Car si le créateur y convoque bel et bien l'esprit du héros de Mary Shelley, ce n'est que pour reprendre le gimmick des vis et boulons sortant du cou de ce dernier, afin de les transformer en attaches translucides susceptibles de venir plisser le haut des encolures-bretelles, cintrer les empiècements chasuble et maintenir les panneaux de crêpe. À cette influence revendiquée s'ajoutent emprunts à l'esthétique Audrey Hepburn, jeux de bandes de tissus - dont l'ergonomie n'est pas sans rappeler les étoles catholiques et autres habits des congrégations religieuses - et palette de teintes sirupeuses. Un ADN fort sage sur le papier, qui n'en perd pas moins toute sa candeur une fois passé au filtre facétieux de l'imagination de mister Kane.
C'est ainsi que les coquettes robes pastel se dévergondent au contact de moult ajours dévoilant subtilement l'épiderme, que les toilettes austères osent les fentes impudiques et que les tailleurs et autres ensembles mémérisant tentent la transparence. Et si les effets matières évoquant la technique du sucre filé donnent ici naissance à des toilettes aussi chics que futuristes, certaines expérimentations du designer écossais n'en tombent pas moins à plat. On pense notamment à ce motif ruban un brin trop premier degré, aux maxi noeuds pas toujours bien utilisés, mais aussi et surtout à ces bouts de scotchs noirs barrant maladroitement dentelles et mousselines.
Des modèles que les achetereurs n'hésiteront certainement pas à bouder au profit des blousons de motard en cuir gaufré, tee-shirts à l'effigie de Frankenstein et autres audacieuses micro robes de cocktails...
Par Lise Huret, le 17 septembre 2012
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