Debrief fashion #27
Réflexions qui me trottent dans la tête, images qui m'interpellent, actualités qui m'enthousiasment (ou pas) : petit aperçu de ce qui se promène actuellement dans les couloirs de mon cerveau…
L'art de Charlotte Le Bon
Si son jeu d'actrice m'a souvent convaincue et si ses facéties de Miss Météo décalée m'ont fréquemment faites sourire, ce sont néanmoins ses créations faussement naïves et son trait minutieux qui me séduisent le plus chez Charlotte Le Bon. Un trait fin, précis jusqu'à l'obsession, qu'elle a développé lors des interminables heures d'attente auxquelles l'a exposé son ancien métier de mannequin et qui sert depuis une oeuvre insolite où l'humour grinçant le dispute tantôt à la poésie, tantôt à la grivoiserie (voir ici). Que ce soit lorsqu'elle file l'image du cornichon (voir ici et là) ou quand elle multiplie les minuscules peaux de banane, on sent que l'artiste développe ses obsessions les plus farfelues avec un plaisir imperméable au jugement des autres. J'aime particulièrement son clin d'oeil à Marcel Duchamp lorsqu'elle encadre le crayon lui ayant servi à dessiner ses lunes, sa série de 32 dents en porcelaine minutieusement modelées et présentées tel un papillon dans une petite boîte de verre avec pour légende un souvenir de l'artiste (voir ici et là), les cratères lunaires dont la précision dénote d'une patience infinie, mais aussi sa série street-art "Catch the moon" dont l'audace Saint-Exupérienne ne peut qu'émouvoir (voir ici, ici et là). Pour finir, on retiendra cette phrase de la jeune femme : "Mal dessiner n'existe pas". Un mantra que l'on devrait accrocher dans toutes les classes : seule compte en effet l'envie de dessiner…
PS : En lisant une de ses interviews, j'ai découvert que la jeune femme qui livre en public un visage de gai trublion peut parfois être en privé extrêmement mélancolique, voire infiniment déprimée. Cette confession qui pourrait être la mienne m'a fait l'effet d'une révélation… Car loin de se laisser anéantir par les fluctuations de ses humeurs, la jeune femme parvient à surfer sur ces dernières et à en tirer le meilleur. Et elle de déclarer : "Avec le temps, j'ai appris que les moments de creux sont aussi importants que les moments de voltige". À méditer !
Maison instagrammable
Aménager une nouvelle maison, parvenir à en faire un espace "cocon" où l'on se sentira en sécurité, placer les meubles de manière à ce que la circulation puisse se faire de manière fluide et imaginer des espaces dédiés aux différentes activités de ceux qui y habiteront résulte souvent d'une réflexion longue et complexe où l'on tente de marier pragmatisme et goûts personnels en faisant le minimum de compromis. Imaginons dès lors que le désir de séduire un public, le besoin de coller à l'air du temps et la nécessité tacite d'éblouir son milieu pro/privé viennent s'ajouter à cette équation... l'exercice deviendrait alors particulièrement angoissant, car cela voudrait dire que l'on ne ferait plus ses choix uniquement en fonction de son futur bien-être, mais également en fonction de l'image que l'on souhaite renvoyer de soi. Or, si l'on ne peut pas être à l'abri du regard de l'autre chez soi, où peut-on l'être ? C'est en tout cas ce que je me suis dit en découvrant - via ses stories Instagram - Garance Doré organiser le shooting de chacune des pièces de sa nouvelle maison...
Nicolas Ghesquière, bientôt sa propre griffe ?
On en a rêvé… et LVMH pourrait bien l'avoir fait. Si l'on croit la rumeur, le groupe de luxe s'apprêterait en effet à financer la griffe éponyme du directeur artistique de Louis Vuitton. Enfin débarrassé des contraintes liées au respect des lignes directrices d'une maison qui n'est pas la sienne, Nicolas Ghesquière pourrait alors donner à voir l'ADN brut de sa grammaire stylistique. Wait and see...
À noter également
Il semblerait que l'air du temps dans lequel flottent envie d'authenticité, nationalisme et retour aux sources ait infusé la communication des griffes les plus en vogue du moment. Chez Jacquemus, la présentation de la dernière collection Homme se fit ainsi autour de produits frais de la ferme (voir ici, ici et là), tandis que la campagne AMI 2019 fait la part belle au coq (français ?) (voir ici et là).
Depuis que je me suis coupé court les cheveux, j'analyse avec un intérêt gourmand les looks d'Eva Geraldine Fontanelli : la manière dont elle parvient à rendre diablement féminins ses mini cheveux me laisse rêveuse...
Après avoir visionné le lookbook Isabel Marant Etoile Pre Fall 2019, difficile de m'ôter de la tête que je me sentirais bien plus forte/moi/jolie une fois vêtue de cette robe à l'imprimé violet et de ce blouson au cuir havane qu'au sein de mon actuelle doudoune spéciale froid polaire...
Par Lise Huret, le 01 février 2019
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Pardon, je n'ai retenu qu'une chose: Tu as coupé tes cheveux!!! Tu en parlais depuis tellement longtemps! J'espère que tu es contente du résultat, et d'avoir osé!