Depuis plusieurs saisons, le travail de Christopher Kane semble presque entièrement tourné vers la sublimation textile. On le vit ainsi tour à tour broder de riches compositions florales sur quelques cuirs dark, transformer de sages vichy en mousselines affolantes ou encore ciseler de délicates dentelles au coeur de peaux jaune acide.
C'est donc tout naturellement que pour l'automne/hiver 2011-2012, le jeune écossais poursuit ses recherches en s'attaquant à de nouvelles matières, dont le background un brin ringard ne semble qu'attiser sa créativité.
Dans un premier temps, le créateur s'empare des jetés de canapé en crochet (familiers des intérieurs des septuagénaires), afin de modifier leur nature obsolète. Il choisit pour cela de troquer leurs coloris kitsch contre une palette de teintes plus sombres, puis de questionner la matière en lui faisant subir divers traitements. C'est ainsi à des vestes en cuir brodées ou imprimées de leurs propres motifs graphiques que ses jupes en crochet se voient confrontées, composant de brillants ensembles trompe-l'oeil.
Cela dit, comme le révèle sa soeur Tammy, Christopher Kane tenait également à se frotter au sein de cette collection à une matière encore jamais vue sur un catwalk. Entre humour et audace, c'est finalement sur les fameux plastiques contentant des fluides colorés - utilisés aussi bien pour les jeux d'enfants que pour les rideaux de douche - que le créateur choisit de jeter son dévolu.
Tout d'abord discrètement déclinés en pochettes, ces patchs aux lignes ondulées parviennent au fil à des passages - et ce contre toute attente - à gagner en chic conceptuel. Il faut dire qu'en les associant à des atours réglisse ultra minimalistes, Christopher Kane confère à ses poches de plastique une aura Art déco relativement crédible.
Par la suite, ces capsules se muent en de véritables parures, à l'instar de ce bustier jouant habilement avec les transparences stochastiques générées par les fluides colorés emprisonnés au coeur du plastique. Des transparences également présentes lors de la dernière partie du show, qui vit les paillettes remplacer la sévérité des étoffes carbone, donnant alors naissance à quelques toilettes de sirènes accros au disco.
Au final, si l'on se dit que Christopher Kane aurait certainement pu pousser plus en avant la sophistication de ses tenues, force est de reconnaître que rares sont ceux qui parviennent à combiner aussi bien délires expérimentaux et prêt-à-porter désirable...
PS : Les escarpins à bouts ultra pointus et à talons colonnes et autres pochettes régressives issues de cette collection ont toutes les chances de faire mouche auprès de l'intelligentsia fashion...
Par Lise Huret, le 23 février 2011
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C'est un expérimental accessible, comme on a en vu beaucoup cette saison. Ta dernière phrase dit tout!
Un seul regret: Peut-être que la collection ne fait pas autant hiver que ça mais il sera interessant de voir comment ces imprimés et détails vont se décliner en manteau etc..
Maintenant, on attend ce qu'il proposera avec sa tata chez Versace et chez Versus.