Fondée en 1952 par René Ramillon, l'entreprise Moncler - qui doit son nom à la contraction de "Monestier de Clermont", le village qui accueillit ses premiers pas - est à ses débuts essentiellement tournée vers les activités d'extérieur. Elle se focalise ainsi sur la production d'articles de qualité tels que les sacs de couchage matelassés ou encore les tentes de camping pour haute montagne. Ces dernières rencontrent d'ailleurs rapidement un grand succès...
Deux ans plus tard, en 1954, les premières doudounes voient le jour. Cela dit, conçues pour réchauffer les ouvriers de la petite usine de montagne (qui souffrent du froid mordant de la région), celles-ci ne sont pas destinées à la vente. Efficaces mais peu ergonomiques, on les appelle les "boîtes bleues".
Il faudra finalement attendre que l'alpiniste et aventurier Lionel Terray s'intéresse à ce curieux vêtement pour que René Ramillon se mette à exploiter son potentiel. En proposant une doudoune en duvet d'oie compressé (ce qui permet d'obtenir une protection au froid inégalable), l'homme va alors littéralement révolutionner le milieu des sports extrêmes...
La doudoune Moncler devient ainsi très vite l'un des accessoires indispensables des aspirants recordmen, participant notamment à la conquête de sommets tels que le Karakorum (Mongolie) en 1954 et le Makalu (Népal) en 1955. En 1968, à l'occasion des Olympiades d'hiver de Grenoble, Moncler devient le fournisseur officiel de l'équipe de France de ski alpin. Cet évènement pousse la griffe à changer de logo : le mont Eguit - massif surplombant le village - se voit remplacé par le coq français.
Cela dit, on est encore loin de la doudoune urbaine que nous connaissons aujourd'hui. À cette époque, celle-ci s'avère en effet quelque peu encombrante, ce qui amène les membres de l'équipe de ski alpin à demander à Moncler des modèles plus légers, qui ne les gêneront pas dans leurs mouvements. En 1972, un prototype poids plume, souple et pourvu de renforts en cuir aux épaules - pour pouvoir supporter le frottement des skis - voit ainsi le jour. Ce dernier est assez proche de la doudoune actuelle.
Dans les années 80, certains magazines féminins - à l'instar du ELLE et du Figaro Madame - se mettent à s'intéresser de près aux doudounes Moncler, qui ne tarderont pas à un faire un tabac auprès de leur lectorat. Dans le même temps, la jeunesse dorée - tant transalpine que japonaise - s'en empare pour briller sur les pistes, offrant ainsi à la griffe une image dynamique.
Mais les eighties sont également marquées par la collaboration avec Chantal Thomass, qui contribuera à offrir à ladite doudoune une dégaine un brin plus féminine, notamment par le biais de boutons - qui remplacent la fermeture éclair - et de biais en fourrure.
Pourtant, au début des années 90, la maison commence à perdre de son aura. Loin de lui redonner l'impulsion nécessaire, son rachat en 1994 par le groupe Pepper - qui sera à son tour repris en 1998 par l'italien Fin Part - la transforme en belle endormie, et ce pendant près d'une décennie...
Ce n'est en effet qu'en 2003 - lorsque Remo Ruffini, alors directeur artistique de Moncler, s'empare de la marque - que Moncler commence à renouer avec le succès. En lui imposant une orientation plus mode que sport, le nouveau PDG introduit peu à peu les doudounes Moncler au coeur des basics fashion. En 2006, il créé même une ligne haute couture (la "Gamme Rouge"), qui voit les anoraks Moncler se transformer en pièces de collection.
À coups d'ouvertures de boutiques aux quatre coins du monde (Aspen, Megève, Hong Kong...), de relations privilégiées avec le star system et de collaborations avec la fine fleur de la scène mode (Balenciaga, Fendi ou encore Comme des Garçons), Remo Ruffini réussit le tour de force de faire de la doudoune Moncler un objet de désir...
Et si la gamme de produits proposée par la griffe s'est considérablement élargie - chaussures, sacs, prêt-à-porter - afin de toucher le plus grand nombre, sa politique de communication reste quant à elle des plus pointues. Pour la maison Moncler, il s'agit en effet d'apparaître à la fois "tout public" et "très branché".
Les défilés "Gamme Bleu" - ligne homme de la griffe - sont ainsi toujours des événements en soi, tandis que les campagnes de publicité se veulent inventives et non conventionnelles, que les collections "Gamme Rouge" imaginées par Giambattista Valli investissent régulièrement des lieux prestigieux et que les collaborations hype se multiplient, à l'instar de celle avec Pharrell Williams...
Site officiel : https://www.moncler.com
Par Lise Huret, le 27 décembre 2010
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