En mai dernier et après plusieurs mois de total mutisme, Nicolas Ghesquière n'hésitait pourtant pas à critiquer la gestion de Balenciaga par PPR (devenu depuis "Kering") via une interview donnée au magazine System : "Il n'y avait pas vraiment de direction. [...] Les pièces les plus fortes que l'on faisait pour les défilés étaient ignorées par les gens du business. [...] Les deux-trois dernières années, je ressentais frustration sur frustration. [...] Ils voulaient me voler mon identité en essayant d'homogénéiser les choses".
Des déclarations qui n'auront pas tardé à lui attirer les foudres du groupe Kering, qui l'attaque aujourd'hui en justice pour "non-respect du devoir de réserve", autrement dit pour avoir "livré son opinion personnelle sur des questions relatives à son ancienne activité et pouvant nuire à son ex-employeur". Or, s'il est clair que celui qui parvint à ressusciter Balenciaga de ses cendres et à en faire une griffe aussi prescriptrice que respectée aurait pu faire preuve d'un peu plus d'élégance en évitant de critiquer publiquement son ancien employeur, la réaction de ce dernier n'en apparait pas moins disproportionnée.
Une réaction d'autant plus étonnante que le groupe est actuellement en pleine phase de séduction après avoir récemment changé de nom. Outre de remettre un coup de projecteur sur les déclarations de Ghesquière, le "jeune" Kering prend en effet ici le risque d'entacher son image en apparaissant comme un groupe procédurier et quelque peu ingrat, alors même que le nouveau directeur artistique de Balenciaga - Alexander Wang - semble lui donner pleinement satisfaction...
Par Lise Huret, le 21 juin 2013
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