Après avoir gommé du corps de ses mannequins fétiches tout signe de féminité trop apparent, voici que la fashion sphère se met à pousser le concept encore plus loin en s'entichant de jeunes hommes ressemblant à s'y méprendre à des filles. Il n'aura ainsi fallu que quelques mois à Andrej Pejic pour devenir la coqueluche du gotha hype...
Né en Bosnie-Herzégovine en 1991, le jeune Andrej y passera une partie de son enfance, avant que sa famille ne décide d'émigrer vers l'Australie. À l'adolescence, son physique ambiguë ne passe déjà pas inaperçu. Loin d'en prendre ombrage, le jeune homme n'hésite pas à exploiter cette particularité physique : si d'aventure les garçons de son lycée le confondent avec une fille, celui-ci en profite pour se faire inviter à boire des verres gratis...
Autrement dit, là où certains auraient pu générer moult complexes, Andrej développe une certaine confiance en lui, confiance qui le poussera à rechercher le regard de l'autre via le monde du mannequinat. C'est ainsi que le jeune homme franchit en 2008 le seuil d'une agence australienne...
Malheureusement pour lui, les annonceurs, touchés de plein fouet par la crise économique, ne veulent plus prendre de risques : les mannequins homme doivent donc se montrer virils et rassurants. Néanmoins, convaincu du potentiel d'Andrej Pejic, le directeur de l'agence conseille à l'aspirant mannequin de prendre son mal en patience et de continuer ses études jusqu'à ce que les choses évoluent. Deux ans plus tard, le vent tourne : le jeune homme s'envole alors pour la fashion week homme...
À Paris, sa longue chevelure blonde et sa silhouette fragile tapent immédiatement dans l'oeil des directeurs de castings, qui n'hésitent pas à le booker pour les défilés de juin 2010. Très vite, le caractère absolu de son androgynie fascine la gent créative fashion : que ce soit Marc Jacobs, Carine Roitfeld ou les photographes Mert Alas et Marcus Piggott, tous tombent sous le charme ambiguë de cette poupée diaphane pour qui il semble naturel de passer du chromosome X au chromosome Y, et inversement.
À ce sujet, lorsque la télévision serbe demande à sa grand-mère "Avez-vous un petit fils ou une petite fille ?", celle-ci répond sans hésiter : "Les deux" ! Elle n'est d'ailleurs pas la seule à aimer entretenir le mystère : quand les journalistes l'interrogent sur ses orientations sexuelles, Andrej préfère botter en touche en déclarant n'avoir que deux amours dans sa vie : le vin et Paris.
Au quotidien, celui qui posa pour la campagne printemps/été 2011 de Jean Paul Gaultier assume par ailleurs un vestiaire à l'ADN schizophrénique, entre hauts talons et tenues androgynes. Une garde-robe à l'image de son métier de mannequin, qui peut l'amener à se muer aussi bien en femme qu'en homme.
Et si tout devait s'arrêter demain, Andrej ne s'en trouverait pas pour autant désoeuvré : le modèle serbo-australien entamerait alors des études de droit, de médecine ou d'économie. Cela dit, au vu de son succès lors des récents défilés masculins et de la multiplication des blogs de fans lui étant dédiés, on se dit que sa cote n'a certainement pas fini de grimper...
Par Lise Huret, le 25 janvier 2011
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