La folie bretonne de Jean Paul Gaultier
Si le défilé couture Jean Paul Gaultier ne fut pas forcément le plus réussi stylistiquement parlant, il n'en fut pas moins assurément le plus joyeux. Une collection à la folie aboutie s'inspirant du patrimoine breton et mettant une fois de plus en exergue la capacité insolente du créateur à questionner espièglement le vêtement...
À l'heure où les créateurs rivalisent en matière de décors grandioses ou se perdent au sein de partis pris conceptuels, Jean Paul Gaultier continue de fusionner exigence couture et audace du costume de scène.Il faut dire que depuis sa décision d'abandonner le prêt-à-porter, celui à qui le Grand Palais dédie actuellement une sublime rétrospective a désormais le champ libre pour "donner libre cours à sa créativité et à son goût pour la recherche et l'expérimentation". Ainsi libéré de la pression du calendrier infernal auquel sont soumis ses confrères, le couturier peut sereinement injecter à ses créations cette extravagance outrancière - mais néanmoins poétique - dont il a le secret. Sur le podium, c'est ainsi une couture presque "populaire" - c'est à dire qui fait rêver, mais sans jamais tenir à distance - qui défile, défiant les codes du bon goût, s'amusant de l'ADN JPG et n'ayant peur d'aucune idée supposément incongrue, le tout sans jamais oublier de raconter une histoire. Un défilé Jean Paul Gaultier se savoure en effet comme un court métrage où les mannequins se muent en de véritables héroïnes de cinéma.
Des belles de caractère qui se glissent ici dans moult variations textiles autour des thèmes du marin et de la Bretagne. Entre jupe rayée néo-french cancan, caban brodé asymétriquement ou encore bigouden en tenue de bal, Jean Paul Gaultier s'amuse des clichés et n'hésite pas à les pousser à leur paroxysme. Et si l'ensemble affiche une saveur presque théâtrale, bon nombre des pièces de la collection ne s'en révèlent pas moins aussi portables que désirables, à l'instar du perfecto en croco, de la jupe crêpe taille haute ou encore des robes aux jupes circulaires (voir ici et là). Totalement insolite, la femme Gaultier n'en est ainsi pas pour autant déconnectée de nos fantasmes. Au contraire, elle les nourrit.
Et qu'importe si elle est gouailleuse, clairement too much ou parfois premier degré : cette femme qui s'amuse, bouge et danse nous donne envie de la suivre dans son sillage. Cela tombe bien : faisant vendre beaucoup de parfums, cette dernière risque fort d'arpenter encore longtemps les podiums de son créateur...
Voir toutes les photos du défilé : http://www.style.com/fall-2015-couture/jean-paul-gaultier/collection
Par Lise Huret, le 09 juillet 2015
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Mais bon, je ne suis pas vraiment fan de cette collection.
Ce que j'aime beaucoup chez JPG c'est le fait que même dans ses élans de créativité, il n'oublie jamais le corps de la femme. Les mannequins ne disparaissent jamais derrière les vêtements.
Finalement, même si je me sens presque coupable de l'avouer, ma collection couture préférée de la saison est le délire Haute Fourrure de Fendi. Aussi majestueux qu'excessif.