Défilés croisière 2018 : ce qu'il faut retenir
Si les Chanel, Louis Vuitton et autres Dior ont décidé cette saison de rester sur le territoire français pour dévoiler leur collection croisière, ceux-ci n'en sont pas moins parvenus à livrer des shows dépaysants. Il est vrai qu'entre paquebot de luxe pour voyage transatlantique relocalisé sous les arcanes du Grand Palais chez Chanel, amazones mexicaines évoluant au sein des écuries du domaine de Chantilly chez Dior et Labyrinthe Miró chez Louis Vuitton, ces griffes ont su trouver des écrins de choix à leur collection de mi-saison...
Chanel
Simples et parfaitement exécutées, deux des silhouettes ayant ouvert le show retiennent l'attention par leur efficacité chic (voir ici et là). On note au passage que la dimension "jeune estudiantine de bonne famille" de l'une et l'oversize parfaitement maîtrisé de la veste en laine bouclette de la seconde illustrent joliment ce que l'on apprécie chez Chanel.
Le tee-shirt croisière aperçu sur Sophie Martynova - et qui se verra certainement distribué généreusement à toute l'intelligentsia fashion - risque de réapparaître très vite sur les fils Instagram.
Travaillé sur une tonalité rouge délavé, le pantalon large à fines rayures apparaît comme un élément caméléon susceptible de s'adapter à n'importe quel dress code (voir ici).
Chanel ne serait pas Chanel sans quelques passages mettant à rude épreuve l'éthique des rédactrices de mode, qui n'ont souvent d'autre choix que de livrer des revues positives sur la collection de leur annonceur principal… (voir ici, ici et là)
Dior
Le détournement de la mythique toile de Jouy permet à Maria Grazia Chiuri d'insuffler à sa collection une densité nouvelle. En préférant les animaux de la jungle aux scènes champêtres et en boudant les traditionnels fonds blancs au profit de teintes plus organiques, cette néo-toile de Jouy prend ainsi des allures de subtil imprimé camouflage et confère un indéniable supplément d'âme à bon nombre des pièces de la collection (voir ici, ici et là). On note cependant que lorsqu'il se voit traité en mode plus classique, le thème "Jouy" perd indéniablement en force.
Richement brodées, les robes bustiers aux jupons de tulle - apparents ou non - parviennent, grâce à leur longueur cheville et leur ceinture corset reprenant certains codes de l'équitation, à marier féminité et modernité, apparat et fraîcheur (voir ici, ici et là).
Si l'on se doute qu'il ne fut pas très agréable de défiler sous la pluie, force est de constater que cet aléa météorologique confère une atmosphère assez unique aux clichés ayant immortalisé la collection (voir ici, ici et là).
Louis Vuitton
Pour les fans de Nicolas Ghesquière époque Balenciaga, un défilé Louis Vuitton est toujours un moment particulier. Chacun se demande en effet si les retrouvailles auront lieu et si oui, si elles seront en pointillés, joyeuses ou décevantes… Les réponses varient en fonction des saisons. Pour cette collection croisière 2018, le créateur s'inspire des lieux accueillant le défilé (la Fondation Maeght) et mise sur la portabilité expérimentale.
Afin de mettre en valeur ses cuissardes hybrides aux semelles de sneakers, Nicolas Ghesquière imagine des looks concentrant le volume sur la partie supérieure du corps, donnant ainsi naissance à des mini robes oversizes réchauffées - ou non - de blazers XXL sans manches (voir ici et là). Aussi photogénique qu'inattendu, le rendu final livre une vision intéressante de la féminité contemporaine.
Entre toilettes virginales cérébrales (voir ici et là), tenues médiévales futuristes (voir ici et là) et plumages décadents esprit "Miami sixties" (voir ici et là), le DA de Louis Vuitton mixe les influences à tout-va. Son fil conducteur : un désir constant de modernité.
Comme souvent au sein des dernières collections Louis Vuitton, la magie n'opère malheureusement pas à chaque passage... (voir ici, ici, ici et là)
Nul doute que les mini robes patchwork ou cut out feront le bonheur des égéries de la griffe...
Le mix grège/orange/chocolat/or/blanc fonctionne parfaitement (voir ici).
On note enfin que Louis Vuitton a sollicité les services d'un chaman brésilien (comme il le fait depuis plusieurs saisons) pour empêcher que la pluie ne tombe au moment du défilé. La pluie s'est ainsi arrêtée juste avant le show, avant de reprendre peu de temps après...
Gucci
Alessandro Michele tient sa revanche : après s'être vu refusé l'année dernière le Parthénon d'Athènes, il est parvenu cette saison à faire de la nécropole romaine des Alyscamps - un lieu classé au patrimoine mondial de l'UNESCO - la cimaise de son défilé croisière. Un défilé qui, entre allées bordées de flammes rasant le sol, sons de cloches, musique lugubre et obscurité (le show débuta à 22h) entraîna les 400 invités en plein coeur de l'univers fantasmagorique de la poule aux oeufs d'or de Kering.
La logorrhée stylistique d'Alessandro Michele donne une fois de plus naissance à une multitude de pièces hétéroclites composant les désormais fameux cadavres exquis de la griffe à la décadence mystique et à la bizarrerie assumée.
Les deux combos de couleurs marron/rose thé/vert amande/touche de rose stabilo et café au lait/beige/rose pâle/touche de bleu canard brillent par leur chaleureuse douceur british.
Le pantalon 70's à pattes d'eph' oversize a des allures de best-seller (voir ici).
La cage thoracique bijoutée repousse les limites du style goth'… (voir ici)
Les friandises gucciennes de saison rendent hommage au château Marmont, lieu de villégiature et de débauche du gratin hollywoodien (voir ici et là).
Au rayon accessoires, ce sont une fois de plus les lunettes de soleil qui retiennent le plus l'attention. Toutes plus fantasques les unes que les autres, celles-ci se révèlent être des concentrés du "Gucci spirit" actuel (voir ici, ici et là).
Par Lise Huret, le 01 juin 2018
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Sinon, à quand le designer qui demandera à ses modèles de sourire un peu, parce que franchement, bonjour l'ambiance.... Resort c'est pas censé signifier croisière, vacances, et tout ce qui va avec ? Ah, Inès de la Fressange et son sourire explosif chez Chanel me manquent (je sais, c'est vieux, mais c'était vraiment sympa).