Ditte Reffstrup ou le miracle Ganni
Difficile ces derniers temps de ne pas envier la garde-robe de l'armée de Danoises photogéniques ayant fait de la griffe Ganni leur fournisseur officiel. Il faut dire qu'entre pull-overs aériens, robes portefeuilles imprimées, motifs bucoliques et coloris gourmands, Ditte Reffstrup - la DA de la marque - a su élaborer en quelques années une équation particulièrement bankable. Mais qui est donc cette jeune femme qui nous donne soudainement envie de mixer pull-over lilas et jupe midi léopard ?
Son enfance/adolescence
Ditte Reffstrup a grandi au Danemark dans un petit village de pêcheurs. C'était une enfant rêveuse qui préférait la solitude à la compagnie de ses camarades.
Adolescente, elle passe son temps dans les friperies et regarde sur MTV tout ce qui touche de près ou de loin à la mode.
De 5 à 18 ans, elle pratique assidûment le football, au point de vouloir devenir joueuse professionnelle.
Ses débuts chez Ganni
Alors acheteuse depuis quelques années dans le milieu de la mode, Ditte Reffstrup se voit proposer en 2007 par un ami galeriste de l'aider à développer sa griffe de vêtements "Ganni", qui en est alors au stade d'embryon. Elle accepte et donne de la cohérence à ce qui n'était à la base qu'une lubie de dilettante.
En 2009, Ditte Reffstrup devient directrice artistique de la griffe et son mari Nicolaj Reffstrup son directeur général.
Le style Ganni
La créatrice danoise cherche avant tout à concevoir des vêtements qu'elle a envie de porter. Elle évolue ainsi autour des notions de nonchalance, de confort, de télescopage et d'absence de règles. Le tout sur une tonalité ludique et suavement expérimentale.
Ses devises
"Trust your gut". Elle refuse que son équipe ouvre un cahier de tendances et ne jure que par ce qu'elle ressent. "If we want to do yellow two seasons, then we just do yellow two seasons". Rester fidèle à soi-même sans essayer de s'inscrire dans l'air du temps est à ses yeux une condition sine qua non du succès.
"Contrast is our chaos".
Son processus créatif
A peine le défilé de la saison achevé, Ditte Reffstrup s'envole avec son équipe pour une destination dépaysante qui sera le terreau de leur prochaine collection. Coupé du monde et des réseaux sociaux, le petit groupe discute alors à bâtons rompus, se nourrit de la richesse du décor et élabore de manière informelle la trame stylistique de la future garde-robe Ganni.
De manière générale, ce sont avant tout les contrastes qui font vibrer l'imagination de la jeune femme. Lors d'un voyage au Japon, elle fut ainsi fortement marquée par la dichotomie entre la culture traditionnelle (kimonos, cérémonie du thé, matières raffinées) et l'énergie azimutée de la jeunesse aux looks débridés.
Sa stratégie
Ditte Reffstrup aime miser sur la rareté. Elle crée ainsi régulièrement des pièces en très petite quantité, de manière à offrir à ses clientes un sentiment d'exclusivité et ce quel que soit le contenu de leur compte en banque.
Elle n'hésite par ailleurs pas à s'associer à d'autres créateurs afin de bénéficier de leur savoir-faire, comme récemment avec le jeanneur Magniberg.
En 2012, elle s'approprie le hashtag #gannigirls déniché dans la légende d'un cliché instagram de Kate Bosworth (qui y porte alors une création de la griffe) et en fait le point de ralliement d'une véritable armée virtuelle d'influenceuses (voir ici, ici et là).
Elle essaie de rester fidèle à ce qu'elle pense être bon pour la griffe. Hors de question ainsi de céder à la tentation de créer des pièces calibrées pour enflammer les réseaux sociaux. Elle avouera de toute façon : "A chaque fois que j'essaie de faire quelque chose de commercial, cela ne fonctionne pas".
Le femme Ganni
Lorsqu'elle évoque sa vision de la femme Ganni, cette fringante jeune maman raisonne davantage en terme d'état d'esprit que d'âge, de statut social ou de morphologie. Elle imagine ainsi une femme bien dans sa peau, considérant les vêtements comme des composantes à mélanger en fonction de son humeur du jour.
Les femmes de Copenhague font partie intégrante de l'ADN de la griffe. Leur désir de paraître stylée tout en étant capable de sillonner la ville à vélo représente en effet l'essence même de la philosophie Ganni.
À noter également
Elle trouve le sport terriblement ennuyeux, mais se déculpabilise en allant au bureau à vélo tous les jours.
Elle mange naturellement sain, mais refuse catégoriquement de faire la guerre aux calories. Peser deux kilos de moins ne vaut pas à ses yeux le plaisir de partager un bon plat de pâtes.
En dépit d'être maman, elle continue d'aller danser le samedi soir avec ses amies.
Elle a rencontré son mari sur le dance floor. Ce fut un véritable coup de foudre : 7 mois plus tard, ils se mariaient.
Site officiel : http://www.ganni.com/
Par Lise Huret, le 27 mars 2018
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