Quand la mode se heurte au principe de réalité
Et si la mode rimait avant tout avec illusion ? C'est en tout cas ce qu'on est légitime de se demander lorsqu'une tenue aperçue sur un podium ou au sein d'un lookbook se voit subitement confrontée à la réalité et perd de ce fait une bonne partie de son charme esthétique…
Janvier 2016, Château Marmont. Lors de la soirée organisée par W Magazine, l'actrice Brie Larson attire tous les regards dans son audacieux total look Céline. Il faut dire que ce dernier n'a pas grand-chose à voir avec les habituelles tenues de cocktail prisées par Hollywood... Oui mais voilà, si ce pantalon oversize et cette blouse à rayures ne tarderont pas à affoler la critique américaine, force est néanmoins de constater que leur dégaine n'a plus grand-chose à voir avec celle émanant du look 11 de la collection Céline Resort 2016 : là où photo prise en contre-plongée, modèle immense (et ultra mince) et vêtements figés mais idéalement positionnés créaient une impression de parfaite nonchalance intello-élégante, il ne reste ici plus qu'un look faussement bourgeois, mal ajusté et légèrement tassant.
Ajoutez à cela une coiffure plaquée ne permettant pas d'élancer la silhouette (contrairement au volume afro de la mannequin Céline), un collier accentuant la dimension dadame du col bénitier (là où des boucles d'oreilles fantaisie boostaient la verticalité du look) et des escarpins haut perchés gommant la dimension conceptuelle des babouches imaginées par Phoebe Philo et vous obtiendrez un look ayant perdu tout ce qui le rendait irrésistible au sein des clichés Céline. Il faut dire que les silhouettes créées pour les podiums tendent plus à s'approcher des croquis des créateurs que de la réalité de la cliente. Tout est en effet mis en oeuvre pour conserver les proportions flatteuses fantasmées par ceux-ci. Et qu'importe si une fois en cabine, la taille ultra haute raccourcit le buste, si le pantalon extra long nécessite un ourlet de 90 cm et si le décolleté ne tolère pas le 90B...
Autrement dit, gardons à l'esprit lorsque l'on contemple un défilé que les silhouettes qui déambulent ne sont pas appelées à être transposées telles quelles dans notre garde-robe et que leur allure incroyable s'explique souvent moins par la coupe de leurs atours que par l'illusion créée par le make-up, la coiffure, la hauteur de talons, l'accessoirisation et la morphologie de la mannequin. Une fois ceci acté, il devient dès lors bien plus facile de rationaliser ses pulsions fashion…
Par Lise Huret, le 13 avril 2016
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