Au sein du petit monde de la mode, Katie Grand fait figure d'électron libre. Point de make up élaboré ou de brushing lustré pour cette femme de 40 ans aux dents du bonheur : la styliste est de celles qui osent le naturel et refusent la starification, et ce en dépit d'avoir une influence non négligeable sur bon nombre de griffes haut de gamme. Louis Vuitton, D&G, Armani ou encore Fendi ont ainsi souvent confié leur image à l'intrépide Anglaise...
Pour Katie Grand, tout commence à l'âge de 12 ans lorsque, légèrement malade, elle se retrouve clouée au lit. Afin de la distraire, son père - un chercheur scientifique - lui achète deux magazines : Vogue et Face. La préadolescente y découvre un univers délicieusement attirant, mais qui dans un premier temps lui donnera juste envie d'être "cool".
Enfant de divorcés et fille d'un père très ouvert d'esprit, Katie brûle très tôt la vie par les deux bouts. Les fêtes, l'alcool, les virées shopping et l'école buissonnière rythment alors son quotidien d'adolescente.
Dès ses 15 ans, Katie se met à compulser frénétiquement tous les magazines de mode, tout en réduisant drastiquement ses apports caloriques : l'ado rêve en effet du poste de rédactrice en chef de Vogue, et veut pour cela devenir plus fine que fine. S'en suivent dix années de privations draconiennes et de consommation boulimique de magazines de mode...
Afin de confronter ses ambitions à la réalité, elle ne tarde pas à écrire à Liz Tilberis - alors chez Vogue UK - afin de lui demander conseil. Celle-ci lui suggère d'entrer à la Saint Martins School. Afin de s'y préparer, Katie Grand se met à suivre moult cours d'art, allant de la sculpture au dessin en passant par la création de bijoux.
Forte de ces multiples expériences, la jeune femme est peu de temps après reçue à la Saint Martins School. Elle fait alors partie de la promo de Giles Deacon et de Stella McCartney, qui ne tarderont d'ailleurs pas à devenir des amis très proches.
Cela dit, miss Grand ne trouve pas son compte dans l'enseignement dispensé à la Saint Martins ; elle n'hésite donc pas à quitter les lieux lorsque le photographe John Rankin lui propose de l'aider à monter un magazine. Ce sera "Eat Me", puis "Dazed&Confused".
Au contact de Rankin, Katie Grand apprend à être ultra positive, à croire à l'impossible, à aller sans cesse de l'avant et à fonctionner au système D. Or, si ses 7 années passées à travailler pour Dazed&Confused sont marquées du sceau du bénévolat, elles lui offrent également l'inestimable opportunité de dévoiler ses talents de styliste...
En plus d'être des plus formatrices, cette expérience lui ouvre les portes des maisons de luxe, qui voient en la jeune femme le moyen de rebooster leur image. Bottega Veneta est la première d'entre elles à lui laisser carte blanche pour reconstruire son aura. Katie Grand - qui se met à superviser la communication de la griffe - lui conseille alors d'embaucher Giles Deacon à la direction artistique.
Le résultat est tel qu'il attire l'attention de Miuccia Prada, qui lui demande bientôt de "faire quelque chose" pour elle. S'en suivront plusieurs années de collaborations fructueuses...
Adoubée par la profession, Grand peut commencer à demander des cachets substantiels pour une journée de consulting (entre 3000 et 4000 £). Une telle manne financière lui permet d'assouvir sa passion pour Alaïa, Prada ou encore Chanel, mais aussi et surtout de lancer en toute sérénité "Pop", son propre magazine...
Dès le premier numéro (paru en 2000), ce dernier se voit adulé par la critique. Il faut dire que l'énergie nouvelle qui s'en dégage, l'attention portée aux couvertures (qui s'avèrent particulièrement innovantes) et les nombreux invités prestigieux (qui se bousculent pour apparaître dans les pages du glossy) en font un objet captant instantanément l'attention.
Très vite, apposer son nom en première page de Pop devient synonyme de consécration. On voit ainsi s'y succéder la crème des stars (Madonna), des mannequins (Kate Moss), des photographes (Ryan McGinley) et des créateurs, et ce souvent gratuitement...
En 2008, Katie et son équipe décident de s'envoler chez Condé Nast pour donner naissance à "Love", dont les couvertures "shocking", les photographies toujours plus fortes et l'aura de Katie Grand attirent rapidement tous les grands noms du luxe.
Lorsqu'elle se voit interrogée sur les raisons de l'engouement qu'elle suscite (notamment dans le domaine du consulting), la jeune femme évoque sa capacité à trancher dans le vif, dans un monde où les créateurs tergiversent sans cesse. Une qualité qui la rend particulièrement indispensable à quelques jours des fashion weeks...
Et si sur le plan professionnel Katie avoue avoir atteint la majorité de ses objectifs, elle se déclare également comblée par sa vie personnelle. Elle vit en effet dans une immense maison dont le rez-de-chaussée est entièrement consacré à l'archivage de ses innombrables vêtements (classés par ordre alphabétique) et vient de se marier en Alaïa avec son petit ami de longue date, le musicien Steve Mackey.
À noter également :
Ses icônes de mode vont de Stéphanie Seymour à Lara Stone en passant par son père et Miuccia Prada
Elle pratique à l'excès la natation et la course
Elle n'utilise aucun produit de beauté
Elle ne pourrait vivre sans sa paire de stilettos Alaïa
Topshop est son enseigne fast fashion préférée
La première chose qu'elle sauverait si sa maison était en flammes serait son lapin Clara
Elle déteste le muesli
Sa philosophie tient en quelques mots : "Ne jamais rien regretter"
Si elle devait être incarnée au cinéma, elle aimerait que ce soit par Eva Mendes
Par Lise Huret, le 10 septembre 2010
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