Haute Couture printemps/été 2019 : le bilan (2e partie)
Alors que Paris revêtait pour l'occasion un soyeux manteau de neige, les maisons de couture déployaient quant à elles métrages insensés de tissus, concepts élaborés, raffinement intemporel et débauche de savoir-faire. Passage en revue des principaux défilés ayant émaillé la semaine de la haute couture parisienne...
Balmain
Première collection Couture pour Olivier Rousteing. Un exercice périlleux qui semble avoir légèrement désarçonné le nouveau chouchou de Juliette Binoche ; comme si le jeune homme s'était laissé déstabiliser par l'idée qu'il se fait d'une collection couture. C'est en tout cas l'explication qui nous vient à l'esprit face à cette partition non aboutie (voir ici, ici, ici et là), où les archives de la maison se virent confrontées à un traitement street/eighties/sexy.
Giambattista Valli
La collection de Giambattista Valli s'articule en deux volets. Le premier développe une vision rajeunie de la notion de couture. Richement brodées ou accompagnées d'éléments bouffants (voir ici et là), les robes - ou ensembles - courtes et étroites (voir ici, ici et là) dégagent ainsi une énergie inédite chez Valli, qui n'est pas sans rappeler celle des collections de Christophe Descarnin (voir ici et là). Empreinte de références à Saint Laurent et au folklore de différents pays, la dégaine étirée de ses modèles semble avoir été pensée pour fendre les soirées les plus huppées de la Capitale.
Plus spectaculaire, mais plus prévisible, le second volet dévoile quant à lui des rêves de tulle sculpté à l'ampleur théâtrale, qui ne devraient pas laisser indifférente la Cendrillon qui sommeille en nous (voir ici et là).
On note que l'asymétrie épaule dénudée/manche ballon permet de dépoussiérer considérablement le volume de cette dernière (voir ici).
Le smoking version Valli ne manque pas d'élégance sensuellement romantique. Le corsage drapé à la traîne vaporeuse risque d'ailleurs fort de séduire les nominées aux Oscars désirant jouer avec les codes du glamour.
Christian Dior
Et si la raison d'être des vêtements était moins de flatter l'ego de celles qui les portent que de faciliter leur liberté de mouvement et de magnifier leur expression corporelle ? Telle est la question qui flotte dans notre esprit alors que nous découvrons les acrobates de la troupe londonienne Mimbre ouvrant le show Dior dédié au arts du cirque. Multipliant les portés - une gestuelle hautement symbolique en terme de sororité - et les mouvements acrobatiques, ces dernières apparaissent infiniment plus vivantes et "réelles" dans leurs simples tenues pragmatiques bicolores que les mannequins aux toilettes élaborées défilant placidement entre elles (voir ici, ici et là).
A la fois simple et poétique, le tissage de bandelettes de tulle de certaines robes fusionne force et fragilité avec efficacité (voir ici et là).
Force est de constater que la délicatesse infinie des broderies de sequins - mêlant motifs naïfs et calligraphies déliées - chères à Maria Grazia Chiuri fait une fois de plus mouche (voir ici et là).
Iris van Herpen
Aussi fascinantes que soient d'ordinaire les créations d'Iris van Herpen, celles-ci n'en semblent pas moins généralement destinées à migrer directement vers un musée, sans passer par la case "tapis rouge". Une impression qui n'est cependant pas au rendez-vous cette saison : en décidant de troquer ses exosquelettes arachnéens contre des graphismes cinétiques aux teintes chaudes et des structures plissées à l'ergonomie médiévale, la créatrice partage une expression plus prêt-à-porter - mais néanmoins désirable - de son talent.
Par Lise Huret, le 25 janvier 2019
Suivez-nous sur , et
Dior , magnifique !