Aussi abjects soient les propos apparemment tenus par le DA de Dior, ceux-ci n'en restaient pas moins à vérifier. Oui mais voilà, n'hésitant pas à faire fi de toute éthique journalistique, la machine médiatique ne tarda pas à s'emballer, se repaissant de titres on ne peut plus racoleurs (cf. ce communiqué de presse du Figaro). Dans l'attente des résultats de l'enquête, Sidney Toledano - PDG de Dior - suspend alors John Galliano de ses fonctions.
Les choses iront cependant plus vite que prévu : une seconde plainte pour un fait similaire (qui se serait déroulé quelques mois plus tôt), suivie bientôt d'une vidéo dans laquelle le styliste - totalement ivre - déclare "aimer Hitler" va inciter LVMH à accélérer le mouvement. Mardi 1er mars, John Galliano voit ainsi son employeur engager une procédure de licenciement à son encontre.
Et si d'un point de vue "communication", on peut comprendre le besoin pour LVMH de préserver une image déjà écornée par le scandale Guerlain, sa décision de se séparer brutalement et définitivement de John Galliano ne nous laisse pas moins dubitatifs.
Il est vrai que s'il semble aujourd'hui acquis que le créateur ibérique a bel et bien proféré des propos intolérables, difficile de croire que celui que l'on dit extrêmement ouvert et curieux et qui n'eut de cesse de proposer des collections aux inspirations multiculturelles puisse être viscéralement raciste.
Reste à savoir comment un homme adulé par la fashion sphère, ayant choisit l'actrice Natalie Portman - de confession juive - comme égérie de Miss Dior Chérie et bénéficiant encore aujourd'hui du soutien de modèles telles que l'Afro-Américaine Chanel Iman a pu à ce point perdre le contrôle de lui-même...
À en croire son entourage, Galliano aurait eu ces dernières années de plus en plus de mal à gérer la pression inhérente à sa fonction. Le poste de DA d'un des fleurons de LVMH a en effet beau être une place particulièrement convoitée, il n'en demeure pas moins une cage dorée où la solitude du créateur n'a d'égal que les résultats que l'on exige de lui.
Après la disparition en 2007 de son bras droit et alter ego Steven Robinson, celui qui gère - en plus de sa griffe éponyme - les collections Dior Haute Couture, prêt-à-porter, capsule, pre-fall, croisière et accessoires se laisse ainsi peu à peu submerger par l'angoisse. Et cela se voit : son visage abîmé par les multiples injections de botox, son corps amaigri par les régimes draconiens et son regard bouffi par l'alcool sont alors autant de signes de détresse. Des signes que la fashion sphère choisit pourtant d'ignorer, continuant de célébrer comme si de rien n'était les shows Dior et la virtuosité de son créateur...
Subissant de plein fouet la perte d'Isabella Blow puis d'Alexander Mcqueen, John Galliano finit par faire de l'alcool sa béquille. Depuis trois semaines, les choses avaient d'ailleurs empiré, comme le révèlent ses proches qui s'inquiétaient de le voir préférer la bouteille à l'atelier, et ce en dépit de l'imminence du défilé. La cadence infernale que l'on exige de ces faiseurs de rêves aura donc fini par dévorer le flamboyant cinquantenaire...
Et si rien n'excuse ses paroles, on aurait malgré tout aimé que la maison à qui il consacra plus de 15 années de son existence fasse preuve d'un peu plus de compassion à son égard. Une mise à pied suivie d'un long séjour en rehab' aurait certainement été une décision plus humaine...
Par Lise Huret, le 02 mars 2011
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Exactement ce que je me suis dit, mais nous ne sommes pas aux US et le fameux droit à la seconde chance a la vie dure en France.
En tous les cas ce matin sur le shows, on ne parlait que de ça à grand renfort de name dropping sur who's next , mais ceci est un autre sujet !
:)