La pudeur, nouveau gimmick fashion ?
Entre mode islamique et looks "pudiques", l'air du temps est actuellement plus à l'ultra couvrant qu'aux micro longueurs. Simple effet de mode ou réelle mutation sociétale ?
Mars 2016. Alors que des enseignes telles qu'Uniqlo ou Marks & Spencer se mettent à proposer des modèles spécialement destinés aux femmes musulmanes (via des hijabs et des "burkinis"), les polémiques ne tardent pas à fuser. De Pierre Bergé à la ministre des Droits des femmes, nombreux sont alors ceux qui s'insurgent contre ce qui est vu comme un opportunisme commercial allant à l'encontre de la liberté de la femme. Or, en parallèle des hijabs et abayas proposés par Dolce&Gabbana, force est de constater que le corps de la femme a tendance à se couvrir inexorablement au sein de certaines griffes en vogue. Ces derniers temps, on put ainsi voir Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli faire de la robe longue la pierre angulaire des collections Valentino, le collectif Vêtements imaginer des robes aux manches trop longues (et au sex appeal en berne) ou encore Clare Waight Keller (Chloé) oser l'ensemble maxi jupon/sweat. Sans oublier Phoebe Philo, qui depuis deux saisons imagine des silhouettes où le corps se retrouve souvent totalement dissimulé. Celle qui a par le passé tant influencé le pouls de la mode semble faire ici de la femme Céline un être plus conceptuel que jamais, dont le corps n'a au final que peu d'importance (voir ici, ici et là).
Faut-il y voir une simple coïncidence, une illustration de l'éternel balancier fashion passant inlassablement d'un extrême à l'autre, la volonté de séduire la riche clientèle de la péninsule arabique ou encore la matérialisation des questionnements qui agitent actuellement la société, et donc la gent créative ? A suivre…
Par Lise Huret, le 17 mai 2016
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Pour ma part, je pense que, comme toujours, il y a un mélange de stratégie commerciale et d'expression de ce qui flotte dans l'air du temps.
Après avoir imposé pendant plusieurs années une féminité agressive et racoleuse, il faut bien contraindre la fashionista à renouveler sa garde-robe en la transformant en bigotte.
Parallèlement, la tabouisation du corps féminin dans l'islam et la problématique des rapports hommes-femmes dans cette religion qui a gagné aujourd'hui le monde occidental fait que de plus en plus de femmes ressentent probablement malgré elles le besoin de se protéger des regards masculins agressifs. Le harcèlement de rue en est une illustration.
C'est très triste, Il suffit de voir des photos de villes comme Kaboul ou Téhéran dans les années 60 et 70. Les femmes portaient des jupes courtes, des talons et avaient les cheveux libres.
Et comme l'industrie de la mode est un système opportuniste, il ne faudra pas compter sur les créateurs pour défendre le féminisme. Nudité ou extrême pudeur sont les deux revers d'une même médaille qui consiste à transformer la femme en objet sexuel.
Je vais sans doute me prendre une volée de bois vert par certaines, mais j'assume totalement ma position.