De l'adoration à la détestation : vie et mort d'une tendance
De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas... D'ordinaire utilisé dans le cadre des relations humaines, cet adage illustre également à merveille l'évolution de nos sentiments lorsque l'un de nos vêtements (ou accessoires) adorés se voit kidnappé par les tendances. Description en 7 étapes de ce phénomène...
Étape 1 : Il apparaît discrètement dans le paysage
Une fringante Parisienne à la célébrité en devenir - et qui travaille avec subtilité sa ressemblance avec Jane Birkin - l'arbore nonchalamment. Intéressant et non dénué de fraîcheur, l'apparition de ce panier en osier déclenche une micro alerte dans notre lobe frontal gauche : et si celui-ci pouvait se muer en sac à main ? L'idée nous effleure l'esprit, puis s'envole...
Étape 2 : Il fait son entrée au sein des collections en vue
La jeune femme a entre-temps gagné ses galons de "baby icône" et c'est en partie à elle que l'on doit l'engouement des créateurs pour les contenants en paille. Et si le grand public reste encore hermétique au charme seventies de ces derniers, nos papilles esthétiques sont quant à elles emballées par leur saveur bohème citadine...
Étape 3 : Du désir à l'acquisition
Quelques mois plus tard, on réalise que l'on n'est pas la seule à avoir envie de mixer nos slingback à un panier de pique-nique : les éditos des magazines font en effet la part belle aux modèles en osier. Bien décidée à ne pas laisser le phénomène de tendance galvauder notre coup de coeur initial, on file dans le Luberon afin de s'offrir une pièce authentique. Une fois revenue dans la capitale, on l'adopte au long cours : du métro aux allées du Luxembourg en passant par le marché des Enfants-Rouges, il ne quitte plus notre bras.
Étape 4 : L'installation de la tendance
Les choses se gâtent lorsque ledit accessoire se met à gagner en visibilité. On le voit ainsi aussi bien sur les podiums que posé aux côtés des cafés crèmes du Flore. De semaine en semaine, notre panier adoré croise de plus en plus souvent ses congénères lors des lancements presse et autres petites fêtes intéressées dont le milieu a le secret. Ce qui n'était à l'origine qu'un trait stylistique inspiré de la jolie influenceuse parisienne se mue doucement - mais sûrement - en phénomène moutonnier. L'affection que nous portons à notre accessoire fétiche se met à décroître dangereusement...
Étape 5 : Les marques en vogue se mettent à le décliner en mode luxe
Entre les jeunes griffes faisant du panier leur produit d'appel et les marques de luxe l'inondant de valeur ajoutée, celui-ci est désormais au sommet de sa splendeur. Il n'y a cependant pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne : surexposé sur Instagram, où les influenceuses n'en finissent pas d'exploiter sa caution "champêtre", le panier achève de perdre en fraîcheur. L'osier tressé du nôtre commence d'ailleurs à nous donner la migraine et l'on finit par l'offrir à notre nièce qui rêve de devenir l'assistante d'Adenorah.
Étape 6 : L'overdose
L'objet de nos désirs passés s'est mué en répulsif. La fast fashion a achevé de le rendre banal et sa surreprésentation au sein de notre fil Instagram nous déclenche des crises d'urticaire. On en vient à se demander comment on a pu trouver du charme à ce sac seau au premier degré navrant, au jonc d'osier peu compatible avec nos robes en soie et à la "non-flexibilité" problématique lors des heures de pointe dans les transports en commun. On a d'ailleurs coupé les ponts avec notre nièce, tant la simple vue de notre ex-panier a tendance à nous rendre neurasthéniques...
Étape 7 : On oublie tout et on recommence
Tiens, les tongs de Sophie Fontanel… C'est affreux, mais pratique, et cela change des Birk'. L'image s'imprime alors dans notre inconscient et… vous connaissez la suite !
Par Lise Huret, le 02 juillet 2018
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Je dois dire que mon moment préférer est la 1ere étape, quand il faut trouver une solution accessible pour une «future nouvelle tendance». J'ai guetter ebay pendant des années pour trouver le 501 vintage parfait, maintenant je veux des santiags authentiques, mais ni trop pointues ou carrées, et à un prix raisonnable. Bien sûr que il y a des tendances que je n'essaye que à la derniére minute..
Les tongs, non merci. je ne les ai pas porté la première fois donc je les laisse à Sophie Fontannel ..
bisous!