Il faut dire que la journaliste ne manque pas de qualités :
Elle est l'une des seules à poser un oeil réaliste sur l'univers de la mode. Et si elle a toujours pris soin de se tenir à l'écart du "système", elle n'en connait pas moins parfaitement tous les rouages
Son immense culture mode lui permet d'écrire des papiers fouillés, où il est rare de ne pas apprendre quelque chose
Ses textes sans fioritures font état d'une pensée limpide, incisive et parfaitement structurée
Elle fut l'une des premières de sa génération à traiter internet sur un plan d'égalité avec la presse papier. Son blog - qu'elle nourrit à coup de revues de défilés éclairées et d'analyses pragmatiques au plus près du réel - est une véritable institution. Son fil Twitter affiche quant à lui plus de 300.000 followers
Lorsque tout le monde tourna le dos à John Galliano, elle eut le courage d'écrire que ce dernier avait - comme tout être humain - droit à une seconde chance
Contrairement à bon nombre de journalistes de mode, elle n'arrondit pas ses fins de mois en faisant du consulting et évite ainsi de flirter avec les limites déontologiques du métier
Elle n'a pas succombé à l'appel du "fashion circus" en se transformant en gravure de mode pour séduire les photographes street-style.
Sans concession, elle osa critiquer aussi bien le Vogue d'Anna Wintour que les collections d'Hedi Slimane
Inattendu, le départ de Cathy Horyn risque de laisser un grand vide au sein du petit monde de la mode, et ce d'autant plus que personne ne semble prêt à lui succéder. Désormais, on ne pourra donc plus compter que sur Suzy Menkes pour traiter la mode avec esprit, audace et indépendance. Celle-ci n'étant pas éternelle, espérons que d'autres plumes libres de toute entrave publicitaire ne tarderont pas à prendre la relève, le fashion cosmos pouvant difficilement se passer de vigies…
Par Lise Huret, le 04 février 2014
Suivez-nous sur , et