Avec le flegme british et la science du tailoring qui le caractérisent, Paul Smith nous livre cette saison une variation des plus attrayantes autour du thème du masculin/féminin. Il est vrai que si le créateur emprunte aux hommes moult pièces fétiches pour en vêtir les belles de sa ligne Women, ces dernières n'en deviennent pas pour autant des garçons manqués. Par le biais de subtiles et légères modifications, pantalons à pinces, blazers, pardessus et autres vestons rehaussent en effet avec finesse la nonchalante féminité de celles qui s'y glissent.
C'est ainsi que les pull-overs en cachemire gagnent en loositude afin d'adoucir le traditionnel trio blazer/chemise/pantalon à pinces, et que ces mêmes pantalons, une fois parés de fines rayures, perdent de leur sérieux au contact d'une chemise translucide. De son côté, le twin-set cardigan/veston décliné en fine maille n'est jamais apparu aussi cosy.
Par ailleurs, lorsque les citations au costume masculin se font plus fortes, Paul Smith n'hésite pas à modérer leur aura dandy en les réchauffant d'un gilet oversize nonchalamment jeté sur les épaules. De même, lorsqu'il s'agit d'apporter ce qu'il faut de girliness à des looks parfois ouvertement tomboy, le créateur ose apposer des imprimés tels que les pois sur certains de ses délicieux pantalons 7/8 discrètement oversize, composant alors des pièces fleurant bon la confusion des genres.
Afin de juguler un trop-plein de testostérone, les silhouettes se voient également boostées par l'utilisation d'une palette de couleurs vitaminées : maxi cardigan orangé, pantalon fuselé rose magenta et ceintures fluos apportent ainsi à l'ensemble de la collection un shoot d'énergie up-to-date déridant bon nombre de basics.
Cela dit, si la première partie du défilé revisite avec esprit le style preppy avant de le conjuguer en mode rock, livrant ainsi des compositions conférant force et désirabilité au masculin/féminin (on pense notamment à ces jeans boyfriend surmontés d'intéressantes superpositions blazer/cardigan ou pardessus/fourrure, mais également à ces pantalons un brin trop larges déclinés aussi bien en moka qu'en lilas et associés tantôt à une délicate maille loose, tantôt à un pardessus parfaitement épuré), la fin de la collection nous laisse pour le moins dubitatifs.
Au vu des pantalons perdant de leur mordant au contact de longueurs plus conventionnelles, de cette silhouette citant maladroitement Yamamoto ou encore de ces broderies florales ressemblant étrangement à celles de Christopher Kane, force est en effet de constater que Paul Smith n'a pas eu l'inspiration nécessaire pour parvenir à terminer avec brio une collection pourtant si bien commencée...
Par Lise Huret, le 22 février 2011
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Sinon très bonne analyse, j'adore ce défilé, mais comme tu dis il a bâclé la fin c'est dommage j'ai adoré le début.
Ca ressemble beaucoup à son défilé printemps/été 2011 mais malgrès cela j'aime quand même ! :)
C'est vraiment de belles silhouettes qui résultent de ces associations, j'adore c'est féminin mais très masculin aussi...