"Filles de" : l'overdose
Que ce soit Lily Rose Depp ou Kaia Gerber, les dernières recrues de la fashion sphère ont toutes pour point commun leur jeune âge et leurs parents célèbres. Une combinaison considérée comme particulièrement bankable au sein d'un système obnubilé par la jeunesse et la célébrité...
Une fois de plus, Karl Lagerfeld aura réussi à faire un joli coup médiatique. Cette saison chez Chanel, celle qui pose pour la campagnes "lunettes" n'est en effet autre que Lily Rose Depp (fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp). Jusqu'ici très peu médiatisée, l'adolescente de 16 ans entre ainsi dans le monde de la mode par la grande porte.Il faut dire qu'au sein de la sphère mode, on aime plus que tout célébrer une certaine aristocratie du succès et de la beauté. Il n'est ainsi pas rare que les "petites soeurs de" et les "filles de" deviennent le faire-valoir de griffes ou de magazines qui espèrent ainsi profiter de leur célèbre patronyme pour accroître leur visibilité.
Oui mais voilà, hormis une filiation prestigieuse et un physique photogénique, celles-ci - souvent très jeunes - n'ont généralement pas un CV très fourni. On les adule alors pour leur image et leur ADN, ce qui les conduit rapidement au statut - souvent vain - de "it" girl… Or, si l'on peut comprendre que ces adolescentes soient fascinées par le monde de la mode et rêvent de mettre leurs pas dans ceux de leur mère (Vanessa Paradis est très liée à Chanel), il est regrettable de voir de prestigieuses maisons de mode faire feu de tout bois lorsqu'il s'agit de créer le buzz.
Pourquoi ne pas attendre que Lily Rose se fasse un prénom avant de la lancer sous le feu des projecteurs ou que Kaia Gerber (13 ans) puisse prétendre à autre chose que jouer les miniatures de sa mère avant de la faire poser au sein du CR Book ? Il faut en finir avec ce marketing premier degré qui, afin d'entretenir le fantasme de la jeunesse chez les consommatrices, leur propose des mannequins/égéries toujours plus jeunes.
Les créateurs de mode devraient par ailleurs arrêter de traiter la célébrité comme une qualité à part entière. Si la mode a de plus en plus de mal à susciter l'enthousiasme, c'est aussi parce que les femmes/filles qui l'incarnent ont tendance à manquer cruellement de saveur. À quand des égéries réellement inspirantes qui ne seraient ni "filles de", ni "it" girls ? Il y a tant de sublimes artistes, architectes, entrepreneuses, journalistes, avocates, médecins ou écrivains qui pourraient incarner les égéries de demain. Il est peut-être temps que les directeurs de casting se mettent à élargir leur champ de recherche…
Par Lise Huret, le 24 juillet 2015
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