans le savoir, Tommy Ton vient de décrocher son laissez-passer pour les étoiles. Son style novateur intrigue en effet rapidement la fashion sphère, à tel point qu'il reçoit deux mois plus tard un email des grands magasins Lane Crawford, qui lui demandent de s'occuper du shooting leur look book. Cette commande sera pour lui la première d'une longue liste, qui le mènera jusqu'aux portes de Vogue : en 2009, Condé Nast lui offre ainsi l'opportunité de prendre la succession de Scott Schuman au sein de Style.com... Davantage axé sur la mode pure (il privilégie les prises de vue ciblées sur les produits), l'oeil du jeune homme suscite alors l'enthousiasme du plus grand nombre. Cela dit, ce nouveau job chez Style.com le contraint à délaisser temporairement son site, ce qui lui vaudra quelques critiques. Face à elles, le photographe reste pragmatique : contrairement à son blog (qui n'est finalement pour lui qu'une vitrine), son travail chez Condé Nast lui permet de gagner sa vie...

Grâce à l'étiquette "Style.com", Tommy Ton devient très vite un hôte recherché ; nombreux sont les bureaux de presse à lui faire la cour. Mais ce n'est rien par rapport à l'attention qu'il suscitera après qu'Anna Dello Russo eut suggéré au duo Dolce&Gabbana de placer une brochette de blogueurs en front row... Véritable muse de Tommy Ton, la rédactrice en chef de Vogue Japon joue le jeu jusqu'au bout en ouvrant les portes de son appartement à son premier fan, lui permettant de shooter son intérieur. Dans le même temps, Vogue Paris lui propose de s'envoler vers Chicago pour photographier la jeune Tavi. Côtoyer Anna Dello Russo, shooter pour Vogue Paris, apparaître dans le Vogue US... Tommy Ton réalise ses rêves un par un.

Cela dit, s'il a conscience d'avoir participé à l'émergence d'un nouveau type de média, il sait également que le monde de la mode est volage et que ceux l'ayant hissé au sommet peuvent très bien décider de le destituer sur un coup de tête. Mais peu importe, pour lui l'essentiel est de pouvoir continuer à shooter tous azimuts cette mode qui le passionne tant, et ce que ce soit sous les paillettes ou en total anonymat...

Découvrez l'interview de Tommy Ton par Christopher Michael : https://models.com/mdx/tommy-ton/