Avec ses pulls marinières à épaulettes et ses boots à brandebourgs, la femme Isabel Marant se révèle cet automne particulièrement bien inspirée. Difficile dès lors de ne pas être tentée de copier son dress code…
Si chaque saison apporte son lot de pièces fortes, elle suggère également de nouveaux dress codes à adopter. Des dress codes qui, en permettant d'inscrire sa silhouette dans l'air du temps sans forcément avoir à passer par la case shopping, ont d'ailleurs bien plus de valeur que n'importe quel must have appelé à trépasser au bout de 6 mois.
Oui mais voilà, si sur les podiums certaines astuces stylistiques peuvent apparaître pertinentes et désirables, il arrive souvent qu'une fois confrontées à la réalité, celles-ci se révèlent plus périlleuses que flatteuses. Dernier exemple en date : le gimmick du défilé Isabel Marant A/H 2015-1016 suggérant de faire blouser nos pull-overs épais et/ou torsadés au sein de jupes taille haute.
Car si ce genre de duo fonctionne à merveille sur des lianes plus que filiformes telles que Natasha Poly ou Karlie Kloss, il n'en ira pas forcément de même sur le commun des mortelles, qui n'auront pas un styliste à domicile pour leur indiquer comment s'approprier cette nouvelle équation fashion.
Dans la pratique, celles qui voudront s'y frotter devront ainsi veiller à respecter ces quelques règles : Choisir ses pull-overs près du corps, plutôt courts et pas trop épais. Veiller à ce que la taille soit bien dégagée de manière à structurer la silhouette. Ne pas porter un bas ultra taille haute si l'on possède une forte poitrine, le risque étant de générer des effets d'optique peu flatteurs. Préférer les jupes courtes aux jupes midi afin de mieux équilibrer la silhouette. User et abuser des talons de manière à éviter tout effet de tassement. Délaisser les jupes tubes au profit de jupes trapèzes. Porter son pull sans superposition afin d'éviter d'augmenter le volume dudit pull. Ne pas roulotter les manches du pull pour les mêmes raisons.
Tu sais ce que je trouve magnifique dans ton blog?! C'est que tu expliques les tendances sans en faire des obligations, tu donnes des conseils qui sont applicables par des jeunes de 18 ans comme moi ou des femmes de 80 ans. Tu rends la mode accessible à tous en proposant des modèles pour toutes le morphologies et pour tous les budgets. Grâce à ton blog, la mode n'est pas réservée à une élite... En plus, quand on suit tes conseils, on a plus confiance en soit, on est fière de savoir porter une jupe d'une certaine façon, une façon qui nous rend unique! Ton blog n'est pas juste là pour nous expliquer les tendances, en tous cas pour moi, c'est quelque chose qui me fait grandir à chaque fois que je le lis et je peux passer une après midi entière à me perdre dans tes articles. Merci pour tout ça!
Cécile a très joliment parlé... je ne commente jamais mais ici, j'ai eu le même sentiment en lisant ton article, que tu es bien plus qu'une énième blogueuse mode... tu fais du bien aux femmes (et aux hommes) de tous les âges, toutes les classes sociales et toutes les morphologies. Tu insuffles de la confiance et de l'humanisme, et les vêtements sont ton alibi, un alibi qui, de futile, devient avec toi un moyen d'expression et d'évolution personnelles. Merci aussi :)
Je suis parfaitement d'accord, c'est si bien exprimé. Grâce à ce site, j'arrive à être dans l'air du temps sans être "victime". Mon style se précise et j'arrive à choisir dans les tendances des pièces que je ne serai pas obligée d'abandonner au bout d'un an. Il faut savoir aussi que beaucoup de pièces vues sur les podiums ne sont pas commercialisées car trop chères ou trop compliquées à produire. En tout cas MERCI !
Je vais aller dans le sens des 2 autres commentaires de Cécile et Virginie.
Tu n'affiche pas une tendance en image et disant aujourd'hui la mode c'est comme ça; tu décriptes, tu adaptes, tu nous rends accessible des trucs de magazines. TU expliques mais tu ne dictes, tu décris et tu précises....Chacune/chacun peut trouver matière à faire soi les codes de la modes.
J'aime l'expression de Virginie, tu humanises la mode.
Merci!
Complètement d'accord avec Cécile...! Je n'aurais pas dit mieux... Moi qui ne me considère pas au départ comme spécialement attirée par la mode, lire ton blog me la rend beaucoup plus accessible et me donne envie de m'essayer à certains looks (comme ceux-là), alors qu'avant je ne l'imaginais même pas...
Merci!
Il y a des jours où je me dis que le sujet de notre site est un peu vain et puis il y a des jours où je reçois des commentaires merveilleux qui me font comprendre que sans révolutionner le monde, ni sauver la planète, mes articles peuvent parfois vous aider à vous sentir mieux dans vos fringues et dans votre peau... Et c'est merveilleux :)
Merci Cécile :)
parfaitement dit !
c'est tout à fait pédagogique, cartésien et salvateur de décomposer ainsi les silhouettes (ratée ou réussies) et d'en tirer la quintessence pour l'appliquer à soi.
Encore et toujours merci Lise
Lise, tu crois vraiment que ces looks en dehors de certaines sphères recevront une totale approbation ?!? lol
Il y a des "it-looks" qui sont des gros "fails" dans la "normcore "sphère, tu suis ? LOL
Faut essayer avec des manches gigot & co.
Et, j'ai adoré le pragmatisme de ce cher Emmanuelis.
Bonjour Lise,
J'aime beaucoup ton blog que je suis assidument !
J'ai une petite question : arriverais-tu à identifier le sac porté par la personne de la photo intitulée "sur le commun des mortels", stp ?
Il a l'air de répondre à plusieurs de mes critères "sacistiques" ;-) et sa couleur me plaît énormément.
Merci beaucoup !
et encore, la "commun des mortelles" a des atouts qui limitent les dégâts... Faut quand même sacrément penser le truc pour ne pas se planter. Après, faut aimer le confort de ce genre de look: moi j'étouffe physiquement dès que j'ai autre chose qu'une chemise (et encore, avec un pan qui sort) rentrer dans la jupe ou le pantalon... Pas simple. très joli post, sinon!
Très bons conseils, Lise, judicieux et sagaces comme toujours.
En revanche, je fais un blocage total sur Isabel Marant. C'est simple : je déteste ! Du cheap à des prix indécents. Du grand n'importe quoi.
Pour Isablel Marant : les prix sont effectivement très très élevés :/ Après pourquoi s'en priverait-elle sachant que ses fringues s'arrachent quelqu'en soit le prix ? Mais c'est dommage, les clientes de ses débuts ne peuvent plus suivre...
Je suis d'accord, Lise, pourquoi se priver de faire de gros profits si le succès est là ? Il n'empêche que le système tel qu'il fonctionne me gène profondément. Je dirais même qu'il me révolte.
Dans mon cas personnel, ce n'est pas faute de moyens. J'ai la chance d'etre privilégiée d'un point de vue matériel. Je pourrais donc continuer à consacrer un gros budget à des vêtements très onéreux. Mais j'ai pris la décision de ne plus entrer dans ce jeu-là. À un moment donné, il y a des choses qui deviennent moralement choquantes. Quand Chloé vend un manteau à 1500 €, ce qui représente l'équivalent d'un salaire moyen en France ainsi que dans de nombreux pays occidentaux, sans que ce prix soit justifié par le coût des matières, de la confection ou de la création, je suis choquée. Quand Louboutin vend un tube de rouge à lèvres à 80 €, alors que le coût de fabrication du produit est dérisoire, je ne peux pas adhérer.
Quand certaines limites morales sont franchies, il y a nécessairement une critique du système à faire. Pour ma part, si j'étais créatrice d'une marque de mode prétendue "de luxe", je ne pourrais être fière de prospérer sur une telle imposture. On peut s'enrichir sans déposséder les autres.
Un sociologue m'a dit un jour : "Les prix exorbitants pratiqués chez Saint Laurent Paris sont nécessaires à son ancrage dans le monde du luxe. En gros, il y a certaines clientes qui n’achètent pas si ce n'est pas assez cher."
Oui , on marche sur la tête.
Ta réflexion est très intéressante car tu fais un vrai choix étant donné que tu aurais les moyens de te fournir chez ce genre de marques. Mais où places-tu la limite ? Chez qui t'habilles-tu ?
Pour Isabel Marant, ses prix dingues et son attitude de femme ultra cool ne vont pas très bien ensemble...
Chère Lise,
Ce que j'adore sur TDM, c'est que c'est un vrai espace de réflexion au sujet d'un univers qui excite la part de déraison en chacun(e) de nous.
Oui, je fais un choix, mais pour être absolument honnête, ce choix procède d'un questionnement que je mène depuis un an ou deux. J'ai été une cliente régulière de Prada, Miu Miu, Isabel Marant, Chloé, Marni, Stella McCartney et un peu de Dolce e Gabbana pour citer mes principaux "fournisseurs".
_ Après une crise d'islabelmarantite aiguë entre 2011 et 2013 (oui, je sais, c'est absolument honteux, un tel suivisme), je me suis rendu compte que je n'en avais finalement pas pour mon argent. La plupart du temps, lorsque j'enfilais un simple tee shirt de chez H&M avec un jeans de chez Mango (ils ont des coupes parfaites, leurs jeans), j'étais gratifiée de beaucoup plus de compliments et remarques positives (et de regards masculins :)) qu'avec une robe à 500 € ou un pull à 600 €.
_ De plus, même si j'évolue dans un milieu socialement et économiquement plutôt aisé, l'idée qu'il n'y ait plus aucune corrélation objective entre le prix des vêtements que je portais et leur coût de fabrication m'est devenu de plus en plus insupportable. L'élément déclencheur a été la réflexion que m'a faite une employée de la caisse d'un supermarché où j'étais allée faire une course à la fin du mois de septembre 2013. Le temps était encore très chaud, je revenais de la plage (j'habite dans une ville côtière) et je portais un pantalon Isabel Marant (le fameux modèle 7/8 rayé écru et bleu marine de la collection p/é 2011). Au moment où je pose mes articles sur le tapis roulant, la caissière me dit : "C'est un Isabel Marant, votre pantalon ?". J'acquiesce. "Il est super, poursuit-elle. Vous savez où je pourrais trouver le même ?". Je lui réponds que c'est une modèle d'une collection qui date de 2 ans, mais qu'elle peut tenter sa chance sur eBay ou VestiaireCo. En percevant le regard plein de regrets de cette jeune femme, j'ai dû me retenir de lui dire qu'il ne s'agissait que d'un simple et banal pantalon en coton que j'avais fait la bêtise d'acheter à un prix fou qui correspondait probablement au tiers de son salaire, que nous étions en fin d'été et que lui importait-il donc d'avoir un vêtement qu'elle rangerait dans son placard jusqu'à l'année prochaine. Ce pantalon n'a objectivement rien de particulier. Je suis même sûre qu'il y en avait de bien mieux coupés et plus jolis chez H&M à la même période. Mais toute la fascination de la marque se lisait dans son expression. Cette femme était sous emprise. La mystification opérait. A ce moment précis, je me suis sentie ridicule et honteuse de porter ce pantalon. Si cette caissière m'avait enviée de porter un splendide diamant au doigt, ses sentiments m'auraient paru légitimes. Mais qu'elle fût prête à sacrifier son équilibre et sa sécurité matérielle probablement déjà très fragiles pour un simple bout de chiffon qui dans deux ou trois ans ne vaudrait plus rien, m'a procuré un profond malaise.
Une autre situation similaire m'a poussée à poursuivre ma remise en question. Un jour où je me trouvais chez mes parents, j'entends la femme de ménage raconter à ma mère qu'elle a fait de nombreuses heures supplémentaires de travail pour offrir à sa fille une paire d'escarpins Louboutin afin de la récompenser pour son passage en seconde année de médecine. J'en ai été bouleversée. Comment une jeune fille si brillante et méritante pouvait-elle tomber dans ce piège au point que sa mère en arrive à s'épuiser à la tâche ? Comment le système consumériste pouvait-il à ce point pervertir les rapports humains et affectifs ? Que resterait-il de cette paire d'escarpins une fois hors d'usage et passée de mode (car tout se démode) ? Son admirable et exceptionnelle réussite académique de fille issue d'un père routier et d'une mère femme de ménage ne valait-elle guère mieux qu'une paire de semelles rouges dont l'achat servirait à enrichir encore davantage un homme déjà richissime ? A tous les niveaux, matériellement et symboliquement, cela m'a paru terriblement triste. Comment une jeune fille si douée pouvait-elle se renier elle-même de la sorte ? A un tel stade, ce système de la mode m'est apparu comme vraiment monstrueux.
Petit à petit, j'ai entamé une réflexion et je me suis mise à détester viscéralement l'idée que l'on puisse manipuler les masses avec autant de cynisme, que l'on pille les gens, qu'on les endorme par la publicité et la mystification et qu'on les rendent esclaves d'une marque ou d'un logo.
Pour répondre donc précisément à ta question, Lise, voici sur quels critères je m'appuie pour placer la limite :
_ le produit que je vois est-il rare ? Quel est son coût de fabrication ? En matière de mode, la rareté n'est presque jamais la règle. Sachant qu'un même type d'imprimé ou de coupe va être multiplié à échelle industrielle à chaque saison, il n'y a absolument aucune raison à ce que je paie au prix fort un vêtement ou un accessoire que je retrouverai ailleurs dans une qualité similaire à un prix dix fois inférieur.
_ où est la nécessité de mon achat ? Quels sont mes besoins ? Si l'objet que je convoite a toutes les chances de se retrouver au fond de mon placard parce qu'il fait double ou triple emploi avec ce que je possède déjà ou parce que ce n'est définitivement pas mon style, je m'abstiens. J'en ai eu assez aussi à un moment donné de voir mes placards dégueuler leur flot de chiffons à chaque fois que je les ouvrais. C'est vraiment l'image qui me vient à l'esprit. J'ai eu besoin de faire du vide, de l'air, de respirer, de retrouver une énergie plus saine. Je me suis débarrassée d'une partie de ce que je ne portais pas, j'ai fait un tri, et j'ai pris la ferme décision d'acheter moins. Ca apaise, ça fait un bien immense. Cela fait disparaître énormément de frustrations. Car plus on achète, plus on est frustrée et insatisfaite. C'est un horrible cercle vicieux.
_ l'article que je convoite reflète-t-il ma personnalité, est-il fait pour moi ou bien est-ce la personnalité de quelqu'un d'autre que je m'apprête à endosser ? Cette question me passionne, car elle oblige vraiment à se demander : qui suis-je ? Quel est le regard que je porte sur moi-même et que je veux renvoyer aux autres ? C'est, je crois, la meilleure façon de trouver son style et d'échapper aux dictats aliénants de l'industrie de la mode. Et ainsi, on achète moins et mieux. J'admire ma mère pour cet art qu'elle maîtrise. Elle s'est toujours procuré de très belles pièces dont la plupart traversent le temps de façon remarquable. Elle a vraiment ce qu'on peut appeler un style. Et finalement, elle est très modérée dans ses dépenses vestimentaires.
En conséquence, je ralentis le mouvement, je prends mon temps pour acheter. Je me suis totalement affranchie du pouvoir d'attraction des marques. J'essaie de considérer l'objet pour lui-même et non pour ce qu'il symbolise. Je n'hésiterai pas à mettre le prix nécessaire dans une belle veste en shearling, mais je dépenserai le minimum pour une paire de jeans. Je guetterai la solde pour des bottes ou des escarpins confectionnés dans un cuir luxueux, mais je ne me ridiculiserai pas avec la dernière guignolerie exposée dans Vogue ou sur un blog à succès.
Peu importe que l'article ait une marque ou non, il faut qu'il entre dans mes critères. Je peux m'habiller chez Chloé aussi bien que chez H&M, pourvu que mon choix soit entièrement libre de toute injonction émanant du système.
En fait, dénicher le vêtement ou l'accessoire qui me paraît être fait rien que pour moi au prix le plus juste possible est devenu une sorte de défi particulièrement jouissif.
Merci d'avoir pris le temps de répondre. Ton expérience est ultra intéressante.
La confrontation avec une réalité qui n'est pas la nôtre permet en effet souvent de mettre en lumière certains aspects "abusifs" de nos comportements.
On peut alors choisir d'ériger un mur entre soi et ceux qui nous rappellent que nous manquons de bon sens (et c'est ce que font la plupart des gens) ou alors essayer d'être le plus honnête possible envers soi-même. C'est ce que tu fais et cela demande beaucoup de courage.
Chapeau !
Après tous les compliments fort justifiés ...merci pour les conseil d'un look qui s'avère casse-gueule si ce n'est pas adapté à la personne. Cette ligne change tellement des vêtement portés loose ce dernier temps ! Toutefois, il faut avoir un semblant de taille, et attention à l'exemple "commun des mortelles" qui peut faire facilement tata...Ne vaudrait-il pas mieux porter de collants de couleurs foncées ?
Hum hum je vais voir, avec tes très bons conseils ça peut peut-être passer... M'enfin j'ai peur que tu t'assois=tu meurs direct étouffée et sans style... ;)
Oulah non. Non non non non non non non non non.
Je dis non.
ça pique les yeux, plus que l'effet tata, c'est l'effet tas assuré.
Je suis catégorique. NON.
Mon explication du backstage du défilé : "On rentre le pull pour que les acheteurs voient la jupe en entier."
Ohlala... J'adore les looks que tu proposes! ça me donne très envie de m'y essayer... En tous cas j'ai déjà les bottines et la jupe qui conviendraient.... NE manque "que" le pull
Elle aurait simplement pu faire des pulls cropped façon bombers :)
J'aime bien cette silhouette Marant: assez tenue, sexy et dynamique. Mais c'est sur que sur le commun des mortelles, ça ne marche pas. Et puis, ce n'est tellement pas pratique...
C'est plus tendance pour lycéennes et fashionistas. J'ai du mal à imaginer une femme tenter ce genre d’expérimentations dans sa vie active.
Par contre, je trouve ces pulls zippés très beaux! Si les prix n'étaient pas aussi exorbitants (pour le produit proposé), j'aurai bien craqué.
C'est vrai que je vois très bien les lycéennes adopter ce look ;)
Mais avec un pull fin, une large ceinture, une jupe taille haute trapèze midi et une paire de bottines à talons, une femme de 30/40 ans peut s'en sortir, non ?
Oui, ces pulls sont très beaux... Leur col est sublime mais bon :/